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Voici la programmation des Inrocks Super Club du 29 mai 2024

Par : Théo Lilin
25 avril 2024 à 14:11

Arthur Fu Bandini

Arthur Fu Bandini se situe au croisement de la pop et du rock, tout en empruntant son inspiration à la chanson française avec une voix rappelant parfois celle de Léo Ferré ou encore de Arthur Teboul de Feu! Chatterton. En studio, l’artiste se veut introspectif, écrit et compose à l’aide d’une guitare et d’un synthé pour mettre en musique ses hésitations, ses sentiments et sa résilience. En découle un tout premier single, L’Être à vous, sorti l’an passé, suivi de plusieurs dates francophones. Cette fois, c’est à La Boule Noire qu’il nous donne rendez-vous, décidé à ramener sa chanson française au centre de la scène.

Atsuko Chiba

Chez le groupe montréalais Atsuko Chiba, on aime prendre le temps. Sur leur dernier album Water, It Feels Like It’s Growing (composé en temps de pandémie avec des morceaux étirés dépassant souvent les cinq minutes), il faut saisir la dimension planante qu’insuffle le groupe, sur fond de post-rock et d’embruns psychédéliques grisants. Sur scène, le groupe attache autant d’importance à la musique qu’à tout ce qu’il y a autour. Des vidéos projetées à la lumière, tout est réuni pour s’abandonner et voyager dans leur univers. Après des tournées nord-américaines et quelques dates outre-Manche, c’est à la Boule Noire à Paris qu’on rencontrera Atsuko Chiba.

Hot Garbage

Voilà près de dix ans qu’ils et elles emmènent leur public en terres arides et crépusculaires, au gré d’explorations psyché, obscures, à la lisière du sépulcral. Formé en 2015 à Toronto, Hot Garbage se plaît à planter le décor d’une époque en proie au tumulte, à grand renfort de guitares passées à la moulinette des pédales fuzz, de sombres orgues et de voix impénétrables. Un alliage sonore que l’on retrouve notamment dans le récent Precious Dream (2024), façonné aux côtés du producteur Graham Walsh. Après avoir défilé sur les scènes canadiennes, américaines, britanniques – entre autres –, Alessandro Carlevaris (guitare), sa sœur Juliana (basse), Dylan Gamble (claviers) et Mark Henein (batterie) prendront d’assaut la scène des Inrocks Super Club le 29 mai.

Les Inrocks Super Club le 29 mai à La Boule Noire, avec Arthur Fu Bandini, Atsuko Chiba et Hot Garbage. Vous pouvez déjà réserver vos billets à cette adresse. 

Alias, du rock psyché débridé à souhait

Par : Louise Lucas
22 avril 2024 à 09:49

Rares sont les artistes doté·es du don d’ubiquité. Entendre : parvenir à nous embarquer en terres psychédéliques d’abord, avant de faire un détour par le dance-punk ou le hip hop, puis filer tout droit vers le trap metal – et ce, tout au long d’un même album. Ambitieux, certes, mais résolument enthousiasmant pour nos oreilles avides de découvertes. Alors lorsque l’on écoute Alias, on se dit qu’il a su viser juste. Parfaitement juste. 

Par où commencer, le concernant ? Quel fil tirer pour réussir à détricoter cet amas sonore fait de pédales fuzz, voix hallucinées et énergie viscérale ? Le musicien dit aimer le chaos, tentons d’écrire un papier fidèle à son goût. 

L’art du mélange, la soif de désordre

Alias – Emmanuel Alias de son vrai nom – est un artiste de Montréal puisant, dit-il, aussi bien dans les guitares distordues du post-punk que dans les textures électroniques de LCD Soundsystem ou la finesse mélodique de Thom Yorke, compositeur qui “peut te sortir de la musique de film, ou bien très modulaire, très électronique, très perchée”. Artistes qu’il écoute au quotidien et qui nourrissent sa musique à lui, forcément. 

