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Comment Taylor Swift emprisonne les Swifties dans sa toile

Par : Elsa Pereira
7 mai 2024 à 15:49

“Je ne comprends pas qui écoute ça en France”, nous lance-t-on alors que démarre notre quête de témoignages auprès des fans français·es. Pourtant, il semblerait que l’artiste originaire de Pennsylvanie n’a plus rien à prouver. Après des débuts dans la country, Taylor Swift s’est doucement imposée comme une pop star de référence, raflant pour la 4e fois le trophée du meilleur album à la dernière cérémonie des Grammy Awards – mieux que Stevie Wonder et Frank Sinatra.

Ses chiffres de ventes donnent le tournis : plus de 170 millions de disques à travers le monde et 51 millions rien qu’aux États-Unis, où Taylor Swift détient le record du XXIe siècle. Ses tournées remplissent les plus vastes enceintes et sa dernière, la Reputation Stadium Tour en 2018, a carrément battu des records de recettes historiques. Mais au-delà des chiffres, Taylor fascine par son impressionnante fanbase, les Swifties. Sur Instagram, ses 284 millions d’abonné·es suivent avec ferveur chaque détail de sa vie. Aujourd’hui, à seulement 34 ans, Taylor Swift est sur le toit du monde. Dix-sept ans après ses débuts, elle règne en maîtresse incontestée de l’industrie musicale. Décryptage.

Au Royaume de Taylor

Si elle est difficile à quantifier, la communauté française des Swifties est bien présente comme le montrent les 22 000 abonné·es du compte @TSwiftNewsFR sur Twitter. Cependant, elle apparaît plus éclatée en France qu’outre-Atlantique. Contrairement aux Swifties américain·es qui forment une masse soudée exprimant bruyamment son amour pour Taylor, le fandom tricolore semble privilégier une passion plus individuelle. Beaucoup préfèrent suivre l’actualité de leur idole de manière autonome, les fans français·es exposent leurs sentiments de façon plus discrète sur les réseaux, égrenant likes et commentaires sur TikTok, Instagram, Twitter ou encore Reddit. 

Amber, journaliste en herbe de 25 ans et sûrement la plus investie des Swifties interrogées, décrit une dynamique sociale complexe au sein de la communauté française des Swifties. Elle relate des interactions quotidiennes entre fans à travers des discussions de groupes sur Instagram et un désir commun de partager leur passion pour Taylor Swift. Mais elle souligne une différence de comportement entre les fans français·es et américain·es, notamment lors de la mise en vente des billets pour le Eras Tour, illustrant des subtilités culturelles qui animent la communauté des Swifties à travers le monde. Elle déplore un manque de solidarité en France, contrairement à l’élan de camaraderie observé outre-Atlantique. Certaines personnes se sont notamment montrées agressives lorsqu’elles n’arrivaient pas à obtenir le fameux sésame pour assister au concert de leur idole, rejetant la faute sur le dos des fans plus récentes n’ayant découvert Taylor “que” depuis Midnights, son dixième album studio sorti en 2022. Ces désagréments n’empêchent aucunement Amber de se réjouir à l’idée d’assister à pas moins de six dates du Eras Tour. “Avec ma meilleure amie, on a lancé le compte @inesandamber sur TikTok pour suivre la tournée en Europe”, partage-t-elle avec enthousiasme. Sur ce compte dédié, les deux meilleures amies s’apprêtent à documenter les concerts de leur idole et pourquoi pas, créer un nouveau lieu de rendez-vous virtuel pour les Swifties français·es.

Nostalgie adolescente

Quand Taylor Swift apparaît pour la première fois sur la scène musicale internationale, elle captive par sa candeur et sa fraîcheur. Dotée d’un visage angélique entouré de boucles blondes, accompagnée de sa guitare acoustique, elle semble être le symbole même de l’innocence (et du puritanisme) à l’américaine. Pour Lena, alors âgée de 12 ans, l’attrait pour cette nouvelle icône est instantané. Elle se souvient distinctement de la première fois où elle entend les accords de Crazier dans le film Hannah Montana en 2009. Enveloppée par une mélodie envoûtante et des paroles évocatrices, elle est transportée dans un monde où les rêves semblent à portée de main. Pendant des heures, Lena se plonge dans les paroles de Taylor Swift, décryptant chaque mot avec une passion dévorante.

Cependant, ce conte de fées musical est tempéré par la réalité crue d’un concert, le tout premier de Taylor Swift prévu en France au Zénith de Paris en mars 2011. Lorsque Lena a l’opportunité de voir son idole en chair et en os, elle se confronte à une vérité déconcertante : derrière le voile scintillant des projecteurs se cache une jeune femme consciente de son pouvoir médiatique, une artiste qui maîtrise son image publique avec une précision chirurgicale. C’est le début d’une compréhension plus profonde de la complexité de l’industrie musicale, mais aussi le début d’une loyauté indéfectible envers une artiste qui incarne à la fois les rêves et les réalités de toute une génération. Pour Lena, aujourd’hui âgée de 27 ans et journaliste, cette révélation est à la fois troublante et révélatrice, bien que n’ayant pas entamé sa passion pour Taylor Swift ni son attrait pour la pop culture.


Taylor Swift (© Suzanne Cordeiro / AFP)
Taylor Swift (© Suzanne Cordeiro / AFP)

La passion a ses raisons

Dans la relation singulière entre l’artiste et ses adeptes, l’engagement continu de Taylor Swift envers sa fanbase joue un rôle central. Au-delà de la simple admiration pour sa musique, c’est l’interaction constante entre Swift et ses Swifties qui renforce ce lien unique. Des gestes aussi simples que répondre aux messages sur les réseaux sociaux ou organiser des rencontres surprises avec ses fans montrent l’importance qu’elle accorde à cette communauté qui la soutient sans faille. Cet engagement mutuel soulève aussi des questions plus larges sur le pouvoir des personnalités dans la société actuelle, ainsi que sur la manière dont les réseaux sociaux ont complètement transformé la dynamique entre les artistes et leur public. Dans l’univers numérique des Swifties, chaque recoin de la toile est un terrain de chasse fertile pour traquer les moindres indices laissés par leur déesse musicale. Ève, scénariste de 27 ans et Swiftie assumée depuis le collège, apprécie particulièrement ce voyage labyrinthique à travers la créativité de Taylor Swift. “Quand tu tombes dedans, tu vas écouter certains sons et puis tu vas voir passer des choses sur TikTok où des personnes analysent ses chansons par rapport à sa vie privée et tu as l’impression de rentrer dans un roman”, témoigne-t-elle. Les easter eggs, ces clins d’œil dissimulés par l’artiste dans ses chansons, ses vidéos et même ses apparitions publiques, sont l’objet d’une véritable chasse au trésor pour les Swifties du monde entier.

En partageant des détails de sa vie privée, Taylor entretient une relation parasociale avec ses fans, leur donnant l’impression qu’elles et ils font partie de son intimité au quotidien. Cependant, pour certain·es fans ultra-dévoué·es comme Amber, c’est au contraire Taylor Swift qui fait partie intégrante de leur vie. Elle nous confie considérer Taylor Swift non pas comme une amie mais comme une “Mother”, comprenez une icône en langage Gen Z. Si ce terme s’est répandu sur internet pour qualifier Beyoncé ou encore Lana Del Rey, son usage est loin de son sens originel. Dans la scène ballroom des années 1980, être désignée comme Mother signifiait endosser un rôle réel de soutien communautaire. Au-delà du symbolique, ces figures devaient protéger et défendre les jeunes rejeté·es. Or la culture fan numérique déshistorise ces notions issues des luttes LGBTQIA+. Sur les réseaux, pour Amber comme pour beaucoup de fans, qualifier une célébrité de Mother est devenu un signe d’admiration comme un autre, dénué de la portée militante.

