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46e édition du Cinéma du réel : la radicalité esthétique comme arme politique

Par : Robin Vaz
3 avril 2024 à 12:11

Ce dimanche 31 mars s’est achevée la 46e édition du Cinéma du réel, un festival qui s’est donné la vertueuse mission de projeter les formes les plus innovantes du cinéma documentaire contemporain.

La radicalité de ces films, souvent expérimentaux, devient la condition nécessaire pour faire advenir une appréhension nouvelle du monde, comme en opposition à toutes ces images que l’on voit sans les regarder, qui se laissent appréhender avec les mêmes grilles de lecture préétablies.

À ce titre, Direct Action de Guillaume Cailleau et Ben Russell (récompensé par le Grand Prix) fut l’un des films les plus puissants de la compétition. Tourné pendant deux ans dans la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, le film présente une contre-image de la couverture médiatique sensationnaliste, qui s’est largement limitée à montrer les affrontements violents des écologistes contre les répressions policières. Composé de plans longs, souvent fixes, concentrés sur les actions quotidiennes de la ZAD, ces 3 h 30 de film nous invitent à habiter ses images, en créant un rythme méditatif et accueillant. L’action directe ne s’y réduit pas aux altercations, mais consiste aussi à inventer un nouveau partage du temps, obéissant à une unité de mesure alternative, loin de toute logique productive. En creux, Direct Action offre ainsi un démenti vigoureux des entreprises de falsification du réel, portées notamment par le discours du gouvernement qui qualifiait l’action des Soulèvements de la Terre d’“écoterrorisme”.

Un regard inédit

D’une tout autre manière, Soundtrack to a Coup d’État de Johan Grimonprez a lui aussi proposé une fabuleuse entreprise de démystification en investissant toute la richesse formelle offerte par le montage. Ce grand maelström d’images d’archives s’intéresse à l’instrumentalisation politique du jazz par les États-Unis lors de la guerre froide, en revenant plus précisément sur l’indépendance du Congo. Le jazz n’est pas uniquement le sujet et la bande originale du film, mais sert aussi de principe rythmique et critique à un montage virtuose. Syncopes et contretemps deviennent les outils du cinéma, par lesquels les images viennent se contredire les unes les autres ou créer des associations originales entre un concert de Louis Armstrong et un discours de Khrouchtchev. En empruntant aussi bien aux clips qu’à Godard, cet art du détournement désinvolte fait émerger un récit historique nouveau et exaltant.

Opposer aux discours, images et narrations consensuelles, un regard inédit sur le monde et son histoire en sollicitant notre esprit critique – c’est sans doute là, l’une des perspectives politiques les plus fertiles offertes par le cinéma.

Édito initialement paru dans la newsletter Cinéma du 3 avril. Pour vous abonner gratuitement aux newsletters des Inrocks, c’est ici !

Le Cinéma du réel 2024 révèle son palmarès  

Par : Arnaud Combe
2 avril 2024 à 14:36

Pour sa 46e édition, le Cinéma du réel, qui œuvre à représenter la diversité de la production documentaire mondiale la plus inventive de notre époque à travers une sélection de 37 films, a couronné du Grand Prix le film Direct Action du français Guillaume Cailleau et de l’américain Ben Russell, déjà honoré du prix du meilleur film dans la section Encounter lors de la dernière Berlinale.  

À rebours des récits télévisuels sensationnalistes et des conventionnalismes militantistes, le film de Cailleau et Russell, (déjà connu pour avoir enquêté sur le quartier anarchiste d’Athènes, Exarcheia, en 2011, pendant les manifestations contre l’austérité), long de trois heures trente se propose de documenter, par le truchement d’un ensemble de plans-séquences souvent fixes, des gestes de travail quotidien d’une communauté de militant·es composée de squatter·euses, d’anarchistes, d’agriculteur·ices et de dits “écoterroristes” à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes.  

Le palmarès complet

Prix international Cinéma du réel 2024
Mention spéciale
Tú me abrasas de Matias Piñeiro
Prix
Silence of Reason de Kumjana Novakova

Prix Cnap du film français 2024
Mention spéciale
Voyage à Gaza de Piero Usberti
Prix
Les mots qu’elles eurent un jour de Raphaël Pillosio

Prix Sacem 2024
La Laguna del soldado de Pablo Álvarez-Mesa

Prix des Jeunes – Ciné + 2024
Mention spéciale
Les mots qu’elles eurent un jour de Raphaël Pillosio
Prix
Sauve qui peut d’Alexe Poukine

Court métrages
Prix du premier film Loridan-Ivens 2024
The Roller, the Life, the Fight de Elettra Bisogno et Hazem Alqaddi

Prix du court métrage 2024
Mention spéciale
Light, Noise, Smoke and Light, Noise, Smoke de Tomonari Nishikawa
Prix
The Periphery of the Base de Zhou Tao

Prix Tënk 2024
Longtemps, ce regard de Pierre Tonachella

Première fenêtre
Prix du public Première fenêtre 2024
Fatmé de Diala Al Hindaoui

Autres prix
Prix Clarens du Documentaire Humaniste 2024
The Roller, the Life, the Fight de Elettra Bisogno et Hazem Alqaddi

Prix des bibliothèques 2024
Mention spéciale
Sauve qui peut d’Alexe Poukine
Prix
Resonance Spiral de Filipa César et Marinho De Pina

Prix du patrimoine culturel immatériel 2024
Sous les feuilles de Florence Lazar

Prix des détenus 2024
Camarades d’Ulysse Sorabella

Coup de cœur Orlando 2024
Green Line de Sylvie Ballyot

Prix Préludes 2024
Site 2 de Rithy Panh

Prix Route One/DOC 2024
Fantômes de Rita Renoir de Paul Bacharach
et Rêvations Numéricales de Sylvain Arrivé

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