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À partir d’avant-hierFlux principal

Justice, St. Vincent, Fat White Family… Voici les 5 albums de la semaine !

26 avril 2024 à 08:41

Justice Hyperdrama (Ed Banger Records/Because)

Après les productions épiques d’Audio, Video, Disco (2011) et les arrangements imbibés de soul de Woman (2016), le duo renoue avec ces morceaux tout-terrain, insolents de jusqu’au-boutisme dans des structures pourtant largement exploitées, mais jamais ainsi, avec cette envie inédite de conquérir les sommets de l’entertainment, laissés vacants par la retraite de Daft Punk.

Par Maxime Delcourt

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St. Vincent All Born Screaming (Total Pleasure Records/Virgin Music France/Universal)

Il n’est pas donné à tout le monde de parvenir à surprendre encore sur un septième album, dix-sept ans après l’inaugural Marry Me. C’est pourtant son cas sur All Born Screaming. Le premier extrait, Broken Man, basé sur un riff industriel dévastateur, happe comme un cri du cœur. Le clip, réalisé par l’artiste conceptuel Alex Da Corte, montre St. Vincent en pleine combustion spontanée, dévorée par des flammes qu’elle tente d’éteindre.

Par Noémie Lecoq

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Pet Shop Boys Nonetheless (Parlophone/Warner)

Mélange d’hymnes emphatiques et de ballades sentimentales, Nonetheless pioche à droite, à gauche dans la discographie du duo comme pour mieux en retrouver sa substantifique moelle et l’updater. Loneliness, premier single pétaradant, pourrait figurer sur Nightlife (1999) ; le déchirant New London Boy ne déparerait pas leur chef-d’œuvre Behaviour (1990) ; Why Am I Dancing? a la puissance symbolique et martiale de Go West. Et Dancing Star rend hommage à West End Girls, leur tube légendaire qui fête son quarantième anniversaire, cité récemment par Drake et repris par les sales punks de Sleaford Mods.

Par Partick Thévenin

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Fat White Family Forgiveness Is Yours (Domino/Sony Music)

La répulsion et le désespoir, une affaire de classe ? Forgiveness Is Yours se situe pile dans cet angle mort de la morale où croupissent encore toutes ces questions existentielles que les bonnes consciences et l’air du temps, de tout temps, n’auront jamais évacuées, et que Lias s’échine encore à faire flotter dans nos esprits par le biais de la provocation et du malaise. À l’image de ce Today You Become Man qui relate dans un spoken word frénétique et angoissé le souvenir de sa circoncision tardive.

Par François Moreau

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Calypso Valois Apocalypso (Kwaidan Records/Kuroneko)

Résolument synthétique, Apocalypso s’accompagne de guitares en version live. Rien d’étonnant : se niche en lui, prête à rugir au moindre instant, une énergie punk revendiquée par des groupes écoutés par Calypso Valois, tel Idles. On retrouve néanmoins ses obsessions littéraires, Huysmans en tête, et cinématographiques, de Kubrick à Claire Denis.

Par Sophie Rosemont

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Taylor Swift, Canblaster, A Certain Ratio… Voici les 5 albums de la semaine !

19 avril 2024 à 14:11

A Certain Ratio It All Comes Down To This (Mute/PIAS) 

L’alchimie entre les trois multi-instrumentistes saute aux oreilles, et on ne pourra leur reprocher de manquer d’envie ou d’idées. Au contraire, les Mancuniens balaient comme d’habitude les genres – funk ombrageux, cold wave bouillante ou pop arty – avec une force de frappe enviable.

Par Vincent Brunner

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AnNie .Adaa Juste un peu de ciel (Marlaa/PIAS)

Avec Juste un peu de ciel, son deuxième album, AnNie .Adaa hisse encore plus haut son rap infusé de la spiritualité du rap UK et des rythmiques de la bass music d’outre-Manche, de l’approche bruitiste de l’abstract hip-hop ou de surgissements rock indé (il revendique l’influence de James Blake, Kanye West ou Radiohead).

Par Théo Dubreuil

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Canblaster Liberosis (Animal63/Believe)

Exploration des arcanes de la drum’n’bass, du UK garage et du breakbeat, cet opéra électronique déploie son univers fantasque et grandiloquent sous la forme de plages cinématographiques inquiétantes, de vocaux fantomatiques et de beats décalés. Liberosis dessine les contours d’un R&B futuriste et dystopique qui évoque autant le psychédélisme post-liquide des débuts de l’ambient house, façon Future Sound of London, que les ambiances jungle éthérées de LTJ Bukem.

Par Patrick Thévenin

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Dog Park Festina Lente (Géographie)

L’adage latin Festina Lente (“Hâte-toi lentement”), qui a donné son nom à ce premier album, illustre parfaitement ces voyages quasi immobiles vécus par l’auditeur à l’écoute de ces 10 titres. Un oxymore idéalement trouvé pour évoquer la dream pop du quatuor : sensible tout en étant parfois noisy et débraillée, lente mais avançant inexorablement droit vers le cœur.