Amber le concède, “une grande partie de ma vie tourne autour de Taylor”. Elle passe des heures à suivre les concerts en ligne, à chercher les vidéos éditées par les fans et à discuter avec ses nombreuses amies Swifties. Même sa décoration d’intérieur s’inspire de l’univers de Taylor Swift. Cet attachement profond à une figure publique s’inscrit dans un processus complexe de construction identitaire chez les adolescent·es et jeunes adultes, incluant la dimension parasociale de cette relation asymétrique avec une célébrité. Comme l’a analysé David Hesmondhalgh, sociologue des industries culturelles et professeur à l’Université de Leeds, la musique joue un rôle crucial dans l’élaboration d’un “sentiment de soi”. Dans son article Musique, émotion et individualisation publié en 2007 dans la revue Réseaux, il explore la façon dont la musique participe à la construction identitaire des individus. En choisissant leurs artistes favori·es, les fans s’approprient, selon lui, certains traits esthétiques ou idéologiques qu’ils ou elles intériorisent. Dans le cas des Swifties les plus dévoué·es, Taylor Swift devient presque une prolongation d’eux-mêmes.

Derrière le rideau

Dans les coulisses de l’industrie musicale, la Swiftmania révèle également un versant mercantile. Derrière le glamour et les projecteurs, c’est un ballet incessant de négociations financières et de stratégies marketing qui s’opère, façonnant l’image publique de l’artiste tout en alimentant la frénésie des Swifties. L’affaire du rachat des masters en est l’illustration la plus controversée. Lorsque Scooter Braun, magnat de l’industrie musicale, rachète le label Big Machine Records en 2019, il met la main sur les précieux enregistrements originaux des six premiers albums de Taylor Swift déclenchant ainsi une bataille juridique et médiatique sans précédent. Depuis, Swift réenregistre ses anciens albums afin d’en reprendre les droits, donnant ainsi naissance aux Taylor’s Versions. Pourtant, malgré les tourments, la machine Taylor Swift continue de tourner, alimentée par une stratégie marketing sans faille. Les “eras”, ces périodes distinctes qui jalonnent la carrière de l’artiste, deviennent des moments de culte pour les Swifties, qui se précipitent à chaque nouveau chapitre de cette saga s’appropriant et prolongeant à leur manière les thématiques et esthétiques déployées lors de chaque ère.

Dans la Swiftmania, une réalité est souvent occultée, celle de l’engrenage financier de la culture fan. Ève, qui regarde son idole avec autant d’admiration que de recul, la surnomme ironiquement “la présidente du capitalisme”. Pour Lena, qui préfère la formule “petit génie du capitalisme”, cela se traduit concrètement par des produits dérivés aux prix exorbitants : tee-shirts entre 35$ et 55$, casquettes à 35$, hoodies à 75$. Et ce n’est pas tout : chaque nouvel album est accompagné de goodies variés – mugs, porte-clés, vide-poches, carnets, plaids… Lena, pourtant grande fan, se souvient avec une pointe de regret d’avoir renoncé à une boule à neige proposée lors de la sortie de l’album Evermore (2020), en raison de son prix prohibitif. Mais ce n’est pas seulement les produits dérivés qui font mal au portefeuille des fans ; les places de concert atteignent des sommets, allant de 97 € pour une place en fosse à 247 € pour un siège en catégorie Prestige à l’Accor Arena. Pourtant, malgré les critiques et les débats sur les excès du capitalisme culturel, la machine Taylor Swift continue de tourner à plein régime. Si certains peuvent invoquer la dialectique d’Adorno et Horkheimer sur l’industrie culturelle pour pointer du doigt ces abus, d’autres demeurent captivé·es par l’univers de Taylor Swift, prêt·es à suivre cette épopée musicale jusqu’au bout du monde, peu importe son coût financier.


Taylor Swift, le 11 octobre 2023 © VALERIE MACON / AFP
Taylor Swift, le 11 octobre 2023 © VALERIE MACON / AFP

Apprenties Swifties

De manière surprenante, de nouvelles recrues – loin de l’adolescence – affluent vers le royaume des Swifties, intriguées par un univers qu’elles n’auraient jamais imaginé rejoindre autrefois. Adélaïde 28 ans, se rappelle des jours où évoquer Taylor Swift suscitait davantage de sourires en coin que d’enthousiasme. Mais au fil des années, elle observe une transformation notable chez Taylor Swift, passant de ses modestes mélodies folk à des productions pop sophistiquées, en grande partie grâce à la magie de Jack Antonoff. “Il travaille avec beaucoup d’artistes que je trouve assez révolutionnaires dans la manière dont on écoute la pop aujourd’hui et comment elle est faite”, explique-t-elle, soulignant le rôle crucial du producteur dans l’évolution du son de Swift. Analysée récemment dans un article de The Atlantic, l’étroite collaboration entre Antonoff et Swift sur l’album Midnights peut être perçue comme une fusion de nostalgie et de modernité. L’article met en lumière comment Antonoff réinterprète habilement des rythmes et des sonorités du passé, en les combinant avec des techniques de production modernes. Les références explicites à Bruce Springsteen, la jangle pop de R.E.M. et les synthés caractéristiques des eighties sont soigneusement tissés dans les compos de l’album. Ces influences rétro se marient harmonieusement avec les thèmes abordés par Swift, créant ainsi une expérience musicale à la fois familière et innovante.

Zénaïde, 38 ans et communicante dans l’art contemporain, reflète parfaitement ce changement de perspective. Initialement attirée par la french pop de Fishbach ou Bonnie Banane, elle découvre un peu par hasard l’album Midnights (2022) de Swift sur Spotify. Elle est immédiatement captivée par sa fraîcheur, loin des stéréotypes associés à la pop star habituellement, et admet s’être dit, “je vais peut-être arrêter de la snober et écouter un peu plus”. Comme quoi les étiquettes culturelles peuvent souvent restreindre nos horizons.

Symbole de résilience ?

Bien qu’incarnant une figure privilégiée en tant que femme blanche richissime, Taylor Swift parvient à transcender les barrières pour séduire des fans de tous horizons. Au-delà des apparences, plusieurs facteurs expliquent cette identification massive. D’abord son image de girl next door, à qui chacun peut s’identifier. Mais aussi par sa capacité à mettre des mots sur les désillusions d’une génération, de plus en plus anxieuse face à un avenir incertain. Symbole de résilience aussi face à une société qui tente de la déstabiliser, que ce soit sur le plan politique ou personnel. Dans ce climat de défaitisme ambiant, où l’American Dream ne fait plus rêver grand monde après tant de promesses non tenues, Taylor Swift apparaît alors comme un espoir pour les millennials.

Parallèlement, une prise de conscience croissante émerge au sein des communautés de fans concernant l’importance de l’inclusivité et de la représentation. En 2020, le magazine Rolling Stone mène une enquête éclairante sur les défis auxquels sont confronté·es les fans racisé·es pour se sentir pleinement intégré·es dans les fanbases pop dites traditionnelles. Si dans l’imaginaire collectif, la musique de Taylor Swift ne semble pas spécialement s’adresser à un public racisé, Lena, qui est d’origine indienne, observe que l’artiste essaie de briser cette image notamment dans le clip Lavender Haze (2023) où on la voit s’amouracher de l’acteur dominicain Laith Ashley, une première dans son univers visuel. Lena partage avoir passé son adolescence sans avoir réellement conscience de ne pas être une personne blanche. Ainsi, elle écoute de la musique sans tenir compte de la couleur de peau des artistes. “En comparaison, je pense que c’est mieux d’assumer d’être une femme blanche plutôt que de faire du blackfishing à la Ariana Grande afin de brouiller les pistes”, poursuit-elle. Ève, qui est d’origine marocaine, insiste sur le fait que Taylor Swift parle de ses expériences personnelles et ne prétend pas faire autre chose. ‘C’est une femme blanche privilégiée et richissime qui écrit des textes sur ce qu’elle connaît et ça s’arrête là”, déclare-t-elle. “Ça va parler à certaines personnes donc forcément c’est excluant pour d’autres mais elle n’est pas l’étendard de toute l’humanité”, conclut Ève.

