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Andy Bell de Ride : “‘Interplay’, c’est notre bilan de la pandémie”

Pour la majorité des fans de noisy pop, Ride a fait figure de révélation à plus d’un titre. En sus d’inventer des hymnes à la pelle, ils furent parmi les premiers à prouver qu’il était possible de séduire avec une frange de cheveux dans les yeux, des pulls informes, tout en regardant ses chaussures. Formé en 1988 à Oxford par Andy Bell, Mark Gardener, Stephan Queralt et Laurence “Loz” Colbert, Ride marque profondément les esprits avec Nowhere, en 1990, premier album en forme de coup de maître. Posterboys pour étudiantes tout autant que poètes de la ruine de l’Angleterre, chantres du spleen adolescent et fêtards invétérés, les Anglais réussirent un mélange musical fait de guitares incisives, d’harmonies aériennes et de rythmes puissants.

Entre 1990 et 1992, les quatre de Ride s’installent sur le trône britannique, mais la chute n’en sera que plus rude. Les Anglais se prennent définitivement les pieds dans le tapis rouge à la sortie de Tarantula, leur quatrième et dernier album avant la séparation en 1996, puis la reformation en 2017. Cinq ans après This Is Not a Safe Place, Ride est de retour avec un septième album studio, Interplay, qui nous replonge la tête contre leur délicat mur du son tout en saturation. Entretien avec Andy Bell, cofondateur du groupe, dans la pénombre d’un boudoir d’hôtel.

Quand et pourquoi vous êtes-vous décidé à faire ce nouvel album ?
Andy Bell Nous remémorant les bons souvenirs de la tournée européenne de notre précédent album, This is Not a Safe Place, on souhaitait enchaîner rapidement sur un EP. Celui-ci ne verra jamais le jour, mais nous sommes partis faire des sessions d’improvisation dans le studio OX4 de Mark (Gardener, ndlr), à Londres. Le processus de création a littéralement débuté en plein milieu de la pandémie. Interplay, c’est notre bilan de la pandémie, pourrait-on dire. Logiquement, celui-ci a pris plus de temps à finaliser que la plupart des albums précédents de Ride. Cela a avancé lentement entre les différents confinements.

Jim Reid des Jesus and Mary Chain a dit un jour que “réaliser un bon disque est un exploit à 22 ans. Le faire à 50 ans, je pense que c’est un petit miracle”
(Il coupe.) Je suis d’accord à 100 % avec Jim ! Je partage aussi ce sentiment, mais je pense que faire ce disque en traversant ces situations durant la vingtaine n’aurait pas été plus facile. C’est parce que nous sommes vieux, têtus et plus sages à la fois que nous avons réussi à sortir ce disque malgré les difficultés. C’est un miracle à deux niveaux, en somme.

Nous n’étions pas psychologiquement prêts, pas assez solides pour gérer ces crises internes et le succès…

Votre manière de composer a-t-elle évolué au fil des albums ?
Oui, le processus d’écriture, nous le modifions toujours un peu. Ainsi, pour ce nouvel album, nous avons décidé de ne partir de rien et de commencer par des jams pendant plusieurs sessions. Nous faisions cela une semaine ou deux, puis nous arrêtions pendant un ou deux mois, tout au long de 2021. Nous nommions ces séances d’après des lieux géographiques que nous aimions. Une manière de nous permettre de voyager en musique pendant les confinements. Puis, nous nous sommes retrouvés dans une impasse. Nous avons alors fait appel à un ingénieur du son, le pauvre Mark bossait sur la console tout en nous préparant à manger. C’est ainsi que Richie Kennedy s’est retrouvé aux manettes de notre album. Il arrivait avec de vraies bonnes idées et poussait l’élan collectif.

Vous n’aviez pas trop de pression sur les épaules avec ce nouvel album ?  
Non, nous n’avions aucune date limite de sortie. Peut-être que Richie Kennedy ressentait une sorte de pression, mais pas nous. La seule forme de pression ressentie venait de l’exigence que nous avions envers nous-mêmes, celle d’avoir toujours des choses pertinentes à raconter.  

