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Pour ses 20 ans, Cannes Classics nous promet une riche programmation

Que ce soient des chefs-d’œuvre reconnus ou des films plus confidentiels, la section Cannes Classics œuvre depuis vingt ans à présenter des films patrimoniaux dans des copies restaurées. Après avoir appris que la première partie du Napoléon d’Abel Gance ouvrira Cannes Classics, la sélection célébrera de nombreux anniversaires lors de cette édition 2024 dans un programme extrêmement riche et varié. 

Anniversaires et hommages

Pour fêter le centenaire de la Colombia, le Festival projettera Gilda, film de Charles Vidor sorti en 1946 et restauré sous la supervision de Grover Crisp. Paris Texas, lauréat de la Palme d’or en 1984, fêtera également ses 40 ans en présence de Wim Wenders. Le film ressortira en France le 3 juillet 2024.  

Il y a soixante ans, Les Parapluies de Cherbourg de Jacques Demy décrochait la récompense suprême au Festival de Cannes. Cette année, la société Ciné-Tamaris présentera une restauration 4K du chef-d’œuvre de Demy accompagné du documentaire de Florence Platarets, Jacques Demy, le rose et le noir.  

D’autres maîtres du cinéma seront également mis à l’honneur comme Akira Kurosawa en projetant une restauration 4K de son film culte Les Sept Samouraïsqui fête ses 70 ans. Frederick Wiseman sera présent pour assister à la projection de son film Law and Order, restauré en 4K à partir du négatif image 16mm. Raymond Depardon assistera à la projection de son film Les Années déclic, restauré en 4K sous la supervision de Claudine Nougaret.  

L’ultime film de Jean-Luc Godard

Après avoir projeté l’an passé Film annonce du film qui n’existera jamais : “Drôles de Guerres”, le Festival de Cannes diffusera de nouveau en première mondiale un film inédit de Jean-Luc Godard intitulé Scénarios. Décrit par le communiqué comme le “geste ultime de 18 min, réalisé, littéralement, la veille de sa mort volontaire”, Scénarios sera assurément un temps fort de Cannes Classics. Cette projection sera accompagnée d’un film de 34mn, “dans lequel, mêlant images fixes et images mobiles, à mi-chemin entre la lecture et la vision, [le cinéaste] exposait le projet de Scénarios.” Fabrice Aragno, assistant de Jean-Luc Godard, et Mitra Farahani, productrice, seront présents. 

Événements  

Gilda de Charles Vidor (1946)
Paris Texas, de Wim Wenders (Palme d’or 1984)
La Vérité est révolutionnaire – L’Aveu (2024) de Yannick Kergoat, écrit par Edwy Plenel ; l’un des dix  épisodes de la série documentaire “Le Siècle de Costa-Gavras”, consacré à l’histoire de L’Aveu (1970) 
Scénarios (2024), l’ultime film de Jean-Luc Godard
Les Sept Samouraïs d’Akira Kurosawa (1954)
Law And Order de Frederick Wiseman (1969)
Les Années déclic de Raymond Depardon (1984)
Bye Bye Brasil de Carlos Diegues
Les Parapluies de Cherbourg de Jacques Demy accompagné du documentaire Jacques Demy, le rose et le noir de Florence Platarets (2024)

Documentaires

Faye de Laurent Bouzereau (États-Unis)
Jim Henson Idea Man de Ron Howard (États-Unis)
Walking in the Movies de Lyang Kim (Corée du Sud)
Jacques Rozier, d’une vague à l’autre d’Emmanuel Barnault (France)
Elizabeth Taylor : The Lost Tapes de Nanette Burstein (États-Unis)
François Truffaut, Le Scénario de ma vie de David Teboul (France)
Il était une fois Michel Legrand de David Hertzog Dessites (France)

Copies restaurées

Viols en première page de Marco Bellocchio (Italie/France, 1972)
The Sugarland Express de Steven Spielberg (États-Unis, 1974)
Camp de Thiaroye d’Ousmane Sembène et Thierno Faty Sow (Sénégal/Algérie/Tunisie, 1988)
Johnny Got His Gun de Dalton Trumbo (États-Unis, 1971)
Rosora a la 10 (Rosaura à dix heures) de Mario Soffici (Argentine, 1958)
Tasio de Montxo Armendáriz (Espagne, 1984)
La Rose de la mer de Jacques de Baroncelli (France, 1947)
Bona de Lino Brocka (Philippines, 1980)
Manthan (The Churning) de Shyam Benegal (Inde, 1976)
Shanghai Blues de Tsui Hark (Hong Kong, 1984)
Quatre nuits d’un rêveur de Robert Bresson (France/Italie, 1971)

Cannes 2024 : l’affiche enfin dévoilée

Pour sa 77ème édition, le Festival de Cannes a choisi d’habiller la façade de son palais avec une image tirée d’une scène de Rhapsodie en août, l’avant-dernier long-métrage du réalisateur japonais Akira Kurosawa. L’affiche dévoile ainsi une famille, réunie sur un banc, qui scrute une Palme d’or irradiant au milieu de la nuit.