Un engagement politique mi-figue mi-raisin

La swiftie-sphère transcende les frontières du genre, de l’âge et des origines sociales. Elles et ils ne sont pas simplement des spectateur·ices, mais des acteur·ices engagé·es dans la création d’un safe space où les paroles de Swift résonnent profondément. Cette communauté vibrante est le produit de notre société, illustrant parfaitement les ressorts de la celebrity culture 2.0. Livré·es avec le guide d’utilisation des réseaux sociaux, les Swifties ont une interaction directe et personnelle avec leur idole – du moins c’est l’image soigneusement entretenue par Taylor. En partageant des pans de sa vie personnelle et en interagissant avec ses fans en ligne, elle renforce ainsi leur lien affectif. Le cas de Swift et de ses fans revêt une pertinence toute particulière dans le paysage médiatique contemporain, car il illustre la capacité des célébrités à mobiliser leurs admirateur·ices autour de causes sociales et politiques. En utilisant sa voix pour promouvoir des enjeux tels que les droits LGBTQIA+, l’importance du vote ou l’égalité des sexes, Swift a su galvaniser sa fanbase pour soutenir des causes qui leur tiennent à cœur, offrant ainsi un exemple éloquent de l’influence croissante des célébrités dans les débats sociétaux.

Cependant, derrière cette image de porte-drapeau de combats sociétaux, certaines voix discordantes se font entendre au sein de la communauté des Swifties. Ève partage son point de vue : “on lui associe des idéologies mais elle n’est pas du tout militante, avant de prendre la parole sur un sujet féministe, c’est probablement relu et vérifié par toute une équipe de communication, ce qu’elle dit a tellement d’impact qu’elle ne peut pas dire grand-chose finalement”. Ces propos sont confirmés par Amber, qui semble bien renseignée, “au début de sa carrière, jusqu’à Reputation, son équipe lui disait de ne pas s’exprimer sur des sujets politiques”. Ève rappelle également: : il y a un aspect financier là-dedans, à partir du moment où tu es une machine à fric tu essaies de ne rien dire ou faire qui puisse compromettre ça”. En effet, même les Swifties les plus investi·es reconnaissent les failles de l’engagement de leur idole: “l’utilisation excessive de son jet privé, le manque de prise de position autour des questions écologiques ; ce sont des choses qui me déçoivent un peu”, confie Amber. En dix-sept ans de carrière, “sa seule démarche politique a été d’appeler au vote”, rappelle Ève. Pour Adélaïde, Taylor Swift est difficile à cerner, même si elle salue le réenregistrement de ses albums, percevant cela comme une tentative de reprendre le contrôle sur son art et sur son histoire. Cependant, elle remarque que les réactions de Swift face aux deepfakes pornographiques à son effigie ont été discrètes, orchestrées en coulisses par le biais d’Universal Music. En laissant son label gérer les représailles, Swift se désolidarise d’un débat plus vaste et crucial concernant la protection de la vie privée, le consentement et la sécurité en ligne. Ce contraste entre son engagement public sur certaines questions et sa réaction plus privée face à d’autres problèmes sociaux et éthiques pose question. L’engagement politique mi-figue mi-raisin de Taylor Swift révèle une facette complexe de la célébrité contemporaine.

The Psychotic Monks voit les choses en grand avec un court métrage

Par : Théo Lilin
7 mai 2024 à 14:25

Après un vibrant concert à la Gaité Lyrique, riche de contorsions punks et de belles prises de parole – Artie agitait en fin de concert une pancarte “CEASEFIRE IN GAZA / STOP THE GENOCIDE / FREEDOM FOR PALESTINE” –, et juste avant l’été, les Psychotic Monks dévoilent le nouveau clip du titre All That Fall. Bien plus qu’un clip d’ailleurs, la vidéo a été pensée comme un véritable court métrage, dont la réalisation a été confiée à Hélène Delage.

Réaction en chaîne

Ainsi les guitares stridentes imitent le bruit des vapeurs s’échappant d’une bouilloire sur le feu, et l’explosion du titre All That Fall, extrait du troisième album, Pink Colour Surgery, devient la bande originale d’une scène de folie destructrice.

Cette nouvelle sortie intervient peu avant le départ du groupe – formé par Artie Dussaux (guitare, basse, chant), Paul Dussaux (claviers, basse, chant), Martin Bejuy (guitare, chant) et Clément Caillierez (batterie, chant) – pour une grande tournée à travers l’Angleterre. Dans la foulée, The Psychotic Monks préparent également leur passage au festival Rock en Seine.

L’identité du hacker le plus recherché au monde, le chef du gang LockBit, vient d’être révélée par la police

7 mai 2024 à 14:34

L'identité du leader du gang de pirate Lockbit vient d'être dévoilée par les forces de l'ordre. Ce collectif de cybercriminels est responsable des cyberattaques contre l'hôpital de Corbeil-Essonne et plus récemment, l'hôpital de Cannes.

Vous n’avez rien suivi à la conférence Apple ? On vous résume l’annonce des iPad et de la puce M4

7 mai 2024 à 13:38

Numerama est à Londres pour la première keynote Apple de 2024, et la première délocalisée en Europe depuis plus d'une décennie. Cet article vous propose un live blog de l'événement, avec les annonces de la marque californienne minute par minute. Ensuite, Numerama va aussi prendre en main les nouveaux produits.

Voici comment Renault compte baisser les prix de sa R5 électrique

7 mai 2024 à 10:17

La Renault 5 E-Tech est l'une des voitures électriques les plus attendues de 2024. Son prix d'accès, fixé aux alentours de 25 000 euros, a beaucoup fait parler de lui, mais le constructeur aurait trouvé un moyen d'abaisser encore ce tarif. La clef : des batteries coréennes plus économiques.

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Le saviez-vous ? Google News vous permet de choisir vos médias. Ne passez pas à côté de Frandroid et Numerama.

Avec l’ultime et triple album “Britpop”, A. G. Cook prend les mèmes et recommence

7 mai 2024 à 09:44

Avec sa décision, l’an dernier, de cesser les activités du label qui l’a fait connaître, A. G. Cook a pu laisser croire qu’il voulait en finir avec l’hyperpop. Mais, alors que le registre, dont la patte du musicien est l’un des fondements, mute aujourd’hui de façon complètement autonome, le producteur s’attarde à en interroger l’archétype sur un troisième disque qui s’inscrit dans la lignée de ses prédécesseurs.

Une nouvelle expérience

Le musicien n’en cache pas la filiation, en reprenant un découpage qui structurait son premier album 7G (2020), en forme de vaste étude séquencée pour musique électronique (chaque partie étant dédiée à un instrument) et qui transcendait déjà l’hyperpop en la confondant dans un impressionnant panel de styles : drill’n’bass, rock, synthpop, ambient…

Si sur Britpop, la division est temporelle (chaque tiers du disque est respectivement sous-titré Past, Present et Future), le principe se veut cette fois moins rigide. Alternant d’euphoriques pistes trance et IDM, puis des chansons electropop plus écrites en premières parties, avant une dernière section en forme de pot-pourri des précédentes, le disque amène à penser la temporalité comme un circuit fermé sur lui-même. Parce qu’il serait paradoxal d’imaginer le futur d’une musique aussi ancrée dans son temps que l’hyperpop, mais surtout à une époque où la pop se régénère par salves de réactualisations nostalgiques (la house psyché de Dua Lipa ou la country soul de Beyoncé pour 2024), la perspective d’A. G. Cook singe l’industrie autant que son propre héritage.

Dans ce cadre, l’hommage à SOPHIE (la productrice décédée prématurément en 2021 et proche de Cook, qui la mentionne sur Without) et les apparitions de Charli XCX (sur le morceau titre et le réjouissant Lucifer) font cocher à Britpop toutes les cases du cahier des charges hyperpop. Un comble, un an après la fin du label qui a fait grandir le style, et qui structurait ses propos et esthétique autour de ce genre de démarches paradoxales. Aussi, alors que l’album reste jubilatoire (par la technique toujours irréprochable de son auteur, même dans le versant songwriting du projet) et étonnamment digeste, on peut espérer qu’A. G. Cook trouvera un jour la tranquillité d’esprit pour proposer une musique préférant le fun décomplexé à l’embarras d’une charge théorique pachydermique.