Justement, qu’est-ce que cela vous fait d’être toujours ensemble après toutes ces années ?
Sur le plan humain, nous avons beaucoup de chance, nous sommes toujours tous les quatre ensemble, et en bonne santé. Nous avons fait une tournée avec The Charlatans récemment, et je me souviens avoir regardé le groupe sur scène lors du dernier concert, en réalisant les tragédies qu’ils ont traversées après avoir perdu trois de leurs membres. On dit souvent que les rapports deviennent plus difficiles après vingt, trente ans de collaboration. Honnêtement, pour moi, c’est l’inverse. Tout est plus facile que par le passé et je signe sans problème pour dix années supplémentaires si cela est possible.

Cela vous a pris du temps pour soigner les rancœurs liées à votre séparation après l’album Tarantula en 1996 ?
Cela n’a pas pris trop de temps au final. Je pense que les problèmes que nous avions alors étaient surtout liés à notre jeune âge. Nous n’étions pas psychologiquement prêts, pas assez solides pour gérer ces crises internes et le succès… Nous ne réalisions peut-être pas à quel point nous étions proches l’un de l’autre avec Mark. Alors, oui, ce fut intense et violent, mais six mois après notre séparation, j’ai croisé Mark pour récupérer un truc quelconque chez lui ; nous étions assez nerveux de nous revoir, mais, très vite, nous avons décidé de tirer un trait sur les rancunes passées et de passer à autre chose.

Avec le recul, quelle a été la dispute la plus ridicule que vous n’ayez jamais eue au sein du groupe ?
En 1993, quand j’ai lancé haut et fort : Je ne veux pas que mes chansons figurent sur la même face du disque que les vôtres. Et tout ça, bien sûr, sur ce qui devait être Carnival of Light. (Rires) 

Carnival of Light, dont le titre est un hommage aux Beatles.
Oui. Ils avaient composé ce morceau, Carnival of Light, qui n’est jamais sorti nulle part. Un vrai mystère.

Quelles ont été vos principales sources d’inspiration pour ce nouvel album ?
Je réalise qu’il n’y a eu que peu d’influences extérieures qui ont modelé Interplay. Par le passé, je me souviens avoir vu une exposition du peintre Jean-Michel Basquiat, qui m’avait inspiré tout un tas de chansons pour notre disque précédent, This Is Not a Safe Place. Rien de tel cette fois. Nous avons réalisé que c’était un album centré sur le fait d’interagir ensemble, d’où le titre. Cela parle avant tout de notre capacité à travailler tous les quatre, inlassablement, malgré des circonstances parfois difficiles.

Dans vos textes, vous évoquez souvent l’insatisfaction face à la vie moderne. Vous considérez-vous comme pessimiste ou gardez-vous l’espoir d’un avenir meilleur ?
Je reste optimiste. Je pense que Mark est le plus pessimiste du groupe. Certains de ses textes sont assez sombres, tout en possédant un côté lumineux. Pour ma part, j’essaie de voir le bon côté des choses. C’est une qualité, je crois.

Quels sont les paroliers, les “storytellers” qui vous ont le plus marqué ?
Il y tant de paroliers que j’aime… Quand j’étais adolescent, j’adorais les Smiths. Morrissey est peut-être le premier auteur dont j’ai réellement creusé l’écriture. Je trouvais ses paroles vraiment drôles, mais à 14-15 ans je ne comprenais pas encore le sens profond de certains textes. Cela ajoutait du mystère au charme et à l’humour. Il y a aussi Robert Smith, peut-être le parolier auquel j’aspire le plus à ressembler : ses textes sont tellement purs et émouvants. Mon principal objectif est de toucher émotionnellement et durablement l’auditeur.

Y a-t-il encore des disputes dans le groupe ? Absolument. Mais, la différence est que nous arrivons à passer outre assez rapidement.

Quels sont les meilleurs souvenirs qui vous reviennent de la tournée anniversaire de Nowhere ?
Pour tout te dire, mon plus grand souvenir fut de regarder la finale de la Coupe du monde de football qui tombait le même soir (le 18 décembre 2022, avant leur concert en clôture des Inrocks Festival à l’Élysee-Montmartre, ndlr). Nous étions douze, serrés devant l’écran d’un téléphone, pour suivre le match France-Argentine. Rejouer Nowhere me renvoie totalement dans le passé. J’aime rendre visite à ce jeune homme que j’étais, lui parler et entendre ce qu’il a à dire. C’est drôle parce que ce sont les chansons de Nowhere qui restent parmi les plus aimées.