Présenté en hors compétition au Festival de Cannes en 1991, le film raconte l’histoire d’une grand-mère victime du bombardement de Nagasaki, le 9 août 1945, et qui transmet à ses petits-enfants et à son neveu américain sa foi en l’amour et en l’intégrité comme rempart contre la guerre.

“Dans un monde fragile qui interroge sans cesse l’altérité, le Festival de Cannes réaffirme une conviction : le cinéma est un sanctuaire universel d’expression et de partage. Un lieu où s’écrit notre humanité autant que notre liberté”, ont déclaré les organisateurs du festival dans un communiqué.

La beauté poétique, la magie hypnotique et l’apparente simplicité du cinéma. Le 77e Festival de Cannes s'affiche ! 🌕💙

La scène est extraite de Rhapsodie en août réalisé par Akira Kurosawa en 1991. L’avant-dernier film du grand maître japonais rappelle l’importance de se… pic.twitter.com/7SrHxOXwl9

— Festival de Cannes (@Festival_Cannes) April 19, 2024

“Dersou Ouzala” d’Akira Kurosawa : ressortie du chef-d’œuvre russe d’un maître du cinéma japonais

Fable humaniste et écologique, Dersou Ouzala occupe une place à part dans la carrière et la vie d’Akira Kurosawa (1910-1998), l’un des grands maîtres du cinéma nippon. En 1970, après l’échec critique et public de l’un de ses chefs-d’œuvre, Dodes’ka-den, Kurosawa est au plus mal. Il ne réussit plus à obtenir des financements pour ses films. En décembre 1971, il tente de se suicider en s’égorgeant.

Une opportunité inespérée

C’est le moment où la Mosfilm, la société de production cinématographique soviétique, lui propose de venir tourner en Russie. Le cinéaste japonais accepte, et propose de tourner un projet qu’il avait depuis les années 1930 : adapter deux livres de la trilogie autobiographique Dersou Ouzala écrite par l’officier-topographe et explorateur de la Sibérie orientale Vladimir Arseniev, La Taïga de l’Oussouri – Mes expéditions avec le chasseur gold Derzou (1921) et Dersou Ouzala : la Taïga de l’Oussouri (1923). Le film décrit les explorations d’Arseniev et de Dersou dans la vallée de l’Oussouri de 1902 à 1907.


Kurosawa, à 63 ans, après avoir réalisé une vingtaine de films (et non des moindres, comme Rashomon ou Les Sept Samouraïs), se lance dans une nouvelle aventure. Il part écrire avec quatre de ses collaborateurs habituels et tourner au fin fond de la Sibérie, dans des conditions climatiques difficiles. Le tournage dure près d’un an.

À la croisée des mondes

Dersou Ouzala est l’histoire d’une amitié entre deux hommes que tout semble opposer : un officier russe chargé de faire des relevés topographiques et son guide, un vieux chasseur-trappeur golde (précisément un autochtone oussurien de la tribu Nanaï), Dersou, interprété par l’extraordinaire Maksim Mounzouk. Dersou est un homme de la nature. Il a perdu sa femme et sa famille, tuées par une épidémie de variole.

Mais, c’est aussi l’histoire triste d’un vieil homme dont la santé se dégrade vite après qu’il a tiré sur un tigre sans parvenir à le tuer (mauvais présage pour les Goldes), et qui se convainc, par superstition, qu’il va mourir. Arseniev l’accueille chez lui, dans sa maison, dans sa famille, mais Dersou préfère repartir dans son pays. Le film, dès la première séquence, montre qu’un monde est en train de disparaitre, celui d’hommes qui vivaient en harmonie avec une nature qui est en train d’être détruite par la civilisation pour construire des villes, des industries.

Dersou Ouzala remporte un grand succès auprès du public international, relance la carrière (et aussi la vie) de Kurosawa, remporte l’Oscar du Meilleur film étranger en 1976. C’est aujourd’hui un classique, un film magnifique, pour petits et grands, aussi lyrique que pudique, dont on ne peut oublier, après l’avoir vue, la fabuleuse scène de tempête où les deux héros, pour ne pas mourir, se construisent une sorte de grand nid avec des herbes, et puis, inoubliables, ces deux cris déchirants de deux hommes qui se recherchent et se retrouvent : “Dersouuuuu !” ­, “Capitaaaaaaan !”… Akira a sans doute lui aussi retrouvé Kurosawa grâce à ce film en partant travailler loin de chez lui.

Ensuite, à partir de 1980 et avec l’aide de George Lucas et de Francis Ford Coppola, Kurosawa réalisera quelques grandes fresques, comme Kagemusha et Ran. Mais c’est une autre histoire que nous vous raconterons un autre jour…

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