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On a classé les 7 albums de St. Vincent

7. Strange Mercy (2011)

Composé en autarcie à Seattle, l’ambitieux troisième album de St. Vincent assume ses envies d‘expérimentation. Les guitares se font plus rugueuses, les élans d’apesanteur volent encore plus haut qu’avant et les paroles reflètent cet état d’esprit (le fameux concept d’empowerment), au risque de perdre un peu de sensibilité au passage et de dérouter. “J’ai passé de bons moments avec des mecs mauvais/J’ai dit des mensonges entiers avec un demi-sourire”, susurre l’artiste en introduction du captivant single Cheerleader, l’un des grands moments de ce disque en demi-teinte.

6. Actor (2009)

Ouvertement inspirée par des bandes originales de films Disney vintage et par Le Magicien d’Oz, St. Vincent a l’excellente idée d’injecter son énergie abrasive et son humour noir parmi ces mélodies immaculées. Imaginé aux côtés du producteur John Congleton (avec qui elle a travaillé plusieurs fois depuis), ce deuxième LP pas encore tout à fait extraverti crée de merveilleux contrastes, comme ces violons délicats, qui cohabitent avec des guitares métallurgiques (Marrow, Black Rainbow), ou cette capacité d’aborder d’une voix candide un monde intérieur sombre et dérangeant, à l’image du clip d’Actor Out of Work.

5. St. Vincent (2014)

Après une escapade avec David Byrne le temps d’un album en duo (Love This Giant, en 2012), Annie Clark se livre à de nouvelles acrobaties soniques sur le quatrième chapitre discographique de sa carrière solo. Sans jamais céder à la facilité, la compositrice est devenue une experte en son art, explosant les structures habituelles sans pour autant nous perdre, réconciliant rock industriel et sa vision de la pop, dansante, futuriste, cérébrale, tour à tour éthérée ou rêche. Et toujours cette volonté d’écrire des paroles audacieuses, comme au début de Birth in Reverse : “Oh quelle journée ordinaire/Sortir les poubelles, se masturber.”

4. Marry Me (2007)

Début 2006, Annie Clark opte pour le pseudonyme de St. Vincent pour lancer sa carrière solo. À cette période, la multi-instrumentiste s’était déjà fait remarquer au sein du groupe de Sufjan Stevens et de The Polyphonic Spree. Sur ce tout premier album, qui fait suite au prometteur EP Paris Is Burning (2006), elle confirme l’ampleur de son génie : voix voltigeuse, orchestrations somptueuses, songwriting ciselé, textes piquants et bien formulés… Elle attire immédiatement les comparaisons à Kate Bush et à David Bowie avec cette première carte de visite, toujours enchanteresse, près de deux décennies plus tard.

3. Masseduction (2017)

“Je ne peux pas éteindre ce qui m’allume”, avoue St. Vincent sur la chanson qui donne son titre à ce cinquième album, sa première collaboration avec le très demandé Jack Antonoff. Ce qui nourrit ici son feu intérieur, c’est un mélange d’electropop avant-gardiste, de glam rock hédoniste, de new wave ténébreuse et de mélodies irrésistibles, interprétées en compagnie de Kamasi Washington et de Jenny Lewis, entre autres. D’une sensualité bouillante et d’une intelligence pétillante, Masseduction se veut accessible et direct, sans renoncer à repousser toujours plus loin les frontières de la pop.

2. All Born Screaming (2024)

Revenir à l’état brut et simplifier tout en façonnant le son et en partageant ses émotions : un nouveau défi réussi pour le dernier album en date de St. Vincent, qu’elle a produit seule après avoir souvent préféré jouer les coproductrices. Sans faire appel au moindre masque cette fois, la passionnante tête chercheuse s’accompagne de plusieurs ami·es (dont Cate Le Bon, Dave Grohl, Stella Mozgawa), mais surtout de sa propre personnalité intense qui ressort de ces dix morceaux puissants, qui parlent de vie et de mort, sans pour autant sombrer dans les ténèbres. Magistral.