Car ce ce qu’Alias aime par-dessus tout, c’est bien les mélanges, d’autant plus lorsqu’ils sont conjugués à l’inattendu. “J’adore qu’on me serve un truc différent à chaque fois, avec plein de saveurs différentes”, glisse-t-il à ce propos, vantant les mérites de Tyler, The Creator ou Jack White des White Stripes. Il se plaît aussi à rêver de featurings inopinés, à l’instar d’un duo Joe TalbotKendrick Lamar ou encore Mac DeMarcoDomi & JD Beck… C’est vrai que ça aurait de la gueule.

Prémices jazz

S’il s’est lancé en son nom dans le marasme de l’année 2020, Alias n’est pas né de la dernière pluie. C’est par le jazz qu’il s’est rallié à l’écosystème musical, genre qu’il détestait à son arrivée au conservatoire et qu’il “[a] commencé à apprécier dix ans plus tard, quand [il en est] sorti”. Cette éducation fait sans doute sa force aujourd’hui (bien qu’elle ait été un peu subie, donc). “J’ai quand même bénéficié des outils pour comprendre le jazz, son histoire, le langage pour saisir comment un morceau et ses grilles fonctionnent. J’imagine que ça a aiguisé un petit peu mon oreille, je ne sais pas”, avance-t-il. 

Peut-être que j’aborderai le jazz quand j’aurais une voix totalement défoncée par le whisky à 65 ans”

Pour autant, Alias l’assure : le jazz n’apparaît pas dans la musique qu’il façonne. “C’est un style exigeant”, justifie-t-il avec prudence,  jugeant que la rencontre entre la pop et le jazz est “souvent mal [faite]”. Et de s’esclaffer : “Peut-être que j’aborderai ce style quand j’aurais une voix totalement défoncée par le whisky à 65 ans et que j’aurais quelque chose de vraiment intéressant à raconter sur ma vie !”

“Créer quelqu’un”

Car la musique est une histoire de récits. Alias ne dirait sans doute pas le contraire, lui qui a choisi d’emprunter le chemin de la fiction dans son premier disque, Jozef, album-concept un peu thématique” – à défaut de déverser ses propres états d’âmes dans ses textes. Par pudeur, il en convient. Au tout début du projet, j’ai écrit un album où j’ai raconté des choses très personnelles, des problèmes de famille, de cœur, des incertitudes, comme dans un journal intime. J’ai fait un seul concert et je n’assumais pas du tout, alors j’ai foutu l’album à la poubelle, on ne peut plus l’écouter aujourd’hui, confie-t-il. Ça me bridait, j’étais obligé de me mettre à nu et si j’avais dû le faire 50 fois, je serais devenu fou donc je n’écris pas directement à la première personne sur ma vie.” “J’y reviendrai peut-être, mais en étant plus mature. J’ai peut-être besoin de ça, de grandir un peu”, s’amuse-t-il. 

Tout ce qui fait peur est fascinant, c’est comme les requins blancs”

Le temps de prendre du galon, le musicien s’est attelé à créer quelqu’un” : un personnage du nom de Jozef. Un type ordinaire ? Non, pas vraiment. Plutôt un serial killer à la psyché orageuse, fruit de sa passion pour les films d’horreur et la série Mind Hunter. Tout ce qui fait peur est fascinant, c’est comme les requins blancs”, lâche-t-il d’un ton badin. 

Tout de même, n’y aurait-il pas là comme un désir pernicieux de se rêver en criminel, avec subtilité ? On s’est permis de lui poser la question, la réponse – délivrée entre deux éclats de rire – nous a rassurés. “C’est vraiment plus un personnage qui vit ses émotions à 2 000% dont je me suis servi pour raconter des anecdotes de ma vie de manière imagée, mais ça n’est jamais violent dans les lyrics ni dans les images que j’ai voulu mettre en avant”, s’épanche-t-il. Et de renchérir : “C’est comme si c’était un film d’horreur réalisé par Pixar !” Ouf.

Merci au revoir, les guitares

Une idée directrice qui s’est traduite, en musique, par une densité de sons, d’effets et diverses influences – on le mentionnait déjà plus haut. Mais voilà : un an et demi après la sortie de Jozef et une flopée de concerts assurés, Alias a eu comme une envie de passer à autre chose.