Par Arnaud Ducome

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Taylor Swift The Tortured Poets Department (Taylor Swift/Universal)

N’alignant pas les tubes, rusé et produit au millimètre, The Tortured Poets Department est plutôt réussi, mais ne surprend guère. Hormis par sa longueur : aux 16 pistes originelles se sont ajoutées last minute une version Anthology de 15 autres titres, qu’on pourrait d’emblée croire dispensables. À tort. Le rythme s’y ralentit, les ballades sont moins dissimulées derrière une rutilante armure pop. Place à l’organique du piano sur How Did it End? ou de la guitare avec The Prophecy : “Don’t want money / Just someone who wants my company” (“Je ne veux pas d’argent / Juste quelqu’un qui cherche ma compagnie”). Entre toutes ces complaintes, et une baisse de régime prompte à l’ennui, se glisse le slacker rock de So High School, afin de remonter le moral des foules. Et celui de Taylor Swift, par la même occasion. C’est là que réside l’un des enjeux narratifs de The Tortured Poets Department : la manière dont elle se livre à ses fans dans ses morceaux a autant participé à la gloire de son autrice qu’à ses failles affectives. 

Par Sophie Rosemont

Lire la chronique de The Tortured Poets Department

Disquaire Day 2024 : les 25 coups de cœur de la rédaction

19 avril 2024 à 09:25

The Durutti Column Vini Reilly (35th Anniversary Edition) (1 vinyle numéroté)

Pour tout·e fanatique de la vraie-fausse formation mancunienne The Durutti Column, il faudra se montrer vif·ve pour s’emparer du précieux sésame de 2024 : une remasterisation anniversaire du sublime Vini Reilly (1989) – le vrai nom de son leader – pressée en seulement 2 200 exemplaires numérotés. Un travail qui rend honneur à la production de l’inénarrable Stephen Street (Blur, The Smiths, New Order, The Cranberries…) et à l’esprit aventureux de Vini Reilly, figure tutélaire de l’emblématique label Factory Records (Joy Division, New Order, Happy Mondays…). Un must-have.
(London Records/Because Music)

Alex Chilton Clichés (1 vinyle orange)

En sa qualité d’artiste préféré de vos artistes préféré·es, Alex Chilton, tête pensante de The Box Tops, mais surtout de Big Star, producteur pour les Cramps et instigateur de la vague power pop, semble tout indiqué pour figurer au catalogue de cette nouvelle édition du Disquaire Day. Au programme, une réédition de son quatrième album, le bien nommé Clichés (1993), qui sillonne parmi un répertoire rêvé composé de Ray Charles, Cole Porter, J.-S. Bach, Jule Styne ou Buddy Johnson, dans un dépouillement guitare-voix des plus élégant. Un hommage au talent sans bornes d’Alex Chilton tragiquement disparu en 2010.
(Bar/None Records/Modulor)

Orbital Orbital (The Green Album)(2 vinyles)

Depuis son iconique sample introductif de Star Trek: The Next Generation jusqu’à son étrange conclusion I Think It’s Disgusting, le mythique premier album du duo britannique formé par les frères Phil et Paul Hartnoll se voit enfin réédité et remasterisé dans toute sa longueur. L’occasion de se replonger dans les mélodies addictives de ce classique de la techno de 1991 répondant au sobriquet de The Green Album, qui rend hommage aux pionniers anglais du genre et démontre (déjà) tout le talent des frères Hartnoll pour le live.
(London Records/Because Music)

Les Garçons Bouchers Punk again à Moscou (1 vinyle 25 cm)

Le Disquaire Day remplit toujours son office lorsqu’il s’agit d’exhumer quelques raretés. En témoigne ce précieux Punk again à Moscou, collection de 6 titres live inédits d’un concert du légendaire groupe punk-ska-musette Les Garçons Bouchers dans la capitale russe en mars 1993. L’occasion de (re)découvrir la folie scénique de la formation emmenée par le multi-instrumentiste punk François Hadji-Lazaro (disparu l’an dernier) le temps d’une plongée salvatrice et électrique dans la scène alternative française des années 1990.
(Mère Grand/PIAS)

El Botcho Le Salto (1 vinyle)

Avec son aura de secret le mieux gardé de la French Riviera, la formation toulonnaise a choisi le Disquaire Day pour faire son grand retour discographique. Après un troisième album qui semblait sonner le glas en 2016 du groupe emmené par Alexandre Telliez-Moreni (le boss du label Toolong Records), voilà que le plus californien des groupes français revient aux affaires avec un quatrième disque qu’on nous promet plus électrique que jamais et en français dans le texte. Attention pour les charmé·es des deux premiers singles (Les Alizés, Sans radio) puisque le vinyle est pressé à seulement 100 exemplaires exclusifs pour le Disquaire Day.
(Toolong Records)

Sun Ra At the Showcase: Live in Chicago 1977 (2 vinyles)

Nouveau cru millésimé pour les amateur·rices du jazz cosmique du légendaire Sun Ra : une collection d’enregistrements absolument inédits capturés en direct sur la scène du Joe Segal’s Jazz Showcase à Chicago entre le 4 et le 10 novembre 1977. Un travail de recherche et de compilation inestimable mené par Michael D. Anderson, l’un des meilleurs archivistes de la carrière du pianiste et philosophe, qui a travaillé sur les bobines des bandes originales et propose en sus des photographies rares de live ainsi que des interviews. Un véritable trésor.
(Elemental Music/PIAS)

Public Image Limited This Is Pil/What the World Needs Now/End of the World (3 K7)

Si les reformations successives des Sex Pistols ont paru cyniques et uniquement motivées par l’argent, ce n’est pas le cas du comeback de Public Image Limited, l’autre groupe, bien plus intéressant, de John Lydon. Avec l’argent octroyé par une pub, celui-ci a financé le retour de PiL en studio pour la première fois en vingt ans et, en 2012, un This Is Pil revigorant. Pour le Disquaire Day 2024, cet album et les deux suivants (dont le très récent End of the World) sont réédités en cassettes, de quoi aussi apprécier les peintures de John Lydon réalisées pour habiller ce postpunk tout sauf nostalgique.
(PiL Official/Kuroneko)

