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Box-office France : Artus domine avec “Un p’tit truc en plus”, “Le Tableau volé” décolle

3 mai 2024 à 13:49

Pour son premier film en tant que réalisateur, Artus enregistre un démarrage exceptionnel. Avec près de 280 000 entrées écoulées (en comptant les avant-premières), le film détrône même le géant Dune : deuxième partie qui avait enregistré 260 811 entrées lors de sa sortie, en février dernier. Premier film dans 9 cinémas sur 10 avec une moyenne par copies remarquable, ayant attiré 555 spectateur·ices en moyenne par salle, Un p’tit truc en plus réalise ainsi le meilleur démarrage de 2024 et peut espérer atteindre les trois millions d’entrées en fin d’exploitation. Un score qui, pour le moment, ferait de la comédie le plus gros succès français de l’année.

Débuts réussis pour Le Tableau volé et État limite

Si le nombre exceptionnel d’entrées écoulées par Un p’tit truc en plus fait de l’ombre aux autres sorties de la semaine, plusieurs films enregistrent pourtant de bons débuts en salle. Le Tableau volé de Pascal Bonitzer a ainsi écoulé 30 317 entrées hors avant-première et devrait probablement passer la barre des 500 000 d’ici la fin de son exploitation. Un score supérieur à ses précédents films puisque Tout de suite maintenant, sorti en 2016, avait seulement attiré 10 188 spectateur·ices lors de son premier jour en salle, avant d’atteindre 173 202 entrées au total. Cherchez Hortense, sorti en 2012, et mettant en scène Jean-Pierre Bacri, avait connu un succès plus proche avec 27 066 entrées écoulées lors de son premier jour et un total de 492 275 billets vendus sur l’ensemble de sa carrière au cinéma.

Au vu de son nombre réduit de copies (36), le démarrage plutôt réussi du documentaire État limite de Nicolas Peduzzi est également notable. Avec une moyenne par copie de 25 et 912 billets vendus (1 485 en comptant les avant-premières), le film permet au réalisateur d’enregistrer son meilleur démarrage en salles françaises. Ghost Song, sorti en 2022, avait seulement écoulé 374 entrées lors de son premier jour tandis que le chiffre s’abaisse à 128 pour Southern Belle (2018).

De remarquables tenues

Après un démarrage assez réussi, Une famille a largement dépassé les espérances, puisque le documentaire de Christine Angot a atteint les 75 000 entrées cette semaine selon le compte X Le Box-office en France et dans le Monde. En salles depuis sept semaines, le film espère désormais atteindre 100 000 spectateur·ices. 

Côté cinéma américain, Back to Black a quant à lui passé la barre des 350 000 entrées, comptant désormais 367 818 billets vendus. D’après Le Film français, le biopic sur Amy Winehouse est également parvenu à détrôner Kung Fu Panda 4 –  pourtant quasiment immuable depuis sa sortie – en tête des entrées en France.

“Le Tableau volé”, “Jusqu’au bout du monde”, “État limite”… Voici les sorties de la semaine !

30 avril 2024 à 15:00

Le Tableau volé de Pascal Bonitzer

Le monde de la vente d’objets d’art est décrit avec une mine d’informations fort précises et tout à fait passionnantes, et chaque personnage porte sa part de romanesque, de secret et de folie. 

La critique de Jean-Baptiste Morain

Jusqu’au bout du monde de Viggo Mortensen

On passe ces deux heures dans un état certes pas de désolation, mais de franche perplexité, que ne dissipent ni l’épure de la mise en scène ni le rigoureux prosaïsme du récit – impression d’un film pour rien, quasi irréprochable dans son costume de mélo historique néo-académique, mais parfaitement stérile. 

La critique de Théo Ribeton

La Fleur de Buriti de João Salaviza et Renée Nader Messora

Contemplative et quasi spectrale, l’image 16 mm […] dépasse, dès le prologue, le terrain de la pure ethnographie pour nous projeter au cœur d’une expérience sensorielle saisissante, enrichie par l’impressionnant travail d’immersion sonore sur les pulsations de la flore. Une hybridation des images qui permet de mieux cerner les spécificités des croyances ancestrales du peuple et son rapport politique au territoire.