“Je suis éternellement insatisfait, reconnaît-il. T’as les cheveux courts tu veux les cheveux longs, t’as les cheveux longs tu veux les cheveux courts !” Métaphore capillaire pour signifier qu’après avoir usé (sans jamais abuser pour autant) des pédales fuzz et aspergé ses morceaux de couleurs psyché, il s’est totalement délesté des guitares pour la suite. Quant à sa tignasse (puisqu’il en parle), elle lui arrive aux épaules et, information cruciale qui nous offre une brève incartade, sera teinte en bleu lors de son passage aux Inrocks Super Club, le 24 avril à Paris.

Envies de changement à tout point de vue, donc. Avec Jozef, j’en ai bouffé des prises de guitares, des sons fuzzy, des grosses distorsions… J’ai voulu faire une pause de ça […] Peut-être que je m’éloigne des clichés rock”, analyse-t-il, pointant la récurrence de la structure instrumentale du genre.

Je pense qu’il y a du positif dans le chaos et qu’il faut le laisser s’exprimer des fois”

Hypothèse qui se vérifie : Embrace Chaos, son nouveau disque paru le 19 avril, a été composé sans une once de guitare. C’est vraiment fait à partir de synth passés dans des pédales fuzz, d’arpégiateur, de modulaires, de drums, c’est très ambient et très rythmique, je voulais que cela fonctionne bien ensemble sans mettre de couches en plus”, explique l’artiste. Comment décrire ce second album ? “Chaotique, badine-t-il. Parce qu’il y a plein de styles mélangés, rap, dark pop, hyperpop, dreamy pop…” Et de poursuivre : “C’est un gros bordel de plein d’émotions que tu as en toi, puis que tu laisses sortir d’un coup. Je pense qu’il y a du positif dans le chaos et qu’il faut le laisser s’exprimer des fois, le laisser prendre le contrôle de nos actes ou de nos paroles.”

Heureux maëlstrom

Un chaos d’où jaillit, pour ce second disque, une douzaine de titres taillés pour la scène : en concert, Alias veut “que ce soit plus violent, plus sauvage […] un cran plus fort, plus bordélique et distorsionné”. Car “voir un show parfait qui ressemble à l’album, ça [le] fait chier”. Lui préfère les aspérités et les erreurs, qui “te font comprendre que tu as des humains en face de toi […] et qui donnent un côté réel et organique au live”. La scène est ainsi un espace de liberté où Alias se plaît à performer avec légèreté. “J’aime bien m’y déguiser, au sens littéral : je rentre dans un personnage et je m’amuse, c’est plus du théâtre qu’autre chose”, livre-t-il.

Qui dit nouvel album dit nouvelle direction artistique : Alias va troquer sa combinaison rouge – enfin celle de Jozef, qu’il revêtait à chaque concert jusqu’à présent – contre “un style beaucoup plus éclaté”, constitué de reliques d’un de ses voyages à New York. Ville où, il l’assure, “les gens sont très inspirants et sans limites dans leur style”. À lui les grillz et les joggings pour cette nouvelle tournée, donc, laquelle s’ouvrira d’ailleurs par son escapade à Paris.

Une échéance qui se rapproche et pour laquelle il essaie de se conditionner. “C’est un peu comme préparer un match de boxe : tu te prépares un peu mentalement, et une fois que tu y es, y a plus rien d’autre qui existe que ça. Là, j’essaie d’avoir une vie saine, pas trop boire, bien manger”, raconte-t-il. Nul doute qu’il sera prêt à chausser les gants et monter sur le ring de La Boule Noire, mercredi 24 avril. Avec, sous le coude, le précepte “Embrace Chaos” plutôt que le désir de nous mettre K.O. 

Qui est Fishtalk, le groupe noise qui sonne le glas du rock à papa ?

Par : Louise Lucas
9 avril 2024 à 15:46

“L’idée n’est pas de se remettre dans une posture qui avait du sens il y a quarante ans. On est dans un contexte nouveau et il faut faire de la musique qui a du sens aujourd’hui”, avançaient les Psychotic Monks dans nos colonnes, en 2019. Soit composer une musique corrélée à la marche du monde et ses tressaillements, son agitation, ses vicissitudes – se faire porte-voix des affres de l’époque, en somme.