Britpop (New Alias) d’A. G. Cook. Sortie le 10 mai 2024.

Orville Peck joue avec les codes country sur un album de duos espiègles

7 mai 2024 à 08:49

Orville Peck n’a pas attendu que la country redevienne tendance pour la célébrer. Depuis son premier album en 2019, l’époustouflant Pony, il a largement contribué au retour en force de ce style musical dont se sont récemment emparées la pop (Beyoncé, Lana Del Rey) et la mode (comme dans le défilé Vuitton imaginé par Pharrell en janvier).

Un show en deux actes

Devenu superstar aux États-Unis, où il vit, le Canado-Sud-Africain revient avec un troisième album scindé en deux actes. Stampede: Vol. 1 s’inscrit dans la lignée de ce qu’il a construit en solo pendant ces cinq dernières années : un timbre aussi puissant que tendre, à la Johnny Cash, une dégaine de lonesome cow-boy ténébreux (il se produit toujours masqué et sous pseudo) et des chansons qui évoquent les grands espaces américains, façon road-movie. Une différence, de taille : cette fois, le musicien a eu envie d’entremêler sa voix à d’autres, masculines et féminines.

En attendant le volume 2, qui suivra bientôt, les sept morceaux dévoilés début mai redonnent tout son sens à la formule “jouer de la musique”. Ludique et malicieux dans les cavalcades comme dans les ballades, le résultat enchante. Les sommets de l’album sont des reprises de deux titres qu’on a déjà entendus mille fois et qui ici retrouvent tout leur intérêt : Cowboys Are Frequently Secretly Fond of Each Other, en compagnie du légendaire Willie Nelson, bon pied bon œil, et Saturday Night’s Alright (For Fighting) avec le non moins impérial Elton John.

Quoi de neuf dans le far west ?

Dans les deux cas, les artistes trouvent le parfait équilibre entre respecter la chanson originale et se l’approprier avec un regard pétillant sur le passé et le présent. Les cinq autres morceaux méritent aussi qu’on s’y penche, notamment Chemical Sunset, joyeuse virée dans les bas-fonds du far west aux côtés de l’artiste americana Allison Russell, le majestueux Conquer the Heart avec Nathaniel Rateliff ou Miénteme, mélangeant anglais et espagnol en mode mariachi avec Bu Cuarón.

Reste à espérer qu’Orville Peck en profitera pour enfin revenir tourner de notre côté de l’Atlantique. La dernière fois qu’on l’a vu en France, fin 2019, relégué à un sous-sol bondé de la Grande Halle de la Villette lors du Pitchfork festival, il a embrasé la foule par son charisme magnétique. Vivement les retrouvailles, dans un lieu à la hauteur de son talent.

Stampede: Vol. 1 (Warner) d’Orville Peck. Sortie le 10 mai 2024.

Peut-on faire du postpunk minimaliste ? La réponse éclatante de Bibi Club

Protagonistes de la communauté musicale indépendante de Montréal, la chanteuse et claviériste Adèle Trottier-Rivard et le guitariste Nicolas Basque forment depuis 2015 un couple à la ville comme à la scène. Amorcé en 2016, leur projet répondant au doux nom de Bibi Club les amène à faire ensemble “de la party music de salon”, pour citer le court texte de présentation figurant sur leur page Bandcamp.

Tout à fait fidèle à ce descriptif, l’EP Bibi Club, paru au printemps 2019, marque l’acte de naissance officiel du groupe. Il contient quatre chansons empreintes d’une fraîcheur pétulante, simples et directes, dans un style do it yourself, oscillant entre electro-pop diaphane et postpunk minimaliste. Brut, sans rien de superflu, le charme opère – et emporte – instantanément, en particulier sur Jean René, la seule des quatre en anglais, cavalcade de poche au crescendo irrésistible.

On pense à Beach House et à une plage abandonnée

Délivrant huit morceaux, dont un long et absorbant instrumental atmosphérique (Bellini), leur premier album Le Soleil et la Mer, judicieusement sorti durant l’été 2022, s’inscrit dans la même veine avec une accentuation un peu plus rêveuse. Tout en grâce légère et en mélancolie diffuse, il semble flotter à travers une plage abandonnée, lentement happée par le crépuscule, où l’on croise notamment les ombres de Brigitte Bardot, Claudine Longet et Beach House.

Au cœur de ce printemps 2024, Bibi Club franchit à présent le cap du deuxième disque avec Feu de garde. On peut y découvrir onze nouvelles chansons, en grande majorité en français. Très imagées, les paroles cultivent un lien étroit avec la nature et les éléments. Toutes deux parcourues de frémissements ardents, La Terre – ode doucement hallucinée à la nature – et Le Feu – brûlante échappée au bout de la nuit – en offrent deux superbes illustrations.

Divers éclats poétiques surgissent ailleurs. “Tes yeux noirs sont un lac infini”, attrape-t-on par exemple sur L’Île aux bleuets, trépidante déclaration d’amour fou. Quant à la musique, toujours aussi richement économe, elle se révèle plus nerveuse que sur Le Soleil et la Mer, donnant davantage d’importance dynamique à la guitare. Évoquant souvent de précieux trésors du rock indé britannique (Young Marble Giants, Marine Girls, Virginia Astley…), ce disque cristallin compte d’ores et déjà parmi nos favoris de 2024. ♦ Jérôme Provençal

Feu de garde (Secret City/Modulor). Sortie le 10 mai. En concert au Popup du Label, Paris, le 6 juin.

Quelles sont les meilleures trottinettes électriques pas chères en 2024 ?

7 mai 2024 à 03:50

Compactes, maniables, les trottinettes électriques font le bonheur de certains citadins. Bien moins coûteuses que les vélos électriques, elles permettent de se déplacer sans effort. Nous avons regroupé ici les meilleures trottinettes sûres, à un tarif abordable, toutes testées pas nos soins.

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La bande à Justice raconte le joyeux bordel des débuts

6 mai 2024 à 17:00

En 2003, deux jeunes gens nommés Gaspard Augé et Xavier de Rosnay officient sous le nom de Justice et font de la musique électronique. Un jour, ils participent à un concours de remix du morceau Never Be Alone de Simian, groupe anglais du batteur James Ellis Ford. Ils vont perdre.

So Me (directeur artistique historique du label Ed Banger, illustrateur/réalisateur) — Je sais plus qui est le mec qui avait gagné, l’histoire n’a pas retenu son nom. Il me semble qu’on nous avait dit qu’il était pote avec le mec qui organisait le concours, d’ailleurs. Donc Dieu a reconnu les siens.

Matthieu Culleron (journaliste musique à France Inter) — À l’époque, je travaille au Mouv’ à Toulouse. Peu de groupes viennent alors en promo dans le Sud, mais Simian vient. On était très fan du premier album. Avec Nicolas Nerrant et TOMA, on forme par ailleurs un trio DJ qui s’appelle I Was There. Quand on apprend pour le concours de remix, tout le monde joue le jeu, dont Justice, mais surtout TOMA. Et c’est lui qui gagne le concours ! Mais ça ne fait rien. Pendant ce temps, les deux autres cartonnent. Never Be Alone devient un tube mondial. La lose.

So Me — Ça a été un mini-phénomène dans l’electro, tu avais l’impression que quelque chose allait émerger. Ils percent dès le début, en fait. Il n’y a pas une soirée en Europe où le morceau n’est pas joué, ça devient une espèce d’anthem.

Myd (musicien) — Je dois avoir 17 ans et je vais dans un magasin de vinyles à Lille, qui s’appelait USA Import, pour acheter un disque par semaine. Un jour, le vendeur me fait écouter le remix de Simian par Justice, qui ne s’appelait pas encore We Are Your Friends – avec, en face B, un remix de DJ Mehdi par Château Flight. J’ai halluciné. C’était à la fois rock, electro et il y avait ce truc hybride qu’on ne comprenait pas encore. Je n’avais pas compris que leur nom, c’était Justice. Sur MySpace, c’était EtJusticePourTous et ils avaient cette sorte de devise : “Séparés à la naissance, réunis pour la vengeance.” Je leur ai écrit : “Ah, mais vous êtes français ?” Ils m’ont répondu : “Ouais, on est français !”