Gil Scott-Heron & Brian Jackson Winter in America (1 vinyle noir et blanc)

Avec sa poésie contestataire rimée et sa scansion ultra-rythmée, Gil Scott-Heron a fait partie des pionniers afro-américains qui ont ouvert la voie au rap. Sa voix chaude faisait aussi de lui un superbe chanteur soul. On retrouve ces deux aspects sur ce chef-d’œuvre corrosif enregistré en 1973 avec Brian Jackson, claviériste aux notes spirituelles. Scott-Heron lance ici des pavés dans la mare en s’attaquant à l’alcoolisme avec le funky The Bottle (et son fameux solo de flûte) ou en raillant Nixon et la classe politique en plein Watergate avec le spoken word H²Ogate Blues.
(LMLR)

Praktika Balani Factory (1 vinyle)

Il y a des années, il a été aiguillé par une collaboration entre le musicien electro James Holden et des musiciens gnawas. Depuis, le Français Praktika n’en finit pas de faire voyager ses machines, à l’affût de rencontres et de dépaysement. Après avoir séjourné en Afrique de l’Ouest, il a ainsi appris à dialoguer avec des musicien·nes traditionnel·les. Ce deuxième album, il l’a nourri d’échanges et de jam sessions, frottant ses envies de techno avec des artistes pratiquant le balafon, comme le Malien Lansiné Kouyaté ou la griotte du Burkina Dafra Keita. Un enthousiasmant disque d’afro-tek et un harmonieux choc des cultures.
(Blanc Manioc/Baco Music)

Harmonia Musik von Harmonia (Anniversary Edition) (2 vinyles)

S’il a eu une existence très brève (1973-1976, avant une reformation dans les années 2000), ce trio allemand a été qualifié par Brian Eno, au moment de son apparition, de “groupe rock le plus important au monde”. Formé par Roedelius et Moebius de Cluster et Michael Rother, le guitariste de Neu!, véritable all-star du Krautrock, Harmonia a été en avance sur son temps. Ce que l’on pourra vérifier, malgré ses 50 ans d’âge, avec la réédition de son premier album, gratifié pour l’occasion de remixes de Stuart Braithwaite (Mogwai) ou Matthew Herbert.
(Grönland Records/PIAS)

Daft Punk Something about Us (Love Theme from Interstella 5555) (1 vinyle)

Autodétruit en 2021, Daft Punk a su bâtir une mythologie contemporaine en une poignée de disques intemporels. Le maxi Something about Us (Love Theme from Interstella 5555) reprend en face A la ballade-phare de l’album, Discovery (2001), amputée de son intro au clavier, ainsi que l’imparable Veridis Quo, avant de laisser place, en face B, à un edit du morceau Voyager estampillé “Wild Style” et signé Dominique Torti. Une bonne occasion de revoir Interstella 5555 (2003), le film qui accompagne le disque, du regretté réalisateur japonais Leiji Matsumoto.
(Parlophone/Warner)

Various Artists The Power of the Heart (A Tribute to Lou Reed) (1 vinyle argenté)

Plus de dix ans après la mort de l’iconique cofondateur du Velvet Underground, un splendide tribute rassemble un casting XXL. Soit, par ordre d’apparition, Keith Richards (I’m Waiting for the Man), Rufus Wainwright (Perfect Day), Rickie Lee Jones (Walk on the Wild Side), The Afghan Whigs (I Love You, Suzanne), Lucinda Williams (Legendary Hearts) ou encore Rosanne Cash (Magician). Édité par le label américain Light in the Attic Records, réputé pour son catalogue exemplaire et un travail graphique soigné, The Power of the Heart sera l’une des références les plus courtisées du Disquaire Day 2024.
(Light in the Attic Records/Bigwax)

You Man Spectrum of Love (1 vinyle)

Il n’aura pas fallu longtemps au duo originaire de Calais pour s’imposer dans le paysage electro mondial avec sa quête de higher, ses influences psyché et chamaniques. Sorti en 2016, son premier album Spectrum of Love est vite devenu une référence, une valeur sûre pour faire danser intelligemment avec des morceaux hypnotiques comme Who We Are, la house poppy de When We Fall ou le tube Birdcage. Épuisé – mais pas épuisant –, ce coup d’essai maîtrisé est réédité pour le plus grand plaisir de la nouvelle génération de DJ et de celles et ceux qui veulent danser en sortant de leur corps.
(Besides Records/Bigwax)

Morrissey & Siouxsie Interlude (1 vinyle doré)

En 1994, l’ex-leader iconique des Smiths et la chanteuse de Siouxsie and the Banshees s’associent le temps d’un 45t, Interlude, pour une réunion vocale au sommet. Soit une reprise de Hal Shaper et Georges Delerue tirée du film éponyme réalisé par Kevin Billington en 1968 et interprétée par un duo à l’unisson sous une pluie de cordes. Impossible de résister à ce single fastueux, proposé en deux versions, qui n’a pas pris une ride depuis trente ans.
(Parlophone/Warner)

Les Thugs K.E.X.P. Session (1 vinyle 25 cm)

Neuf ans après ce qui devait être son ultime concert, le quatuor angevin répond en 2008 à l’invitation du label américain Sub Pop qui, pour son 20e anniversaire, lui demande de se reformer le temps d’un festival commémoratif. Le fabuleux groupe de rock français donne alors quelques concerts et s’arrête dans les studios de KEXP, la radio de Seattle. Le résultat est concis et irrésistible avec, notamment, l’enchaînement de Papapapa et I Love You So, deux grandioses morceaux où l’on retrouve intacte cette alchimie de mélodies et de distorsion. Depuis, Les Thugs gardent le silence, ce qui rend encore plus précieuse cette dernière session.
(L’Autre Distribution)

