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Avec “Here in the Pitch”, Jessica Pratt met de la lumière dans son folk gothique

Here in the Pitch est un disque qui commence presque par la fin : l’ouverture Life Is sonne comme un générique qui viendrait idéalement clore un doux mélo, secrètement déchirant. Mais surtout, ce titre magnifique installe l’une des nouveautés de ce quatrième album : une section rythmique qui insuffle discrètement aux grandioses miniatures de Jessica Pratt une pulsation larvée, tapis moelleux ou
goutte-à-goutte obsédant (Nowhere It Was), pour accompagner son phrasé velouté et le piquant de sa voix.

En troquant l’intimisme de sa guitare fragile pour une orchestration ouvragée, qui doit autant à la bossa qu’à Brian Wilson, Pratt pousse les murs mais conserve le murmure. C’est le premier miracle de Here in the Pitch, le plus évident : malgré ses dimensions propices à l’écho, l’endroit où sa musique nous installe reste un confessionnal. Un espace solitaire.

Des signes calmes et du mystère

Si l’album quitte un peu les atmosphères gothiques de Quiet Signs (2019) pour faire entrer un soupçon de lumière californienne, on pourrait lui apposer le même titre : des “signes calmes”, c’est exactement ce qui habite ce disque, réclamant qu’on les débusque avec soin. Un disque qui vous demande – vous intime – de passer un bout de temps avec lui et de lui accorder une attention semblable à celle que l’on devrait toujours réserver aux mystères de l’existence.

Here in the Pitch (City Slang/PIAS). Sortie le 3 mai. En concert à l’Alhambra, Paris, le 2 juin.

“The Sunset Violent” : Mount Kimbie exporte son spleen électronique dans le désert californien

D’abord associé à James Blake et à la vaporeuse scène post-dubstep, après l’inaugural Crooks & Lovers (merveille de 2010), Mount Kimbie avait donné à ce genre évanescent un corps et des nerfs sur le fondamental Love What Survives (2017). Le but semblait alors de s’affranchir du strict cadre électronique, y compris pour retomber sur des terrains plus balisés par les guitares.

Enregistré dans la Californie qu’évoque Hari Kunzru dans le roman Dieu sans les hommes – espaces désertiques et culte des ovnis –, The Sunset Violent retrouve l’épisodique mais fidèle King Krule, le temps d’un Empty and Silent en beau finale nostalgique et d’un Boxing au tropisme très The Jesus and Mary Chain. Si Dominic Maker et Kai Campos l’ont d’abord accueilli comme un élément exogène, ils ont fini par rejoindre Archy Marshall dans son exploration d’un territoire désossé par le postpunk.

Deux singles emballants

Malgré la Californie, Londres reste cruciale, en témoigne la new wave d’A Figure in the Surf. Plus resserré que MK 3.5: Die Cuts/City Planning (2022), The Sunset Violent s’appuie en partie sur la boîte à rythmes LinnDrum, insufflant une pulsation asthmatique sur laquelle s’érige un disque comme dévasté.

En émergent les emballants singles Dumb Guitar ou Fishbrain, et surtout ce Shipwreck très Dean Blunt – celui du diptyque Black Metal (2014 et 2021) –, pierre angulaire secrète de tout un pan de l’indie contemporain. Dans le désert, Mount Kimbie semble avoir trouvé l’équilibre entre ascèse et ardeur.

The Sunset Violent (Warp/Kuroneko). Sortie le 5 avril. En concert à La Cigale, Paris, le 30 avril.

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