Christian de Rosnay (Étendard Management) Le morceau est sorti sous l’égide de Pedro Winter, qui a sauvé ce remix qui n’avait pas remporté les faveurs du jury. S’ils avaient gagné le concours, peut-être que l’histoire aurait été différente.

So Me — Moi, je faisais déjà le graphiste pour la boîte de management de Pedro avant qu’il ne monte son label, Ed Banger. Un jour, je le ramène à un dîner où il rencontre Gaspard et Xavier. Il écoute le morceau et il a un coup de cœur. Je suis un peu le chaînon manquant entre les deux. Au bout d’un moment, ça s’excite pas mal autour d’eux et Pedro leur demande plus de musique. Quand deux de mes colocs se barrent, je leur dis que s’ils veulent se mettre à fond dans la musique, le mieux c’est de vivre ensemble, dans le même appart’. Et c’est ce qu’ils font. On vit donc tous les trois et c’est là qu’ils enregistrent le maxi suivant, Waters of Nazareth. Un joli petit virage.

Justice de Nazareth

Tandis que la coloc de Barbès devient l’épicentre de la révolution culturelle en cours, sorte de French Touch 2.0, le tandem s’investit à fond dans la musique et l’enregistrement d’un premier album, Cross (2007), qui fera le crossover dans une époque en ébullition.

Romain Gavras (cinéaste) — Moi, je connaissais DJ Mehdi via la Mafia K’1 Fry. Avec Kourtrajmé, on évoluait plutôt dans le monde du rap. Un jour, il me dit “Viens, je t’emmène chez Justice.” L’appartement était dégoûtant, il y avait des poufs, c’était des sacs-poubelle. Gaspard et Xavier n’étaient pas sûrs de savoir quel single ils voulaient sortir après We Are Your Friends. Et là, ils passent Waters of Nazareth. Je revois Mehdi m’attraper la main. Et moi, je suis comme un dingue. En sortant, il me dit : “Je crois qu’ils ne se rendent pas compte de ce qui va leur arriver à partir d’aujourd’hui. Ils ne se rendent pas compte.”

Pedro Winter (patron d’Ed Banger Records) C’est tout Mehdi de sortir des phrases comme ça. J’ai pas le recul à l’époque, je suis dans le noyau à ce moment-là. Les garçons, pendant les premières années, je les accompagne 24 heures sur 24. Ce que je sais, c’est que j’assiste à ce moment où la foule est en train de changer : les clubbers, les rappeurs, les skaters se retrouvent tous ensemble. Moi qui avais connu ces mondes-là séparés, voir cette unification a fait de moi le mec le plus excité et heureux du monde. Je me disais : les gars que je prends sous mon aile sont en train de faire la bande-son d’une génération qui enfin pourra mettre des chemises de bûcheron, danser sur Aphex Twin et chialer en écoutant Elliott Smith.

SebastiAn (musicien) — Mehdi était fasciné par notre jeune clique de mecs qui fonctionnait comme un collectif de rappeurs. Ça a été un des premiers à dire que tout ça allait marcher. Justice, eux, ils y croyaient vraiment dès le début. C’est la différence avec moi ou Vinco [Kavinsky]. On était plus détachés du truc. Pour moi, la durée de vie d’un DJ, c’était deux ans. Après, il allait falloir trouver un vrai job.

Romain Gavras — T’avais le droit d’aimer M.O.P. et Black Sabbath. Justice, ça tabassait pareil, mais avec de l’élégance dans les accords et de la musicalité. Il y avait un truc très épique. Je me rappelle, ils avaient une punchline dont j’étais hyper jaloux : “Nous, on fait de la musique à deux émotions. On a gagné la guerre, mais on a perdu quelques potes sur le champ de bataille.”

Pedro Winter — La légende raconte que je n’aime pas Waters of Nazareth. Je profite d’utiliser les canaux de la presse pour rétablir la vérité : moi, je suis le label. On sort Never Be Alone, un tube, ils font plein de remix, bref, on prépare la suite. Et là, le single qu’ils me proposent est un anti-single, qui part dans une tout autre direction. Donc je suis perplexe. Mais j’adore le morceau, ils ont réussi à rendre le bruit funky. Ils ont bien fait d’insister, avec le recul, c’était courageux de sortir ça en 2007. Tout au long de leur carrière, leurs choix allaient vers la surprise et l’excitation, plutôt que de rester confortablement installés sur une autoroute. Dans le processus de création, je n’arrivais qu’à la fin pour répondre à des questions comme : “Est-ce qu’on met D.A.N.C.E. sur l’album ?” Évidemment, qu’on met D.A.N.C.E. !

Christian de Rosnay Les deux sont très obsessionnels. Quand ils ont une idée en tête, c’est très difficile de les faire en démordre. C’est vraiment une qualité. Ils sont très têtus et souvent à juste titre.

Manu Mouton (directeur technique des tournées de Justice) — Ils ont un regard qu’on n’a pas l’habitude de croiser, c’est déroutant. Il faut que ça leur plaise à eux. S’il y a un élément dans la scénographie du live qui ne fonctionne pas comme ils l’imaginaient, j’ai beau avoir passé 300 heures dessus, ils vont me dire : “Bravo, Manu, c’est ce qu’on t’a demandé, mais ça le fait pas.”

Kavinsky (musicien) Xavier m’avait envoyé un texto pour me dire un truc comme “Ça déménage”, quand j’ai sorti Testarossa Autodrive. Je commençais à peine la musique, je gagnais pas une thune et ma meuf payait tout. Un peu glandu, même si je ne rechignais pas à la tâche. Un jour, on s’est séparés et je me suis retrouvé sans appart’. Alors j’ai appelé Xavier, qui m’a laissé sa chambre dans la coloc le temps que je me refasse.

Pedro Winter C’était la cour des miracles, cette coloc. Trois mecs qui vivaient comme des oiseaux de nuit. So Me, à l’époque, il m’envoyait tous les projets à 7 heures du matin. Les retours que je lui faisais à 10 heures, il fallait que j’attende le jour d’après pour qu’ils soient pris en compte. Et Xavier et Gaspard, c’était pareil. Il y avait des cendriers partout dans la baraque. Je me suis demandé s’il ne fallait pas appeler M6 pour envoyer les experts de leur émission sur le ménage de l’extrême.

Christian de Rosnay C’est comme ça que j’ai rencontré Kavinsky. J’arrive dans l’appartement, je vais dans la cuisine et là, je vois une photo de Vinco avec un Famas et son chien, qui datait du service militaire. Je me suis dit : “Mais il est encore là, lui ? Va falloir le déloger, sinon il va prendre racine.” Aujourd’hui, c’est Thibaut [Breakbot] qui a repris l’appartement, il a fait des travaux et tout.

Kavinsky Xavier m’appelle un matin et me dit : “T’as trouvé un appart ’?” Alors moi je lui réponds : “Bah attends, je viens d’arriver, laisse-moi me retourner. Pourquoi, il faut que je me casse ?” Et là il me dit que ça fait plus d’un an que j’y suis. Putain, c’est passé vite.

SebastiAn Le mec a dû rester trois ans. Mais à la demande de la coloc, parce qu’il faisait marrer tout le monde.

Kavinsky Quand j’ai gagné un peu de thune, j’ai offert un coffret Louis XIII à Xavier pour le remercier. Le meilleur Cognac du monde. Un truc à 4 000 boules. On s’est retrouvés dans le bureau de Christian, notre manager, et on s’est sifflé la moitié de la bouteille. On se disait qu’à chaque verre qu’on se servait, c’était 200 balles qu’on s’envoyait.

SebastiAn Vinco a débarqué à l’époque où Gaspard et Xavier étaient en train de faire Cross. Ils passaient leur vie en studio, dans les sous-sols du Triptyque.