Scott Walker Tilt (2 vinyles)

Quand il débarque en 1995 avec Tilt, Scott Walker a remisé au vestiaire le costume du crooner classieux depuis belle lurette. Déjà, Climate of Hunter (1984), sorti onze ans auparavant, avait préfiguré les ambiances lugubres et grandioses, baroques et bruitistes de ce dixième album qui semblait faire table rase de tout pour rejoindre le chaos du cosmos. On ne s’étonnera pas, à ce titre, de retrouver Scott Walker aux côtés du groupe drone metal Sunn O))) en 2014, le temps du fascinant Soused. Mais c’est une autre histoire.
(Virgin/Universal)

Wilco The Whole Love Expanded (3 vinyles)

Groupe culte s’il en est, Wilco ne s’est pas seulement contenté de redéfinir les contours du paysage Americana, il s’est aussi transfiguré au point de recalibrer les canons de l’écriture pop. À tel point que l’écriture de Jeff Tweedy, leader érudit de la bande de Chicago, est aujourd’hui étudiée à l’université. La preuve qu’un groupe n’est pas voué à répéter une même formule : cette version extended (avec faces B, performances live, demos) de The Whole Love. Un album, le huitième, qui désoriente autant qu’il fascine par son approche plurielle. Presque un exercice de style.
(Sony Music)

Prefab Sprout Lions in My Own Garden (Exit Someone) (1 vinyle)

Premier single jamais sorti par la bande de Paddy McAloon sur le petit label Candle Records avec Radio Love en face B en 1982, Lions in My Own Garden (Exit Someone) ressort deux ans plus tard chez Kitchenware Records, augmenté des singles The Devil Has All the Best Tunes et Walk On. Pour ses 40 ans, voilà que ce maxi rare et indispensable fait son retour dans les bacs à l’occasion du Disquaire Day. De son harmonica rappelant le melodica de New Order à son refrain imparable, on tient là, à portée de platine, l’un des bijoux pop les plus précieux des années 1980.
(Sony Music)

Sinéad O’Connor You Made Me the Thief of Your Heart (1 vinyle transparent)

Ce single de la regrettée Sinéad O’Connor, décédée en juillet 2023, porte en lui les stigmates des révoltes qui ont jalonné l’histoire de l’Irlande du Nord. Titre-phare de la bande originale du film Au nom du père (1993) de Jim Sheridan, avec l’immense Daniel Day-Lewis, You Made Me the Thief of  Your Heart est au diapason des engagements d’une chanteuse qui n’a jamais craint de se lever contre les injustices, dans une époque où les prises de parole pouvaient vous clouer au pilori.
(Panthéon/Universal)

Nas Illmatic: Remixes & Rarities (1 vinyle)

Tiens, Illmatic a 30 ans (déjà). Le premier album de Nasir Jones, natif de Brooklyn plus connu sous le nom de Nas, se refait une beauté dans cette nouvelle édition Remixes & Rarities, qui nous donne l’occasion de mettre en lumière l’influence d’un rappeur qui a longtemps imprégné l’imaginaire rap de New York à Paris. Au programme, des raretés et des remixes, donc, et une chance unique de compter l’une des bibles du hip-hop dans sa discothèque
(Sony Music)

Air Kelly Watch the Stars (1 maxi picture 45t)

Parallèlement à leur tournée mondiale pour le 25e anniversaire de Moon Safari, leur premier album en forme de classique immédiat de la French Touch, Jean-Benoît Dunckel et Nicolas Godin rééditent l’un des singles tubesques du disque, Kelly Watch the Stars. Sur ce maxi 45t réédité en picture disc, on retrouve notamment le méconnu American Girls Remix par Phoenix, jeune quatuor versaillais (comme Air) qui débutait alors sa carrière ascensionnelle.
(Parlophone/Warner)

Étienne Daho La Notte, la notte (1 picture disc)

Le deuxième album du parrain de la pop française a déjà soufflé ses 40 bougies en mars. Premier disque à succès de la carrière d’Étienne Daho, La Notte, la notte contient quelques tubes éternels, comme Le Grand Sommeil, Sortir ce soir et l’absolue rengaine Week-End à Rome. On y retrouve aussi des perles mélodiques moins populaires : Promesses (qui sera repris par Daniel Darc), Saint-Lunaire, Dimanche matin mais aussi Et si je m’en vais avant toi, sa cover de l’idole Françoise Hardy.
(Parlophone/Warner)

FFF Keep On (1 maxi 45t)

Près de quatre décennies après ses débuts, l’autoproclamée Fédération Française de Fonck a indéniablement retrouvé une seconde jeunesse. Quelques mois après la sortie de I Scream, leur premier album en vingt-trois ans, ces vétérans du métissage groovy préparent déjà la suite. Sur ce maxi, on trouve ainsi un inédit, l’ultra-dansant Keep On qui, avec son riff de claviers à la Cassius et un refrain porté par un Marco Prince royal, annonce un prochain long format énergique. En face B, on retrouve le premier single du retour, le beaucoup plus rock’n’roll Monkee datant de 2017, avec la guitare imparable de Yarol Poupaud.
(Verycords/Warner)

Everything but the Girl At Maida Vale (BBC) (1 vinyle)