Voilà qui traçait déjà le chemin qu’une frange de la scène indépendante allait emprunter dans la foulée : celui d’une musique noise au propos acéré, reflet d’un moment politique et social qui ne laisse plus de place au futile. Un mouvement auquel Fishtalk n’a pas tardé à se rallier. 

Filiation 

À leurs débuts, Mathilde Gresselin (chant, basse, synthé), Valentin Moncler (batterie, production), Ismaël et Corentin Maretheu (guitares) manipulaient plutôt des textures vaporeuses aux couleurs shoegaze, matière sonore sur laquelle se déployait la voix de Mathilde, éthérée. Un choix artistique fidèle à leurs influences d’alors, régies par Slowdive ou Blonde Redhead… mais plus vraiment d’actualité aujourd’hui. 

“On est un peu ce qu’on bouffe”, analyse Mathilde à ce propos lorsque l’on rencontre le groupe, une matinée pluvieuse et un brin maussade – météo propice à plonger dans les guitares brumeuses qui font le shoegaze, par ailleurs. “Avant, on écoutait des trucs vachement plus doux […] puis on a découvert des choses beaucoup plus abrasives. Nos influences ont changé et naturellement, on s’est mis à faire plus de bruit.” Parmi ces influences, entre autres : les New Yorkais de Model/Actriz, Arca, l’illustre Kim Gordon… Et, sans surprise aucune, les Psychotic Monks – pour qui le quatuor a d’ailleurs assuré une poignée de premières parties, l’année dernière.

Les Psychotic Monks ont pavé la route pour des gens comme nous

Car en flairant une certaine filiation entre ces dernier·es et Fishtalk, il semble que l’on ne soit pas complètement à côté de nos pompes. “C’est une analogie que les gens font beaucoup, et nous aussi par la force des choses”, amorce Mathilde. Et ce, “pour tout ce qu’iels représentent, et dont on pensait que ça n’existait pas dans la scène rock en France, à savoir des personnes queer qui ne jouent pas sur les codes de la masculinité”, complète Corentin. Avant de renchérir : “Iels ont pavé la route pour des gens comme nous.” Manière de saluer l’audace de leurs aîné·es, avec qui les quatre musicien·nes partagent esthétique musicale et valeurs.

Un propos féministe sans équivoque 

Fishtalk ne se contente pas d’étendre sa palette sonore pour mieux la triturer, non, le groupe se plaît aussi à lacérer l’imagerie rock pour mieux la remodeler. Et ce, par les représentations autant que par le propos, lesquels sont “indissociables”, assure le groupe. “Ce n’est pas un hasard si, à partir du moment où l’on a commencé à faire une musique plus noise, on a revendiqué des choses plus spontanément. Même notre manière de nous présenter sur scène a changé… Tout ça fait partie d’un tout, on devient plus explicite dans ce qu’on a envie de dire”, détaille Corentin. 

Voilà le fruit d’un cheminement personnel avant d’être collectif, nourri par leurs expériences intimes comme artistiques. “Ces dernières années, beaucoup de choses se sont passées dans nos vécus, on a fait nos coming-out, on a découvert notre queerness après la formation du groupe…”, retrace Mathilde. “Et même grâce au groupe et à la scène”, abonde Ismaël.

Cela se ressent dans leur plume. Alors que le premier EP du groupe – Shutdown, sorti en 2021 – se voyait parsemé d’une poésie intime, explorant la douleur du deuil ou celle des au revoir, le second – OUT, à paraître le 19 avril prochain – impulse un projet légèrement plus radical… “Brûler le patriarcat”, indique Mathilde. Voilà qui transparaît dans chacun des titres qui y figurent, à commencer par l’orageux Men Are Dead, premier single extrait du disque en question.

“Certaines chansons sont teintées de violences patriarcales, de périodes assez difficiles… C’est la colère et la souffrance qui font que les textes sont devenus un peu énervés et féministes”, livre l’artiste, en conservant une forme de pudeur. Les prononcer sur scène lui permet justement d’“évacuer” cette douleur solitaire pour “en faire un truc collectif”.