Pedro Winter Les travaux avaient été faits par un mec qui avait refait l’appart’ de Mehdi. Les sous-sols, c’était vraiment ghetto. Tu descendais dans les caves, tu marchais pendant longtemps et eux avaient leur studio tout au fond. C’était bien deep. Moi qui suis claustro, j’étais pas bien quand je devais y aller.

Christian de Rosnay Ils s’étaient installés alors que les cabines n’étaient même pas construites. C’était très rough.

Piu Piu (agente image/ DJ) Je me souviens marcher dans mon quartier du XIIIe arrondissement et entendre des gens écouter D.A.N.C.E. par une fenêtre. Ça m’avait choquée en mode : “Wow, il y a des gens hors des clubs qui aiment leur musique !” En matière de pop culture, c’était un signe ultime pour moi.

Ed Banger Crew

Ed Banger, Justice. Justice, Ed Banger. Le succès du groupe ne va pas sans le succès du label, et vice-versa. Tournées, soirées, projets : comment une bande de copains est devenue une famille ayant réussi à exporter la musique made in France partout dans le monde.

Matthieu Culleron Quand Ed Banger a cartonné avec Justice, ils ont ramené l’electro aux États-Unis. À New York, il s’est vraiment passé quelque chose.

SebastiAn On partageait tous un constat : les clubs, c’étaient des trucs remplis de gens qui dansaient tout seuls. C’était pas ce qui nous faisait marrer. Tout était trop sérieux. Alors que nous, on faisait exprès de mettre trop fort, on savait à peine mixer et on s’en foutait. Le jour où ça a switché, c’est quand Pedro nous a emmenés faire une date en Angleterre. Les Anglais ont tout de suite capté l’intention. Ça leur a parlé, parce que c’était du rock fait avec des ordis. Pour eux, on était l’équivalent d’un ado qui débarque avec une guitare et un ampli.

Romain Gavras Je n’ai plus revu une telle nébuleuse que celle d’Ed Banger en France ou ailleurs depuis. Soit un groupe de gens vraiment amis à la ville, qui arrivent partout en crew comme si c’était le Wu-Tang. De 2007 à 2012, ils ont vraiment été l’emblème d’un tournant dans l’histoire de la musique. Quand on a débarqué aux États-Unis avec Justice, c’était comme si les kids américains avaient oublié que la musique venait de chez eux. Détroit, Chicago. Tu voyais qu’ils ne savaient pas comment bouger.

Pedro Winter Au premier Coachella, en 2007, Justice a vraiment marqué les esprits. C’est qui, ces mecs en cuir, avec leur clope au bec ? Van Halen ? Raté, c’est Justice, avec un son turbine, distordu mais funky. Les gens sont tombés amoureux.

SebastiAn — On a mis énormément de temps à comprendre que les gens venaient pour nous. Pour moi, les gens allaient en club pour picoler et éventuellement baiser en fin de soirée, et moi, je n’étais là que pour foutre le bordel, de façon accessoire. On a été pris dans la hotte aspirante que Justice a généré.

Kavinsky — On se connaissait à peine avec Xav, quand je lui ai fait écouter le morceau Tenebre de Claudio Simonetti. Il a adoré et pris le sample pour faire Phantom. J’étais hyper flatté.

Juliette Armanet (musicienne) — Ed Banger, c’est une famille en or. C’est la musique qui me fait complètement vibrer, il y a une vraie fierté française de toutes ces sensibilités qui ont créé un son qui est devenu international. Ça a beaucoup compté pour moi, dans les harmonies, le son. Ça me faisait rêver.

So Me Rapidement, Ed Banger est ce label identifiable par ses acteurs. Mehdi, Pedro, Justice : c’était Le Club des Cinq et Scooby-Doo réunis.

Myd Justice a très vite eu cette imagerie forte. Le plus drôle, c’est que la croix n’est pas le symbole de la justice. Donc ils ont pris un emblème qui n’a rien à voir avec le nom pour en faire un logo. Ils ont réussi à trianguler plusieurs univers pour raconter leur propre histoire. Ils ont cristallisé un truc que Pedro avait commencé à faire à l’échelle de la famille Ed Banger : tout le monde s’est mis à regarder la croix comme on avait fini par regarder le DJ telle une superstar.

Thomas Jumin (graphiste) L’avantage d’un emblème comme celui-là, c’est que tu en fais ce que tu veux. C’est comme ça que tu rends ton groupe intemporel.

So Me Quand on allait à l’étranger, les gens pensaient qu’il y avait à Paris une vie nocturne folle. Faut dire qu’on avait des labels comme Ed Banger, Institubes, Tigersushi. Certains croyaient que la capitale était un Berlin bis, alors qu’il n’y avait presque rien. Il y a néanmoins toujours eu un club qui s’imposait, comme le Pulp à un moment. Le ParisParis est peut-être celui qui est resté plus longtemps que les autres. C’est là-bas que tout le monde se retrouvait, c’était super. Tu avais Erol Alkan, Two Many, Medhi. C’était fun.

Matthieu Culleron — La mixité était totale : t’avais les rockeurs, les mecs de la techno, tout ça dans une ambiance assez libertaire. Je me suis retrouvé dans des soirées avec LCD, Soulwax ou Justice. Une affiche comme ça aujourd’hui, tu ne la mets pas dans un club. Parfois, t’avais 600 mètres de queue. C’était une parenthèse enchantée.

Marco Dos Santos (photographe, réalisateur, ex-DA du ParisParis) — Teki Latex a eu l’idée d’organiser des battles. Deux équipes qui s’affrontent en balançant des morceaux chacun son tour depuis un iPod. Plus les gens crient, plus tu gagnes. On a fait une édition avec Justice, So Me et Mehdi, c’était dingue. Crois-le ou non, à la fin de la battle, le décibelmètre affichait ex æquo.

Sarah Andelmann (cofondatrice de Colette) J’ai proposé à Pedro de mixer dans les soirées Colette, à l’époque où il manageait encore Daft Punk. Au ParisParis, on faisait les Colette Dance Class. So Me faisait les flyers. C’est à cette époque que j’ai rencontré Gaspard et Xavier. Toute cette petite clique, je la côtoyais à travers les soirées Colette. Je me souviens même être allée à Coachella. Je trouvais ça fou de voir cette petite famille se créer. Quand je voyais Xavier et Gaspard, je me demandais comment deux personnalités si différentes pouvaient fonctionner ensemble.

SebastiAn À cause de la première French Touch, les gens ont cru à une sorte de continuité versaillaise. Mais pas du tout. Bon, ok, t’as des mecs avec des noms à particule, quoi. Ce qui nous unit le plus, c’est con, mais c’est l’humour. On a les mêmes références : Oizo, Justice, Vinco, Pedro. Il y avait tout pour que ça fonctionne, alors qu’on vient tous d’univers très éloignés. L’humour, c’est le fil conducteur. Pedro est d’ailleurs encore sur cette ligne. C’est le mec qui peut te dire : “Attention, je crois que t’es plus en train de te marrer là.”

Pedro Winter Xavier m’a rappelé récemment que Mehdi et Thomas Bangalter étaient là pour le premier Coachella, les mains dans le cambouis pour aider à monter la scène. Symboliquement, ça en dit beaucoup. Comme une passation très bienveillante entre Justice et Daft Punk, alors que moi j’allais arrêter de bosser avec Thomas et Guy-Man l’année d’après. Le fait que Thomas ait été là en front of house lors du show, c’est fort.

Les duettistes

Outre la place que Justice occupe au cœur de la constellation Ed Banger, Gaspard Augé et Xavier de Rosnay forment à eux deux un micro-organisme à part dans la scène musicale française et internationale.

SebastiAn — Xavier est plutôt casanier, alors que Gaspard, c’est impossible de ne pas le croiser si toi aussi tu sors. Il a le don d’ubiquité, si tu croises trois personnes différentes qui te disent l’avoir vu dans trois endroits différents au cours de la même soirée, c’est qu’il était aux trois endroits à un moment donné.