La critique de Ludovic Béot

État limite de Nicolas Peduzzi

État limite navigue le long des seuils, dans des couloirs interminables et surchargés, entre deux portes ou deux lits, où des échanges se font entre docteur et patient·es, toujours sur la brèche. Ils sont ces endroits de transition où la parole circule, souvent avec célérité, cruciale et salvatrice.

La critique d’Arnaud Hallet

L’Ombre du feu de Shin’ya Tsukamoto

Film en point d’interrogation, qui nous laisse sciemment interdit, L’Ombre du feu est un curieux objet, virtuose dans son premier acte, nébuleux dans son second, hypnotique de bout en bout.

La critique de Léo Moser

Border Line de Juan Sebastián Vásquez et Alejandro Rojas

Tout un ballet bureaucratique et d’emprise se met en place dans un théâtre à l’éclairage net, tel un tribunal, où tout est froidement analysé. L’intimité, progressivement et cliniquement mise à mal, y devient alors le dernier rempart possible. La dernière frontière. 

La critique d’Arnaud Hallet

“Le Tableau volé” décortique avec malice le monde du commerce d’art

28 avril 2024 à 07:00

André Masson (comme le peintre) est commissaire-priseur dans la célèbre maison de ventes Scottie’s. Être cynique, direct, sans grand tact et l’assumant (joué avec talent par Alex Lutz), il a une stagiaire, Aurore (Louise Chevillotte, hilarante), qu’il rudoie volontiers. À vrai dire, elle n’est pas très franche du collier puisqu’elle ment tout le temps, à tout le monde (y compris à son père, le génial Alain Chamfort, “jeune” acteur découvert dans Don Juan de Serge Bozon) et à tout propos.

Ce duo improbable, destiné à ne pas durer, reçoit un jour la lettre d’une jeune avocate (Nora Hamzawi) qui pense avoir retrouvé une toile d’Egon Schiele à Mulhouse, chez les Keller – un jeune ouvrier, Paco (Matthieu Lucci, vu dans La Fille d’Albino Rodrigue de Christine Dory), qui vit seul avec sa mère (Laurence Côte, grande actrice rivettienne). Aurore et André s’y rendent, en compagnie d’une autre experte, l’ex-épouse d’André, Bertina (Léa Drucker, toujours épatante), sans grande illusion sur ce qu’il et elles vont trouver.

À leur grande surprise, non seulement le tableau est vrai, mais il est célèbre pour avoir été spolié à une famille juive par les nazis en 1939. On avait perdu sa trace. Il vaut une fortune. Les Keller ne demandent rien. Les Wahlberg, héritier·ères américain·es des propriétaires du Schiele, veulent le vendre. Masson jubile, parce qu’il est convaincu qu’il va être choisi pour organiser la vente aux enchères. Seulement, dans l’ombre, l’avocat des Wahlberg complote contre lui. On craint aussi à un moment que des copains de Paco subtilisent le Schiele… Les trois femmes, les trois “fées” de Masson, en secret (également des spectateur·rices, qui comprendront a posteriori ce qui s’est passé – c’est l’un des plaisirs que procure le film), vont se lier et s’allier pour tenter d’arranger les choses.

Le titre rappelle L’Hypothèse du tableau volé de Raoul Ruiz, dont Pascal Bonitzer avait été à plusieurs reprises le scénariste. Le monde de la vente d’objets d’art est décrit avec une mine d’informations fort précises et tout à fait passionnantes, et chaque personnage porte sa part de romanesque, de secret, de folie. Le récit est huilé, réglé et précis comme une horloge suisse, ménageant d’étonnantes surprises, une circulation de désirs à laquelle on ne s’attendait pas forcément. Et puis la fin, surtout, est extrêmement émouvante, chose assez rare dans le cinéma de Bonitzer, notamment la scène où toute la famille Wahlberg applaudit et remercie chaleureusement le jeune Paco.

Cette histoire (le Schiele spolié, les retrouvailles dans une modeste maison de Mulhouse, etc.) est fidèlement inspirée de faits réels, advenus en 2000. Pour une fois, c’est non seulement une joie d’apprendre que de tels événements arrivent, mais aussi que le réel peut accoucher d’un très bon film.

Le Tableau volé de Pascal Bonitzer, avec Alex Lutz, Léa Drucker, Nora Hamzawi, Louise Chevillotte (Fr., 2024, 1 h 31). En salle le 1er mai.

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