1. Daddy’s Home (2021)

Alors qu’elle s’est souvent construit un personnage inaccessible, d’un autre monde, St. Vincent fait ici tomber l’armure pour livrer son album le plus personnel, le plus chaleureux, le plus épanoui. Inspirée par les vinyles que son père lui faisait écouter enfant, elle se plonge dans le New York du début des seventies, armée d’une ribambelle de guitares qu’elle maîtrise à la perfection (acoustique, lapsteel, sitar électrique) et de claviers vintage (Wurlitzer, Mellotron). Immédiat et sophistiqué, lascif et élégant, touchant et impérial, ce sixième volet de sa discographie la propulse au sommet de son art.

On a classé les meilleurs rôles de Colin Farrell

Dans Sugar, sa nouvelle série à voir sur Apple TV+, Colin Farrell incarne un détective privé cinéphile qui se réfère constamment aux grands acteurs classiques. Un homme-cinéma, en somme. De quoi nous donner envie de revenir sur une carrière débutée dans les années 2000, durant laquelle l’Irlandais a enchainé blockbusters, tentatives indés et métamorphoses diverses, avec l’assurance d’un acteur majeur. Voyage dans ses neuf meilleurs rôles à nos yeux.

9. Alexandre (2004), d’Oliver Stone

Vingt ans après sa sortie, Alexandre d’Oliver Stone n’est toujours pas un bon film, mais une curiosité post-peplum où Colin Farrell (alors jeune acteur révélé par Joel Schumacher avec Tigerland et Phone Game) s’affiche blond platine et en jupette. Est-il pour autant queer dans cette épopée qui le voit flirter avec Héphaestion – joué par Jared Leto, tout une époque – et conquérir le monde avec cruauté ? Pas vraiment, malheureusement, sa seule scène de sexe se jouant en mode hétéro. Mais Farrell a le mérite de poser ici le dilemme qui fait de lui un acteur intéressant : une forme de distance entre le trop plein de testostérone et un regard, des attitudes qui laissent penser qu’il ne demande qu’à y échapper.

8. The Lobster (2015), de Yorgos Lanthimos

Débraillé, décoiffé, moustachu, timide : Colin Farrell s’amuse cette fois-ci avec la masculinité contemporaine pour Yorgos Lanthimos, dans ce film-fable qui imagine un monde où des célibataires finissent transformés en animaux s’ils ne trouvent pas l’âme sœur. À l’aise avec le malaise dès la scène d’ouverture de The Lobster, où il répond aux questions intrusives d’une femme sur ses préférences intimes, Farrell trouve ici l’un de ses rôles les plus féroces, tentant d’apporter une épaisseur humaine au regard parfois presque misanthrope du cinéaste. Ils se retrouveront en 2017 avec La Mise à mort du cerf sacré.

7. The Batman (2022), de Matt Reeves

Il aurait pu, à un moment, prétendre incarner Batman. Mais dans sa génération, Christian Bale et Ben Affleck ont décroché le pompon. Colin Farrell a du attendre 2022 et The Batman de Matt Reeves, pour entrer dans la peau… du Pingouin. Tout le contraire d’un beau gosse. Dans cette fresque mélancolique sur nos temps plombés, l’acteur apparait bouffi, enlaidi par des prothèses, seul personnage au grotesque assumé. Son sens du pathétique joue à plein. Sa performance a tapé dans l’œil de HBO, qui lui a offert une série sur la chaîne Max. The Penguin arrive cet automne.

6. Les Proies (2017), de Sofia Coppola

Rarement filmé par des réalisatrices, Colin Farrell interprète pour Sofia Coppola un soldat de la guerre de Sécession accueilli dans une maison bourgeoise paumée dans la campagne, peuplée uniquement de femmes menées par Nicole Kidman. Les longues séances de soin sur le corps amoché mais puissant de Farrell font le sel de ce film par ailleurs un peu trop théorique sur le désir féminin. Scruté de près et souvent maltraité, provoquant le trouble, le comédien y donne de sa personne avec un plaisir évident.