Avez-vous l’impression de vous être adouci avec l’âge ?
Oui, je me suis définitivement adouci. Est-ce une mauvaise chose ? Non. Y a-t-il encore des disputes dans le groupe ? Absolument. Mais, la différence est que nous arrivons à passer outre assez rapidement. Lors de nos retrouvailles, Mark et moi avons décidé qu’en cas de futur désaccord, nous devions percer l’abcès au plus vite avant que les vrais ennuis ne débutent. Nous avons une étonnante capacité à nous dire des choses terribles, pour les oublier ensuite. Cela s’est produit plusieurs fois au début de l’enregistrement de l’album, mais nous blâmions les tensions extérieures, et passions à autre chose.

Quel est le moment dont vous êtes le plus fier au cours des trente dernières années avec Ride ?
Ce ne sera pas original, mais je pense que sortir Nowhere est ce dont je suis le plus fier. Nous avons réussi quelque chose de spécial avec cet album, qui semble encore résonner aujourd’hui, ce qui est vraiment, vraiment incroyable.

Enfin, les années Creation Records vous manquent-elles ?
Ce label était tellement brillant. Et rien de ce que j’ai lu dans les livres ou vu dans des documentaires consacrés aux années Creation Records ne ressemble vraiment à ce que je ressentais à l’époque. Cela vous fait réaliser que chacun vit dans son propre film. Ma perception de l’époque Creation sera très différente de celle de Bobby Gillespie, par exemple. Quand nous avons signé notre contrat, nous étions si jeunes. J’avais 19 ans et je venais à peine de sortir de l’école. Le matin, nous avions ces réunions avec l’incroyable Alan McGee. Vers le milieu de l’après-midi, le bureau commençait à se transformer en club. Le bureau du label était un lieu de fêtes. Les années passent, tu fréquentes d’autres labels, et c’est en regardant en arrière que tu réalises combien Creation était spécial, dans son rapport au business de la musique, à la convivialité. Primal Scream était le groupe avec lequel nous traînions le plus dans les locaux. J’avais l’habitude de trouver un coin tranquille avec Bobby et de parler probablement du groupe Love pendant que la musique était à fond et que tout le monde hurlait dans tous les coins.

Interplay (Wichita Recordings/PIAS). Sorti depuis le 29 mars 2024.

DIIV, Gesaffelstein, Ride… sont dans la playlist de la semaine !

Il va nous falloir encore un peu de patience avant d’écouter le nouvel album de DIIV, annoncé pour le 24 mai. En attendant, après leur retour sur scène au Trianon il y a quelques semaines, la bande new-yorkaise délivre cette semaine Everyone Out, troisième extrait de leur prochain disque, Frog in Boiling Water.

Pas loin de Brooklyn, c’est un autre groupe, familier de New York lui aussi, qui en dit un peu plus sur son prochain album à venir : Vampire Weekend. Avant d’écouter Only God Was Above Us en intégralité la semaine prochaine, le trio, emmené par son chanteur et guitariste Ezra Koenig, balance l’onirique Mary Boone, dont les notes de piano et les exclamations de voix sonnent comme un remède efficace à la morosité. Au menu des albums les plus attendus du mois d’avril, comptons aussi sur l’arrivée le 26 avril de Forgiveness Is Yours, du groupe Fat White Family, qui se dévoile un peu plus avec le nouveau single What’s That You Say.

À retrouver également cette semaine

Haut les cœurs, cette semaine est aussi synonyme de nouvelles sorties, elles aussi longuement attendues et enfin disponibles dans nos oreilles. À commencer par l’album phénomène Cowboy Carter, bombe country signée Beyoncé, où la chanteuse embrasse son Texas natal sur une heure et demie de belles trouvailles, accompagnée sur certains morceaux par Miley Cyrus et Post Malone. La chanteuse s’empare aussi du Jolene de Dolly Parton – que l’on entend en préambule dans le morceau qui précède – et se l’approprie.