C’était le retour inespéré de 2023. Après un hiatus de vingt-quatre ans, les inséparables Tracey Thorn et Ben Watt revenaient avec un superbe nouvel album, Fuse, témoignant de la science infuse du tandem pour la soul électronique moderne. À défaut de nous offrir une nouvelle tournée, Everything but the Girl a enregistré l’an passé une session à la BBC, proposant une relecture ouatée de quatre titres de l’album, notamment du single Nothing Left to Lose. La classe internationale.
(Virgin/Universal)

The Cure The Top (40th Anniversary Edition) (1 picture disc)

Coincé entre Pornography (1982), dernier volume d’une trilogie mythique, et The Head on the Door (1985), le disque du triomphe, ce cinquième album de la bande à Robert Smith n’est pas le plus illustre de la discographie curiste. Pourtant, sous sa pochette psyché pop, The Top renferme quelques-uns des classiques du groupe, dont les singles Shake Dog Shake en ouverture et The Caterpillar.
(One Record/Universal)


“Borgo”, “Knit’s Island”, “L’Homme aux mille visages”… Voici les sorties ciné de la semaine !

16 avril 2024 à 15:30

Borgo de Stéphane Demoustier

“Ici, ce sont les détenus qui surveillent les gardiens et non l’inverse”, avouera la directrice du centre à Mélissa (Hafsia Herzi), une jeune surveillante fraîchement arrivée de Paris. Hitchcockien par excellence, ce renversement du voyeur ou de la voyeuse devenu·e objet du regard, et donc potentiellement en danger, va lancer avec force toute la matière de thriller de Borgo.

La critique de Ludovic Béot

L’Homme aux mille visages de Sonia Kronlund

Ni flic, ni juge, ni psy, Sonia Kronlund ne cherche pas à dompter un secret. À sa fenêtre de conteuse, elle en augmente la saveur romanesque. Pour preuve, son entretien avec Machin où, curieuse et joueuse, elle plonge à son tour dans la fiction, abusant l’abuseur en s’inventant un personnage de reporter.

La critique de Gérard Lefort

Knit’s Island, l’île sans fin de Ekiem Barbier, Guilhem Causse et Quentin L’helgoualc’h

On découvre, fasciné·es, les confins de cet univers étrange, hanté autant par Stalker de Tarkovski que Gerry de Gus Van Sant. Au fil des témoignages, parfois passionnants, s’écrit une réflexion qui interroge notre besoin urgent de fuir la réalité ainsi que celui de recréer du lien social.

La critique de Rose Baldous

Riddle of Fire de Weston Razooli 

Riddle of Fire, une version des Goonies vaporeuse et magique, où l’on suit à la trace une bande de gamin·es prêt·es à tout pour craquer le code parental de leur nouvelle console. Pour l’obtenir, le trio doit réussir à réunir les ingrédients d’une tarte aux myrtilles, trésor prétexte d’une mission qui leur est confiée.

La critique d’Arnaud Hallet

LaRoy de Shane Atkinson

Dans LaRoy, tout part d’un quiproquo : prêt à se suicider, le canon d’un revolver posé sur la tempe, un homme est confondu avec un tueur à gages à qui on a commandité un meurtre. S’engage alors une avalanche de cocasseries dans la ville de LaRoy, patelin fictif de l’Ouest américain devenu un écrin où chaque événement prend des proportions démesurées. Tout est décuplé car tout le monde se connaît et se croise dans ce territoire fermé dont on explore chaque recoin et où circulent bastons, meurtres et folies.

La critique d’Arnaud Hallet

La Machine à écrire et autres sources de tracas de Nicolas Philibert

Philibert s’intéresse à la vie quotidienne, aux “tracas” que sont les objets, les machines, les instruments, les outils, quand ceux-ci tombent en panne et qu’ils bouleversent sans le vouloir la vie de tout un chacun, mais surtout celle souvent très réglée, ritualisée, organisée obsessionnellement, par les personnes souffrant de maladies psychiatriques, pour qu’elles puissent vivre le mieux possible.

La critique de Jean-Baptiste Morain

L’Île de Damien Manivel

​​De la trame minimaliste d’une scène pivot du coming of age, qui saisit les derniers feux de l’adolescence à l’orée de l’âge adulte, Damien Manivel tire une matière profuse où l’hésitation se noue à la grâce. Celles caractéristiques d’une jeunesse pas totalement dégrossie, et celles d’un projet à la forme composite, en apparence inachevé 

La critique d’Alexandre Buyukodabas

Le jour où j’ai rencontré ma mère de Zara Dwinger

Le film colle ainsi assez à l’image de ce qu’un adulte aussi irresponsable et irrévérencieux peut offrir à son enfant : de grands moments épiques, ludiques, comme des déceptions profondes.

La critique d’Arnaud Hallet

“Drive-Away Dolls”, “Sidonie au Japon”, “Il pleut dans la maison”… Voici les sorties ciné de la semaine !

2 avril 2024 à 15:02

Drive-Away Dolls d’Ethan Coen

Globalement, les femmes sont ici les plus fortes et surtout les plus solidaires, et les hommes, tous à peu près abrutis. Un film réjouissant, de divertissement, pas le moins du monde prétentieux ni même très beau.

La critique de Jean-Baptiste Morain

Sidonie au Japon d’Élise Girard

Douceur, humour, tendresse, noirceur du chagrin, spectres du passé : un voyage inattendu et original au pays du Soleil-Levant.

La critique de Jean-Baptiste Morain

Il pleut dans la maison de Paloma Sermon-Daï

Il pleut dans la maison fait à la fois état d’une humeur joyeuse, d’une chamaillerie complice qui éclate à l’écran à chaque fois que ses deux interprètes charismatiques se regardent, tout en distillant, avec un sens infini du détail et de la composition, une constellation de ruptures contrastées.