Repenser les espaces 

Par la force des choses, les concerts deviennent ainsi de nouveaux espaces de réflexion et les membres de Fishtalk s’en saisissent, en tant que musicien·nes mais aussi en tant que public. Mathilde en est persuadé, ce qui se trame de part et d’autre de la scène a le “pouvoir de modeler les imaginaires, les rêves, les envies des gens”. “J’ai de plus en plus de mal à recevoir un concert où l’énergie que l’on me renvoie est agressive et masculine… Pareil avec les groupes qui renvoient une image tellement boys club avec ce côté ‘on met un pied sur le retour et on transpire la testostérone’”, cingle ensuite Corentin. 

“Il y a un truc dans l’image du groupe de rock auquel je n’ai pas du tout envie que l’on s’apparente”

Des concerts – ou messes viriles, c’est selon – qui ne leur inspirent que de la méfiance et les poussent à vouloir en redessiner les contours. “Il y a un truc dans l’image du groupe de rock auquel je n’ai pas du tout envie que l’on s’apparente. Donc c’est important d’en faire plus, de performer le truc un peu queer pour se désolidariser du côté mascu”, poursuit-iel. Mathilde acquiesce, iel qui n’hésite pas à “[rembarrer] automatiquement” les grands gaillards “qui gueulent” lorsqu’iel et ses compères performent, “parce que c’est naze en fait”.

Savoir veiller sur son public

Une vigilance sans doute nécessaire pour faire de la scène un lieu d’affirmation de soi. Iels assurent justement y voir une responsabilité : celle de déconstruire l’image de tour d’ivoire qu’elle inspire parfois et ainsi veiller sur les gens qui les écoutent. Car, en tant qu’artiste, “tu as une influence sur ce qui se passe dans la salle”. “Ça invite à être attentif et même si l’on ne trouve pas forcément les réponses, ça pose les questions de comment faire pour que les personnes s’y sentent bien. Elles viennent exprès pour nous voir, alors on a envie de créer un espace safe pour elleux”, insiste Valentin, batteur et producteur du groupe.

Une sensibilité qui augure de nouvelles perspectives plus affables pour les cultures underground. Si l’on a longtemps consenti, en concert, à recevoir moult pluies de bières, le coup de pied maladroit d’un dadais qui slame ou bien ses coudes dans l’échine en plein pogo, est sans doute venu le moment de repenser tout ce folklore – pour le meilleur. Après tout, la douceur n’a-t-elle pas elle aussi sa place dans les fosses ?

Fishtalk en concert à La Boule Noire, à Paris, le 24 avril aux Inrocks Super Club, avec Alias et Maïcee. Vous pouvez réserver vos billets à cette adresse. OUT (Petite Biche Records), sortie le 19 avril.

Voici la programmation des Inrocks Super Club du 24 avril 2024

Par : Théo Lilin
3 avril 2024 à 13:00

Fishtalk

Des couleurs noise et des textes d’une poésie franche, politique, presque éperdue. Si Fishtalk a fait son arrivée sur la scène indé en tissant d’abord des atmosphères vaporeuses, il les nourrit désormais de textures bruitistes et électrisantes – signe d’un propos artistique qui se meut et s’approfondit. La voix de Mathilde Gresselin, éthérée, explore ainsi des facettes plus sombres, passant du spoken word aux cris viscéraux. Aux côtés de Valentin Moncler (batterie, chant), Ismaël et Corentin Maretheu (guitares), il·elles investissent la scène sans réserve, l’érigeant comme l’ultime espace d’affirmation de soi.