Juliette Armanet — Gaspard est souvent venu à mes concerts lors de ma première tournée, ça me terrorisait. J’étais fière, mais ça me mettait une énorme pression en même temps. C’était comme avoir Prince à mon concert.

SebastiAn Gaspard en studio, c’est le mec qui fait les notes et trouvera le petit accord médiéval qui sort de nulle part. Xavier, c’est plutôt la production.

Juliette Armanet J’ai travaillé avec Xavier sur ma chanson Tu me play. Avec Victor Le Masne, qui travaillait avec moi, on était arrivés à un point où on avait tout donné, et moi je cherchais une certaine profondeur de son, quelque chose de plus impérial. Et lui a débloqué quelque chose. Il a rendu le morceau plus mordant, plus dangereux. J’ai l’impression que Xavier et Gaspard n’ont pas de chapelle mais ils ont un goût très sûr.

So Me Le club anglais Fabric leur avait demandé un mix de Noël. Je pense que les techno heads qui s’attendaient à du son qui tabasse se sont retrouvés avec tout ce qu’ils détestaient le plus : de la variété, du disco, tout ça.

SebastiAn Fabric avait fait la gueule et refusé le mix. Justice avait répondu : “Bah ouais, c’est ce qu’on aime.” Il y avait du Julien Clerc dessus, du Balavoine. Ils sont vraiment fans de Julien Clerc !

Pedro Winter Xavier et Gaspard ont participé aux maquettes de Yeezus, de Kanye West. Personne ne le sait, ça. Je dois en avoir quelques-unes encore. Ils ne sont pas allés au bout, finalement, mais dans les sonorités que Kanye a pondues, moi j’entends Justice.

SebastiAn Ils ne perdent jamais leur ligne. Ils auraient les moyens d’aller chercher des The Weeknd, mais ils préfèrent prendre Miguel sur le dernier album, parce qu’ils trippent spécifiquement sur lui. Je pense même qu’ils le préfèrent à Frank Ocean. Ils ont la notoriété et les contacts suffisants mais ils ne sont pas tactiques. Je pense qu’ils se voient un peu comme le Velvet Underground. Qu’ils réfléchissent à comment ils ont envie qu’on se souvienne d’eux dans le futur.

So Me C’est hyper tentant d’analyser, j’adore faire ça avec les disques que j’aime : les situer, dire ce qu’ils signifient, pourquoi l’artiste a fait comme il a fait. Chez Justice, c’est moins calculé que ça. Le nouvel album peut donner l’illusion de ressembler au premier, parce qu’ils reviennent à un son plus dur, mais quand tu regardes de près, les deux albums ne se ressemblent pas tant que ça. Il y a beaucoup d’expérimentations, de fausses utilisations de samples, alors que ce sont des trucs vraiment joués, tout un tas d’innovations.

Pedro Winter Pour les taquiner un peu, je dis souvent qu’ils cherchent à être dans la démonstration, le savoir-faire, le bon goût. Le surdoué qui te met une bonne gifle en te montrant qu’il sait faire des montées d’accords, un bridge, etc. Ce sont des esthètes ! Avec Hyperdrama, ils sont revenus à quelque chose de plus spontané et moins cérébral. Et ils ont ouvert la porte à des guests ! Ça fait un moment que je me bats pour ça. Quand ils m’écrivent pour me dire qu’ils sont à Los Angeles avec Kevin Parker, je suis l’homme le plus heureux du monde.

Démarrer avec le Raspberry Pi 5 et le personnaliser

Depuis maintenant plusieurs mois le Raspberry Pi 5 est apparu (fin septembre 2023). Il a fallu un certain temps pour que l’écosystème se stabilise. On commence maintenant à avoir de quoi utiliser convenablement le Raspberry Pi 5. J’ai un Raspi 5 sur le stand framboise314, équipé d’un SSD (je vous avais décrit cette installation dans […]

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Depuis Toronto, Hot Garbage s’échine à hybrider son rock psyché

Par : Louise Lucas
6 mai 2024 à 14:36

“Digging in a hole, down into the ground”, s’échappent des vapeurs psychédéliques d’Easy Believer, titre de Hot Garbage sorti en 2020. En pleine crise sanitaire et marasme social, donc. Sans doute ce morceau – et l’invitation à plonger sous terre qu’il insuffle – résumerait-il à lui seul ce qui compose l’identité même du groupe de Toronto : couleur psyché, fulgurances heavy, fil d’Ariane résolument post-punk. 

Une musique avec laquelle Alessandro Carlevaris (guitare), sa sœur Juliana (basse), Dylan Gamble (claviers) et Mark Henein (batterie) nous embarquent en terres arides et crépusculaires, réuni·es sous le blason post-cataclysmique de Hot Garbage. On s’imagine louvoyer entre les débris d’un monde en décrépitude à leur écoute, cédant volontiers à la langueur grisante qui émane de chacun des morceaux. Leur musique est décidément dans l’air du temps.

Avant-garde québécoise 

Signé chez Mothland – label de Montréal qui s’évertue, depuis 2020, à prendre sous son aile la fine fleur de l’avant-garde musicale locale, de la dream pop jusqu’à l’art-punk – Hot Garbage se construit au cœur d’une scène alternative canadienne qui offre, dès lors que l’on prend la peine d’y farfouiller, une flopée de belles découvertes. Il n’a d’ailleurs pas fallu bien longtemps pour que Juliana, la bassiste, nous vante les mérites de ses comparses québécois·es lors de notre échange.

“Il y a une très grande communauté de musique locale ici en ce moment, composée de gens qui se soutiennent les uns les autres

À commencer par celles et ceux également inscrit·es sous la bannière de Mothland : les punks de Red Mass, Atsuko Chiba et son post-rock (avec qui Hot Garbage partagera la scène des Inrocks Super Club, le 29 mai prochain), le shoegaze de Karma Glider et celui de Yoo Doo Right, étoffé d’éléments kraut… “Ce sont tous de bons amis à nous”, sourit la musicienne, visiblement fière d’appartenir à une lignée aussi prometteuse. Fière que Hot Garbage ait été repéré par l’équipe du label, aussi. “On leur fait confiance et on respecte vraiment leurs goûts, donc d’un point de vue personnel, ça nous a fait du bien de savoir qu’ils croyaient en nous en tant que groupe”, confie-t-elle. Et d’ajouter : “C’est devenu comme une famille pour nous.”

Hot Garbage marche ainsi dans les pas des formations ayant déjà balisé le chemin une poignée d’années auparavant. Metz, Cindy Lee, Kali Horse… Il y a une très grande communauté de musique locale ici en ce moment, composée de gens qui se soutiennent les uns les autres”, se réjouit Juliana. Et la musicienne en sait quelque chose, elle qui travaille en parallèle en tant que programmatrice.

Biberonné·es au (classic) rock 

La musique, c’est une affaire de famille. On le glissait plus haut, Alessandro – le guitariste du groupe – et Juliana sont frère et sœur. Cette dernière se plaît à rembobiner : “Notre père était passionné de classic rock, il jouait même un peu quand il était plus jeune et il nous faisait toujours écouter des trucs comme Black Sabbath, Led Zeppelin ou les Beatles”. “Il nous a beaucoup soutenu quand on a commencé à s’intéresser à la musique, il m’a emmenée à des cours de piano assez jeune, a offert une guitare à mon frère…”, poursuit-elle, admettant que sans “son soutien et ses encouragements”, ni elle ni Alessandro n’auraient peut-être continué dans cette trajectoire. 

Pour autant, la bassiste admet que tous deux “[n’ont] pas beaucoup joué ensemble en grandissant”, à part “pour déconner à la maison, jamais sérieusement et dans aucun autre groupe”. Entre-temps, il et elle ont eu leur phase grunge, hardcore et emo, avant de s’en remettre aux musiques des années 1960-1970, puis de s’éloigner davantage du mainstream au profit d’une culture alternative que Juliana juge plus stimulante. Jusqu’à former Hot Garbage. 