La critique de Marilou Duponchel

Yurt de Nehir Tuna

En 1996, année où il se déroule, Yurt dépeint un pays pris en pleine bataille idéologique entre laïques inspiré·es d’Atatürk, le fondateur de la Turquie moderne, et religieux. En se basant sur ses propres souvenirs, le cinéaste Nehir Tuna fait de son personnage le réceptacle de ces tensions politiques, adoptant une allure de relâchement malgré la violence de l’oppression. 

La critique de Marilou Duponchel

Quelques jours pas plus de Julie Navarro

Au-delà de l’examen du sujet migratoire qui restera minoritaire, l’enjeu principal du film qu’il conduira jusqu’à son ultime image sera la constitution ou non du couple Biolay/Cottin. Plus préoccupée par les conséquences personnelles que par les réalités systémiques auxquelles sont confronté·es les migrant·es, cette approche laisse de côté toute critique sérieuse de la politique répressive de l’État.

La critique de Ludovic Béot

Black Flies de Jean-Stéphane Sauvaire

L’idée est intéressante, l’exécution calamiteuse. Sauvaire n’évite aucun cliché, aucun effet de manche, aucune lourdeur pour soutenir son propos franchement limite sur l’impérieuse nécessité d’aider son prochain même quand la tâche semble vaine.

La critique de Jacky Goldberg

Godzilla X Kong : Le Nouvel Empire d’Adam Wingard

Sans souci de vraisemblance, et au gré d’une intrigue délirante gribouillée à 6 mains, Godzilla x Kong concentre sa force de frappe sur les affrontements over the top entre titans et kaijus s’envoyant des mandales cosmiques aux quatre coins (et à même à l’intérieur) du globe. 

La critique de Léo Moser

Le Squelette de Madame Morales de Rogelio A. González (reprise)

Cette farce macabre n’est en aucun cas un éloge du féminicide, mais sert surtout à dénoncer avec une alacrité et une allégresse perceptible l’hypocrisie de la société bourgeoise, et surtout de la religion chrétienne.

La critique de Jean-Baptiste Morain

Ride, Gesaffelstein, The High Llamas… Voici les 5 albums de la semaine !

29 mars 2024 à 09:50

Frustration State of Alert (Born Bad Records/L’Autre Distribution)

D’une intensité supérieure au précédent (So Cold Streams), l’album propage cette fièvre vindicative du début à la fin et s’achève avec un éblouissant psaume électrique (Secular Prayer), comme un ultime feu d’artifice cathartique. Ô combien éloquente, la voix de Fabrice Gilbert, aux secouantes modulations expressives, se dresse tout du long sur des compositions pareilles pour la plupart à des barricades sonores conjuguant guitare stridente, synthé convulsif et section rythmique intraitable. 

Par Jérôme Provençal 

Lire la chronique de State of Alert

Thomas de Pourquery Let the Monster Fall (Animal63/Believe)

À une époque trop souvent anxiogène, Thomas de Pourquery veut nous aider à chasser les idées noires et les démons, mais son positivisme n’est pas surjoué comme un livre de développement personnel. Sa démarche repose sur des compositions qui embrassent des mélodies et des paroles sincèrement romantiques – Soleil, en duo avec Clara Ysé, seul morceau en français, ou Rise Again, comme la rencontre entre Metronomy et TV on the Radio. S’il veut provoquer en nous des émotions fortes et nous transmettre de bonnes vibrations, il ne renonce pas à l’exigence musicale qui est la sienne.

Par Vincent Brunner

Lire la chronique de Let the Monster Fall

Gesaffelstein Gamma (Columbia/Sony Music)

Mélange de tourbillons indus et de déflagrations apocalyptiques, de beats phats et martiaux, de synthés coupants comme des riffs de guitare, les onze morceaux de Gamma, courts et ramassés, à la construction (couplet/refrain) ultra-pop, alternent le fouet et la caresse, les froissements de métal et les divagations bucoliques, l’amour et la violence. Comme si Gesaffelstein avait posé ses machines dans l’arrière-fond des cabarets mal famés de Memphis pour distiller un blues de soleil et d’acier où la voix de Yan Wagner joue au poor lonesome crooner en mode Depeche mood. 

Par Patrick Thévenin

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The High Llamas Hey Panda (Drag City/Modulor) 

Douze albums (dont deux en solo) et des collaborations tous azimuts (avec Stereolab notamment) plus tard, Sean a décidé de réactiver The High Llamas avec ce Hey Panda sidérant de modernité et riche en trouvailles instrumentales et formelles. Toujours fourré avec des plus jeunes que lui (parmi lesquel·les Catastrophe, Pearl & the Oysters ou encore Mount Kimbie) et cité comme référence éternelle par un certain Tyler, the Creator, Sean s’embarque ici dans une aventure aux confins du hip-hop, de la lounge music et du potentiel de l’Auto-Tune, le temps d’un disque superbement ouvragé sur lequel souffle un vent de liberté inouï et qui, depuis sa marge, saura infuser la pop globale.

Par François Moreau

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Ride Interplay (Wichita/PIAS) 

Sur les douze morceaux, ces pionniers du mouvement shoegaze n’ont pas choisi de se réinventer, mais simplement de rester fidèles à un son qui leur ressemble : des guitares bien en avant, un chant cotonneux, des synthés incisifs… Sur certains titres, en particulier le percutant Monaco, les rythmiques empruntées à l’electro leur apportent un punch qui contrebalance les élans mélancoliques, façon New Order ou Electronic.