Alias

Sa musique est à l’image de son parcours, lui-même à l’image du personnage. Comment présenter Alias ? Avant tout comme un artiste habité, industrieux et prolifique, qui manipule sonorités, genres, émotions à l’envi… Et se fait un malin plaisir à nous conduire devant l’édifice musical façonné par ses soins : un rock aux mille reliefs, tantôt psyché, dance-punk, hip hop, dansant, halluciné… Issu du jazz, Emmanuel Alias a d’abord composé pour des séries, puis s’est occupé de productions pour le Cirque du Soleil, avant de sortir une poignée de singles et un EP suivi d’un premier album-concept, Jozef, contant l’histoire d’un tueur en série (cela ne s’invente pas). Et puisque son univers fourmille autant que ses idées, Alias dévoilera un second disque cette année.

Maïcee

Loin de la trap house florissante dans le paysage rap actuel, Maïcee fait bande à part et impose son propre style, original en tous points : des paroles distillées avec assurance dans un anglais clinique, sur des productions électroniques ultra puissantes. Le résultat tient de l’imperceptible, passant d’une voix autotunée et des réverbérations poussées à l’excès (Fool) à des productions purement pop (Honey Honey) voire futuristes. Poser une étiquette sur la musique de Maïcee relève donc de l’impossible. Sur son premier EP, I Think My Brain Is Weird, sorti il y a tout juste un an, l’artiste prend appui sur ses textes, en proie à l’introspection plus qu’à un egotrip rutilant et superficiel, pour tracer les contours de son identité, volontairement hors de toute norme.

Les Inrocks Super Club, le 24 avril à La Boule Noire, avec Alias, Fishtalk et Maïcee. Vous pouvez déjà réserver vos billets à cette adresse.

Les concerts à ne pas rater en avril 2024

Par : Théo Lilin
2 avril 2024 à 16:04

Liam Gallagher & John Squire – La Salle Pleyel, 2 avril 

Après des retrouvailles sur un seul et même disque, Liam Gallagher et John Squire, respectivement ex-membres d’Oasis et des Stone Roses, vont concrétiser ce soir cette communion sur la scène de La Salle Pleyel pour un concert unique – donc inratable –, où le chanteur et le guitariste vont enchaîner en live les morceaux extraits de leur album à quatre mains Liam Gallagher & John Squire.

Lescop – La Cigale, 4 avril

De retour avec son troisième album Rêve parti, attendu depuis huit ans, Mathieu Peudupin, dit Lescop, s’est entouré de Laura Cahen, Izïa et Halo Maud. En pleine tournée hexagonale, Lescop s’arrête le 4 avril à La Cigale pour une étape parisienne – avec ou sans invitées ¿

Oneohtrix Point Never – Le 104, 9 avril

Le 9 avril prochain, les tonalités planantes et mélancoliques de son dernier album Again risquent bien de résonner dans l’antre du 104. Ce soir-là, il faudra observer Oneohtrix Point Never, alias de l’artiste Daniel Lopatin, qui compte aussi dans son escarcelle des collaborations avec The Weeknd, FKA Twigs ou Iggy Pop.

Maya Dunietz – La Bourse de Commerce, 12 et 13 avril

Un piano, une vague jazz et des ballades chic, c’est ainsi que l’on peut décrire simplement l’œuvre de la musicienne de Tel-Aviv, riche de compositions surprenantes et novatrices. Après un premier album Thank You Tree sorti le 25 août, l’artiste viendra combler l’atmosphère à La Bourse de Commerce, les 12 et 13 avril, et interpréter des œuvres de Emahoy Tsegué-Maryam Guèbrou ainsi que des compositions originales arrangées pour cordes, en hommage à la compositrice éthiopienne.

The Jesus and Mary Chain – Élysée-Montmartre, 13 avril

Quarante ans de carrière, ça se fête – et si possible sur les scènes. Au lendemain de la sortie de Glasgow Eyes, disque avec lequel ils signent leur grand retour musical, The Jesus and Mary Chain mettent fin à une poignée d’années hors des radars et s’élancent dans une tournée mondiale. Des pérégrinations qui conduiront l’illustre duo à Paris, pour une seule et unique date tricolore, où se conjugueront retrouvailles émues et réminiscences shoegaze.