Loin des airs de guitare country, on passe du côté obscur avec la techno frénétique et sombre de Gesaffelstein, qui vient de libérer ce vendredi son dernier album, Gamma. Sur The Urge, le Lyonnais révèle toute la tension darkwave contenue dans son troisième album, avec la voix de Yan Wagner, que l’on avait déjà entendue sur le premier extrait du disque, Hard Dreams. On clôt ce tour d’horizon des nouveautés dans les bacs avec le dernier disque de Ride, Interplay, et le triomphal Portland Rocks, où la mélancolie des voix est remontée par les airs rutilants de guitare et batterie.

D’autres belles sorties sont à écouter cette semaine : Dent May, John Cale, The High Llamas, Arab Strap, Laurent Bardainne & Tigre d’Eau Douce, Mdou Moctar, Frustration, Beyoncé, Lord$, Buvette, Chastity Belt, Thomas de Pourquery, Papooz, Gglum, Jim White, Bagarre, Sam Morton, Six Organs of Admittance, Charlotte Day Wilson, Johnnie Carwash.

Chant cotonneux, synthés incisifs et rythmiques electro : Ride est de retour

Avec Interplay, le troisième album depuis leur reformation et le septième de leur carrière, les Anglais de Ride prouvent une nouvelle fois leur pertinence face à la jeune génération d’artistes qui les idolâtrent (DIIV et Bdrmm en tête). Leurs retrouvailles qui, à l’origine, n’avaient pour but qu’une simple série de concerts en 2015, ont relancé leur créativité avec panache, comme on a déjà pu le constater sur Weather Diaries (2017) et This Is Not a Safe Place (2019). Souvent résumé à son iconique tandem de chanteurs-guitaristes, Mark Gardener et Andy Bell, Ride souligne ici la force du collectif. Les premières sessions en studio, jugées décevantes, ont plongé le quatuor originaire d’Oxford dans une impasse.

Andy Bell raconte dans un communiqué le rôle crucial qu’ont joué le batteur Loz Colbert et le bassiste Steve Queralt qui, pour trouver un nouvel élan, ont proposé des demos composées chacun dans leur coin. Celles-ci sont devenues la colonne vertébrale d’Interplay (“interaction”, en VF), dont le titre est justifié par Andy Bell : “Le disque fait vraiment penser à une bonne interaction entre les quatre membres qui font jouer leurs atouts et qui apportent leurs contributions uniques pour faire un disque qui s’avère à la fois frais et reconnaissable pour Ride.”

Des élans mélancoliques à la New Order

Sur les douze morceaux, ces pionniers du mouvement shoegaze n’ont pas choisi de se réinventer, mais simplement de rester fidèles à un son qui leur ressemble : des guitares bien en avant, un chant cotonneux, des synthés incisifs… Sur certains titres, en particulier le percutant Monaco, les rythmiques empruntées à l’electro leur apportent un punch qui contrebalance les élans mélancoliques, façon New Order ou Electronic.

Ailleurs, sur les ensorcelants I Came to See the Wreck et Midnight Rider, on pense parfois à Depeche Mode pour la noirceur blues entremêlée à des beats implacables. Cette façon de repousser le rock dans ses retranchements, ou de le concasser pour mieux le reconstruire, fait toujours plaisir à entendre.

Saluons l’exigence de ce groupe qui n’a pas hésité à prendre son temps (cinq ans se sont écoulés depuis sa précédente sortie) pour être complètement satisfait de la qualité de ses chansons. Avec cette attitude, Ride ne sera jamais obsolète.

Interplay (Wichita Recordings/PIAS). Sortie le 29 mars.

Sécuriser le cloud hybride : mission impossible ?

Selon la 5e édition du rapport Enterprise Cloud Index de Nutanix publiée en 2023, les entreprises françaises sont en transition progressive vers le cloud hybride, et sont 57% à avoir recours à plusieurs modes d’exploitation informatique. Une tendance qui ne s’observe pas qu’en France : ainsi, Alstom a récemment fait part de sa volonté d’approfondir […]

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