En 2015, Alessandro rassemble deux potes du lycée et un claviériste tout juste rencontré, pour lancer un nouveau projet musical. Ils cherchent un·e bassiste, sa sœur se propose. Les trois gars hésitent un peu – elle n’en avait jamais vraiment joué jusqu’alors – mais finissent par accepter. “À l’époque, je ne jouais que de la guitare, mais finalement c’est un peu pareil !”, s’amuse Juliana.

“Écrire ce qui nous semble authentique à un instant donné”

En une (presque) décennie d’explorations psyché, le quatuor a signé une poignée de disques (deux EP et deux albums) – dont Precious Dream, long format paru en janvier dernier et imprégné des tourments de l’année 2020. “Il a été écrit pendant la pandémie, c’est un album unique en ce sens”, analyse Juliana, “c’était une période de grands changements, d’incertitude et de solitude, tout cela a assombri nos textes”. Et de poursuivre : “On veut juste écrire ce qui nous semble authentique à un instant donné, en puisant dans ce qu’on écoute et ce qu’on absorbe, nos inspirations artistiques comme ce qui se passe dans nos vies.” 

Quitte à polir la texture psyché de leurs débuts pour accentuer les touches heavy “avec des chansons un peu plus courtes, plus simples, dans une direction plus post-punk”. Un virage pas forcément intentionnel, dit-elle : “C’est juste qu’on change, nous, donc la musique change avec le temps.”

Une évolution qui se ressent également en studio, où Hot Garbage a fait le choix de s’entourer du producteur (et membre du groupe Holy Fuck) Graham Walsh. “Un type vraiment génial”, loue Juliana, qui explique avoir découvert son travail en écoutant More, l’un des disques de New Fries – elles·eux aussi Torontois·es – mixé par ses soins, justement. “Je me suis tout de suite dit que la production était vraiment folle, le style m’intéressait vraiment, alors je l’ai contacté.” “Il s’est montré vraiment ouvert à l’idée de travailler avec nous”, se souvient-elle.

Être en tournée pour toujours

Si les quatre musicien·nes ont apprécié prendre le temps de parfaire le son de leur dernier disque, il était temps pour le groupe de regagner les scènes – histoire d’éprouver à nouveau les sensations uniques qui s’y vivent. “J’aime le cycle et l’équilibre entre studio et live, mais le mixage, le réglage très fin des détails lors de l’enregistrement, c’est un peu trop pour moi”, badine Juliana. Et de justifier, d’une voix enjouée : “Toute ma vie tourne autour de la musique live […] Je ne suis pas une grande aficionada de la musique enregistrée, mais j’adore les concerts, je peux y aller tous les soirs… Je pourrais probablement être en tournée pour toujours si c’était possible, donc je dirais que c’est là où mon cœur penche.”

C’est cette flamme qui les a poussé·es à explorer les scènes françaises et allemandes l’année dernière – avant la sortie de Precious Dream, donc – juste pour “aller vivre ça”. “On était tellement excité·es d’arriver en Europe, on n’avait pas encore d’album à défendre, mais on est quand même venu·es […], c’était tout simplement incroyable”, s’émerveille encore la bassiste.

Elle se souvient d’ailleurs de leur toute première date à Paris, où le groupe s’était produit au Supersonic : “On était tellement impressionné·es par l’hospitalité et la façon dont l’équipe s’était souciée de nous […], on s’était senti·es apprécié·es, considéré·es et le public était tellement génial qu’on a vraiment hyper hâte de revenir chez vous !” Et nous, de les accueillir. 

“The Loop”, l’album aux boucles d’or soul de Jordan Rakei

Par : Alexis Hache
6 mai 2024 à 13:08

La carrière de Jordan Rakei a pris un sérieux tournant l’année dernière. Hébergé chez les pourvoyeurs d’électronique aventureuse de Ninja Tune depuis 2017 et son deuxième album, Wallflower, le multi-instrumentiste a signé en octobre dernier un contrat longue durée chez Decca Records. Un changement de dimension mérité qui déteint sur The Loop, cinquième album ambitieux pour lequel Rakei s’offre des arrangements orchestraux et choraux dignes des grandes productions soul passées.

Cette nouvelle approche pourrait effrayer les fans de la première heure, mais qu’ils et elles soient immédiatement rassuré·es : Jordan Rakei reste un orfèvre hors pair lorsqu’il s’agit de polir ce son reconnaissable entre mille, mélange de soul et de R&B donc, mais aussi de jazz et de musique électronique, avec comme étendard majeur cette voix capable, sur Freedom ou Hopes and Dreams, d’aller caresser des aigus soyeux, comme Marvin Gaye en son temps.

Soul chorale, groove et émotions

Le londonien d’adoption voulait justement recentrer sa musique autour de cette voix si pure, et pourtant déjà au centre de ses précédents albums, mais ce qui saute aux oreilles, ce sont surtout les chœurs, qui rayonnent comme dans une église de Harlem (Learning, dont les arrangements évoquent Kamasi Washington et Stevie Wonder) ou fournissent à Rakei un tremplin moelleux à ses lumineuses envolées (Royal, Cages). Le groove est comme toujours en bonne place, porté notamment par la batterie du prodige Raghav Mehrotra dont l’association avec Ernesto Marichales aux percussions fait des merveilles (Trust).

Les moments mémorables ne manquent pas (Flowers, la transe soul de State of Mind, Miracle qui porte si bien son titre), mais c’est sans doute A Little Life en conclusion de ce nouveau chapitre, qui touche le plus. Émouvante réflexion sur l’enfance, le mariage et la paternité, le morceau dévoile l’une des facettes de Jordan Rakei que l’on préfère, lorsque l’introspection la plus intime rencontre son élégance naturelle à tisser des mélodies suspendues entre ciel et terre.

The Loop de Jordan Rakei (Decca Records/Universal). Sortie le 10 mai. En concert le 24 septembre à l’Élysée-Montmartre, Paris.

Channel Tres se met à l’heure berlinoise avec son nouveau single “Berghain”

Par : Théo Lilin
6 mai 2024 à 12:32

L’an dernier, le 2 avril plus précisément, Sheldon Young aka Channel Tres postait sur son compte Instagram une photo de lui devant l’institution berlinoise, et en légende “je viens de terminer mon set au Berghain”. Qui l’eût cru, un an plus tard, ce souvenir d’une première fois au temple de la techno devient un single du tout premier album du DJ et producteur américain.

Berghain est donc le premier titre au générique de Head Rush, premier long format au compteur discographique de Channel Tres, qui s’était contenté jusqu’alors d’EP et de singles. “Il s’agit de la fois où j’ai joué au Berghain et de la façon dont la culture de cet environnement m’a fait me sentir, je ne me sentais plus bizarre. Tout le monde est pareil, le but de chacun dans cet endroit est de s’amuser et d’être libre, et la musique a joué un rôle essentiel là dedans, explique l’artiste. Pour le premier extrait de son prochain album, Channel Tres mêle une techno bondissante à la voix du chanteur Barney Bones. De quoi patienter avant la sortie de Head Rush prévue le 14 juin prochain.

Ce kit Philips Hue (3 ampoules + pont) est à un super prix grâce aux French Days

6 mai 2024 à 13:48

Si vous souhaitez installer plusieurs éclairages connectés dans votre domicile de la meilleure des manières, et accessoirement sans vous ruiner, vous pourrez par exemple opter pour le pack Philips Hue comportant 3 ampoules et un pont de connexion. Pendant les French Days, celui-ci est proposé à 104,49 euros au lieu de 159,99 euros chez Rue du commerce.

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Les attaques de logiciels malveillants visant les applications bancaires ont augmenté de 32 % en 2023

Par : UnderNews
6 mai 2024 à 13:18

Kaspersky a publié son rapport annuel sur les menaces financières sur l’année 2023, offrant une analyse détaillée de l’évolution du paysage des cybermenaces financières. Le rapport révèle une augmentation significative des logiciels malveillants sur les applications bancaires et du phishing liés aux crypto-monnaies, mettant en exergue des menaces croissantes pour les actifs financiers numériques. Tribune […]

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