Les Inrocks Super Club – La Boule Noire, 24 avril

Le rendez-vous mensuel des Inrocks propose de découvrir, comme à l’accoutumée, une poignée d’artistes émergents choisis avec soin. Cette fois-ci, investiront la scène de La Boule Noire : le groupe noise Fishtalk, Alias et son rock aux mille facettes – psyché, dance-punk, hip-hop… – de même que les sonorités électroniques et expérimentales de Maïcee, qui rappe et chante sans inhibition aucune.

Dry Cleaning – La Gaîté Lyrique, 26 avril

Voilà, à notre humble avis, l’un des groupes les plus hypnotisants du moment : Dry Cleaning. Une voix grave et incantatoire – celle de Florence Shaw – des guitares parfois dissonantes et des tempos tantôt nonchalants, tantôt hâtifs… Des ingrédients qui font le succès du quatuor londonien, lequel vient tout juste de rééditer ses deux premiers EP (Boundary Road Snacks and Drinks et Sweet Princess) sur le label 4AD. Et il s’apprête, pour l’occasion, à parcourir les routes européennes et françaises. Ces dernières les mèneront justement à Paris, où les quatre musicien·nes se produiront La Gaîté Lyrique. Ça promet.

Cat Power – Folies Bergère, 28 et 29 avril

Non pas un, mais deux rendez-vous. Cat Power offrira une paire de concerts au public parisien, cinq mois après la sortie de Cat Power Sings Dylan: The 1966 Royal Albert Hall Concert – album live enregistré à Londres, où l’Américaine s’attelait à reprendre le répertoire de Bob Dylan. Cette fois-ci, c’est dans l’antre des Folies Bergère que résonnera sa voix de velours, deux soirées consécutives.

Whisper, Cesar Precio et Ethyos 440 : Les Inrocks Super Club réinvestit la Boule Noire

29 mars 2024 à 07:00

Cette semaine Les Inrocks Super Club réinvestissait la Boule Noire après trois mois de pause. Whisper, Cesar Precio et Ethyos 440 se sont succédé sur la scène de la salle du boulevard Rochechouart, à Paris.

Un murmure très audible

Whisper, d’abord. Vous l’avez peut-être déjà croisée sans le savoir, puisqu’elle est la guitariste de Disiz en tournée. La musicienne avait la lourde tâche d’inaugurer la soirée avec sa guitare dans une formule one-woman band qui a cristallisé l’instant. Ballades emo, chansons, saillies indie-rock : Whisper a traversé un large spectre de la musique pour gratte avec une certaine classe et un charisme certain, qui avaient déjà fait mouche quand on l’avait croisée aux côtés de l’ami Disiz lors de sa dernière tournée. Un EP arrive d’ici l’été, paraît-il. À suivre.

Un noble projet

C’était ensuite le tour de Cesar Precio, le projet de Brice Lenoble (déjà vu chez Biche). Huit musiciens sur scène et une guest, Alexia Gredy, pour un set riche en trouvailles instrumentales. Deux singles sont d’ores et déjà en écoute, Solitude mon amour et Moitié soleil, moitié lune, en attendant un premier album à paraître plus tard cette année. Un beau travail sur les harmonies, des références allant de la sunshine soul aux belles inventions de Broadcast, Cesar Precio a plongé la salle dans une torpeur en forme de mirage l’espace de quelques instants.

Une rencontre foudroyante

Enfin, Ethyos 440 a fini par débarquer. Soit la rencontre acide entre L’Éclair – formation de Genève à la lisière du kraut et du jazz dont certains membres accompagnent le pote Varnish La Piscine sur scène – et Dj Laxxiste A. Full instrumental, ces musiciens confirmés ont transformé la salle de la Boule Noire en jungle moite. Dub sous influence EDM, Ethyos 440 a aussi une présence sur scène évoquant, de loin et grâce au jeu de lumières qui fait de chacun des membres des silhouettes, des Kraftwerk en mouvement.

Un EP est sorti en octobre dernier, Aquila Rift. Après une édition des Inrocks Festival à guichet complet fin février, le magazine et le producteur de spectacles Super, ont par ailleurs annoncé un Trabendo (Paris, XIXe) le 23 mai prochain, avec une carte blanche au mythique label Italians Do It Better. Desire et Johnny Jewel sont déjà inscrits au line-up, dont les prochains noms seront bientôt révélés. Les Inrocks, c’est bien sur le papier. C’est aussi super en live.