Par Noémie Lecoq

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“Los Delincuentes”, “O Corno, une histoire de femmes”, “Le Jeu de la reine”… Voici les sorties ciné de la semaine !

26 mars 2024 à 15:01
“Los Delincuentes” © Arizona Distribution / “O Corno, une histoire de femmes” JHR Films / © Epicentre Films / “Le Jeu de la reine” © Brouhaha Entertainment

Los Delincuentes de Rodrigo Moreno

À ce qui était destiné à être le grand morceau de bravoure du film Moreno substitue une partie de campagne hédoniste, dont un sublime déjeuner renoirien aux bords d’une rivière. Étiré à l’extrême et d’une grâce irrésistible, c’est ce voyage qui contient toute la visée utopique de Los Delincuentes, son trésor libertaire.

La critique de Ludovic Béot

O Corno, une histoire de femmes de Jaione Camborda

Prenant pour cadre les dernières années du franquisme, O Corno est une exploration vibrante de ce que vivent les femmes dans une société autoritaire et liberticide.

La critique de Ludovic Béot

Le Jeu de la reine de Karim Aïnouz

Le film, à l’instar de sa captive, se subit plus qu’il ne se vit, et la gangrène qui ronge la jambe de l’ogre a valeur de lourd programme métaphorique pour un récit cloué dans le passé et finalement très peu impliqué dans l’ambition de modernité dont il se faisait pourtant la promesse.

La critique de Marilou Duponchel 

Apolonia, Apolonia de Lea Glob

Apolonia reste tout au long du documentaire une figure insaisissable pour les spectateur·rices comme pour la cinéaste, qui capture sa féminité volcanique avec d’autant plus de fascination qu’on la sent opposée à la sienne, notamment sur la question du couple ou de la maternité. Apolonia déjoue aussi les stéréotypes et les attentes, car elle n’est finalement ni attendrissante ni franchement sympathique, mais après tout, pourquoi devrait-elle l’être ?

La critique de Maud Tenda

Pas de vagues de Teddy Lussi-Modeste

Pas de vagues décrit avec minutie une mécanique qui s’emballe, une administration qui s’en lave les mains, les raisons – tout à fait compréhensibles – des un·es et des autres et qui vont peu à peu menacer la carrière et la vie de couple d’un enseignant qui a effectivement commis une erreur.

La critique de Jean-Baptiste Morain

Kung Fu Panda 4 de Mike Mitchell et Stephanie Stine

Le pot-pourri d’ancien·nes méchant·es et le caméléonisme effréné du principal antagoniste (reptile métamorphe adoptant l’apparence et le style de combat de ses proies) laissent croire que la licence a atteint un stade d’autocitation jukebox connu pour être souvent le chant du cygne de ce genre de franchises.

La critique de Théo Ribeton

La Promesse verte d’Edouard Bergeon

Malgré un canevas d’un ringardisme terminal (white saviors en forêt équatoriale, torpeur grasse et seconds rôles sans relief […]) La Promesse verte, étrangement, s’en tire sans totalement se saborder, grâce notamment à un tandem assez sobrement incarné.

La critique de Théo Ribeton

L’Affaire Abel Trem de Gábor Reisz

Par cette affaire, le film extirpe Abel de ses préoccupations juvéniles et le confronte à ses responsabilités, son avenir. Avec ce troisième long métrage, Gábor Reisz explicite les tensions politiques en Hongrie et offre à la jeunesse de son pays une nouvelle perspective, celle de trouver sa place ailleurs. 

La critique de Thibault Lucia

Alienoid – Les Protecteurs du futur de Choi Dong-hoon

Un verni grand-guignolesque sur un récit kitsch au visuel de fanfiction qui, hélas, ne suffit pas à faire d’Alienoid un nanar, la faute, paradoxalement, à un cruel manque d’autodérision de l’ensemble vis-à-vis de ses évidentes limites.

La critique de Jérémie Oro

Gossip, Alain Chamfort, Halo Maud… Voici les 5 albums de la semaine !

22 mars 2024 à 10:08

Alain Chamfort L’Impermanence (BMG)

Dans cette “vie qui tabasse”, Alain Chamfort a su prendre une place singulière, à la fois populaire et élitiste, qu’on ne voit guère être remplacée. Car avec L’Impermanence, il synthétise autant qu’il sublime ses désirs mainstream, son art ourlé de la chanson, ses calmes avant la tempête, ses victoires humbles et sa fragilité assumée, “le mal et les fleurs”. L’éphémère gravé dans le marbre, le piano chic, le bonjour à la tristesse. Les larmes aux yeux, mais avec le sourire, et la pop anglo-saxonne toujours en ligne de mire pour le plus élégant des chanteurs français postmodernes.

Par Sophie Rosemont

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Gossip Real Power (Columbia/Sony Music)

S’il signe le retour en force et en grande forme de GossipReal Power est avant tout l’histoire d’un groupe pas comme les autres, d’une famille dysfonctionnelle, d’une bande de potes indécrottablement punk, qui apprend à nouveau à s’aimer et à danser ensemble, tout en lavant son linge sale dans l’intimité d’un studio d’enregistrement.

Par Patrick Thévenin

Halo Maud Celebrate (Heavenly/PIAS)

Ébauché et enregistré entre Paris, avec son fidèle ingénieur du son Angy Laperdrix, et Los Angeles, avec Greg Saunier, de Deerhoof, qu’elle admire, Halo Maud poursuit allègrement dans le mélange des ambiances contraires, tantôt contemplatives (Pesnopoïka, le premier extrait paru à l’automne), tantôt abrasives (Terres infiniestitre inspiré par le film Stalker d’Andreï Tarkovski). Avec une grâce étourdissante, un aplomb impressionnant et un bilinguisme assumé, la chanteuse et multi-instrumentiste parvient toujours à séduire (Catch the Wave), tout en laissant planer un mystère perçant et un souffle singulier.