Édito initialement paru dans la newsletter musique du 29 mars 2024. Pour vous abonner gratuitement aux newsletters des Inrocks, c’est ici !

Sessions jam, prods maison, lives de 3 heures : on vous présente Ethyos 440

Par : Théo Lilin
26 mars 2024 à 16:42

Tout est parti d’une soirée à Genève. Ce soir-là, c’est DJ Laxxiste A., de son vrai nom Adrien, qui mixe. Celui-ci croise le chemin des membres du groupe L’Éclair : “Il ramenait beaucoup d’artistes dans tous les bons clubs de la ville”, se souvient Stefan, guitariste du groupe, également formé par Elie (basse) et Sébastien (synthé). De cette rencontre est né un objectif commun : intégrer toute l’énergie d’un groupe de musique en club.

“La musique de L’Éclair est devenue de plus en plus dansante, et on s’est dit qu’on devait faire un side project ensemble, qui serait décisivement plus club, et vraiment jouer en soirée, et pas à des horaires de groupe, mais plutôt après minuit.” C’est là que prend réellement forme Ethyos 440 : quatuor attiré par l’énergie du live, le lâcher-prise suscité par les moments d’improvisation, et surtout une musique organique, mêlant dub, expérimentations synthétiques, boîtes à rythmes et une bonne dose de groove.

Du son à la maison

Octobre 2023, Ethyos dévoile son second EP, un quatre titres mélangeant boucles vocales, accords de guitare et breakbeat. S’ils devaient citer une influence, ce serait Aphex Twin, son album d’ambient. Il est très inspirant pour tous les projets auxquels on travaille. C’est une touche qui se retrouve dans L’Éclair et dans Ethyos, il nous a beaucoup influencé dans la recherche synthétique”, expliquent-ils. Le groupe puise aussi son inspiration vers “la scène de Manchester, des remixes dance de morceaux rock”.

Lorsqu’ils ne foulent pas les scènes des clubs de Genève ou d’ailleurs, c’est chez Adrien que le groupe se retrouve. Dans ce home studio improvisé, les quatre se retrouvent autour du set-up du DJ de la bande pour créer de nouveaux sons. “On répète toujours dans la chambre d’Adrien, donc ça dépend d’où il habite, chaque nouvel endroit c’est un peu sa nouvelle incarnation (rires). On prend toute la place dans la chambre.” Même rituel, lorsqu’il s’agit de trouver les morceaux de leur prochain disque : le groupe enchaine les jams, pendant 45 minutes”, voire des heures”, appuyées par les couches de batterie” rajoutées par Adrien. « Et puis, on doit essayer de couper ça pour sortir un EP à un moment donné, c’est assez proche du krautrock. À l’époque, c’était de l’électronique naissante, pas aussi performante qu’actuellement. Là, on peut vraiment exécuter cette fusion sans limites.

Condenser 3 heures de live en 50 minutes

Mais, il n’y a pas qu’en studio que les musiciens se livrent à des séances d’improvisation. Sur scène aussi, une certaine part est accordée aux jams de chacun avec son instrument. Signe de l’importance du live band pour Ethyos 440, à l’heure du foisonnement des DJ et où le groupe de musique peut paraître assez vieux jeu, regrettent-ils.

Avant les Inrocks Super Club à la Boule Noire le 27 mars, le groupe prévient : “le live d’Ethyos, c’est censé être assez drôle. Mais c’est particulier, parce qu’on devra le condenser en 50 minutes, alors que récemment on a plutôt fait des lives de 3 heures”. Un vrai défi donc pour le groupe, qui souhaite à l’avenir essayer de condenser ses performances live. “Au final, c’est hyper bien de réussir à faire un set de 45 minutes, surtout que les gens n’ont pas une attention illimitée non plus. Donc, si t’arrives à tout mettre en 50 minutes ça peut être assez cool”, assurent-ils. Affaire à suivre.

Les Inrocks Super Club le 27 mars à La Boule Noire, billetterie ici.

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