Par Franck Vergeade

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Julia Holter Something in the Room She Moves (Domino/Sony Music)

Qu’elles soient minimalistes (le piano-voix These Morning, l’impressionnant Meyou et son chœur polyphonique a cappella, Ocean et ses plages de synthés) ou construites autour d’une instrumentation feutrée faite de claviers, vents, lignes de basse et percussions liquides (le morceau-titre sous influence Kate Bush, le superbe Talking to the Whisper et son finale free à la Sun Ra), les dix chansons de Something in the Room She Moves donnent à entendre une matière organique en perpétuelle floraison. Tel un “bodysnatcher” apparu un jour de pluie qui se développe pour métamorphoser les corps. De quoi en sortir transformé·e.

Par Valentin Geny

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The Jesus and Mary Chain Glasgow Eyes (Fuzz Club/Wagram)

Si la rythmique hyper visuelle de Second of June offre une preuve sonore de la vitalité intacte du Mary Chain, Chemical Animal est lancinant, toxique donc, et assume ses angoisses, à l’image des douze pistes de Glasgow Eyes. Enregistré dans le studio de Mogwai, le beau Castle of Doom, en plein cœur de la capitale écossaise, le disque n’a pas connu de bagarres sous substances ni de disputes irréconciliables, en tout cas rien qui ne vaille la peine d’être mentionné par Jim Reid, lui qui n’a jamais caché sa relation tumultueuse, “rocky” en VO, avec William.

Par Sophie Rosemont

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“Une famille”, “Averroès et Rosa Parks”,  “Bis Repetita”… Voici les sorties de la semaine !

19 mars 2024 à 16:43

Une famille de Christine Angot

C’est le cinéma en tant qu’art collectif, qu’appui, qu’antidote à l’isolement auquel on renvoie les victimes d’inceste qu’invoque Christine Angot. Son film propose un puissant et généreux partage du sensible. Mais il vaut aussi comme une preuve, l’enregistrement des visages et des murs qui ont été témoins des viols.

La critique de Bruno Deruisseau

Averroès et Rosa Parks de Nicolas Philibert

Il n’y a ni pitié ni surplomb dans le regard que le documentariste porte sur ces gens. Mais de l’attention, de la curiosité, de l’interrogation. Nous avons le sentiment de participer tous·tes de la même humanité, que nous pourrions nous reconnaître dans certains de leurs maux, parce que c’est nous, c’est “du” nous tout cela, mais exacerbé. Dans le regard des résident·es d’Averroès et Rosa Parks, il y a une familiarité inquiétante. 

La critique de Jean-Baptiste Morain

Bis Repetita d’Émilie Noblet

Bis Repetita avait tout pour faire craindre la comédie boomeuse, en manque de repère, consolée par sa matière, le latin, valant comme doudou réac à celles et ceux redoutant un effacement du passé. Si le film ne s’éloigne jamais d’un motif de réconciliation […], il l’opère en contournant tous les écueils du genre et dérègle la petite musique rance et pédagogique attendue pour lui préférer une modernité rare dans le paysage concerné à la fois rafraîchissante et désinvolte.

La critique de Marilou Duponchel

Laissez-moi de Maxime Rappaz

Si Laissez-moi nous enchante, c’est qu’il invente, au-delà de ce suspense, un conte gorgé de mystères irrésolus. La passion de Baptiste pour Lady Di dont il collectionne les photographies, imite les gestes, le sourire, et prend le deuil, l’action se situant à l’été 1997.

La critique de Gérard Lefort

Hors-saison de Stéphane Brizé

Le sujet du film est moins les retrouvailles d’une femme et d’un homme qui se sont aimés, que la conclusion lente d’une liaison qui ne s’était pas faite dans les règles de l’art. Brizé est un peu comme ces “passeurs de morts” qui aident ceux et celles qui sont décédé·es dans des conditions difficiles, un peu ratées, à rejoindre l’au-delà dans la sérénité et à s’y installer à jamais. C’est assez beau.

La critique de Jean-Baptiste Morain

Immaculée de Michael Mohan

Immaculée déploie toute la panoplie du safari tour horrifique dans la vieille Europe catholique, pour un résultat forcément convenu, mais pas déplaisant pour autant. […] Sydney Sweeney prouve toute l’étendue de son talent, incarnant à merveille la “final girl” d’un film d’horreur qui glisse doucement, mais sûrement vers le slasher, voire le survival dosé en hémoglobine.

La critique de Léo Moser

Vampire humaniste cherche suicidaire consentant d’Ariane Louis-Seize

Avec des scènes majoritairement nocturnes, le long métrage, très sombre, se fait finalement l’écho de ses propres limites : si l’on distingue clairement son potentiel à être une honnête réinterprétation actualisée de la figure du vampire, projetée dans une société particulièrement morose et sans issue, il manque un peu de sel pour que la sauce ne prenne totalement.

La critique de Nicolas Moreno

Smoke Sauna Sisterhood d’Anna Hints

Nous sommes loin du bruit du monde, à une époque éternelle, et des femmes, filmées avec une infinie délicatesse, comme des sculptures roses un peu abstraites, se mettent à nu. Le jeu de mots est-il en estonien ? On parierait que oui. C’est très beau.

La critique de Jean-Baptiste Morain

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