5. True Detective saison 2 (2015), de Nic Pizzolatto

La saison mythique de la série créée par Nic Pizzolatto est plutôt la première, où s’ébrouent Matthew McConaughey et Woody Harrelson en flics hantés et poisseux. Mais on oublie souvent que Colin Farrell a repris le flambeau avec Rachel McAdams et Taylor Kitsch, alors que la série se déplaçait en Californie. En dix épisodes, l’acteur échappe à plusieurs situations dramatiques et traîne un spleen féroce. Son personnage est un ancien addict en proie à une violence fondamentale. Colin Farrell lui-même a effectué plusieurs séjours en “rehab” et dit s’être inspiré de son passé pour le rôle de Ray Velcoro.

4. After Yang (2021), de Kogonada

Dans la veine indé qui lui a valu une certaine reconnaissance (chez Woody Allen avec Le Rêve de Cassandre ou dans Bons Baisers de Bruges de Martin McDonagh), ce film de Kogonada est sans doute le plus émouvant. Colin Farrell joue un père de famille qui adopte un robot avec sa femme, pour que leur première fille adoptive se connecte à ses racines asiatiques. Mais Yang tombe en panne et Jake (Farrell) retrouve le fil des vies antérieures de ce robot trop humain. Un mélo familial qui révèle un aspect peu exploré de son talent.

3. Minority Report (2002), de Steven Spielberg

Si Tom Cruise tient le haut du pavé dans le chef-d’œuvre de Spielberg adapté de Philip K. Dick, Farrell incarne un agent du Département de la Justice réalisant un audit sur le système “precrime”, destiné à arrêter des personnes avant qu’elles ne commettent un crime. L’acteur y est parfait, d’abord d’une arrogance tétanisante, jusqu’à lentement découvrir la vérité sur les failles de la surveillance à tout prix. Un beau personnage moral, à l’élégance hollywoodienne intemporelle.

2. Le Nouveau Monde (2005), de Terrence Malick

“Tel un Dieu, il m’apparaît.” Pocahontas parle ainsi de John Smith, l’homme dont elle est tombée amoureuse, au risque de renier son peuple. Et John Smith, c’est Colin Farrell, d’une fragilité bouleversante, tout entier voué à son personnage (un colon anglais débarqué en Amérique) qui pourrait être conquérant mais se révèle toujours vaincu. Dans la cosmogonie du grand Terrence Malick, il est une pierre, un torrent, un arbre comme les autres, fondu dans le paysage et l’élan romanesque du film avec intensité.

1. Miami Vice (2006), de Michael Mann

Le plus beau film avec Colin Farrell est une odyssée mélancolique à Miami pleine de costards trop larges et de coiffures improbables. Remake au cinéma de la série eighties de Michael Mann, ce Miami Vice en forme de trip nocturne donne l’occasion à l’acteur de déconstruire méthodiquement la figure du héros viril, parvenue à un stade terminal. Comme une pure image perpétuellement modelable, son Sonny Crockett reste dans les mémoires par quelques gestes las, des yeux perdus et un amour tenace du chaos.

On a classé les 10 films de James Cameron

10. True Lies, 1994

Cameron s’essaie à un registre comique caricaturalement opposé à son ADN, frotte sa star à un rôle de dandy espion à la James Bond mâtiné de satire conjugale à la Mr and Mrs Smith, mais le résultat est au mieux balourd, au pire carrément misogyne et raciste. Agent spécial passant pour un col blanc pépère aux yeux de sa femme, Harry Tasker est un alter ego très complaisant, au moment où Cameron enchaîne triomphes pyrotechniques et difficultés conjugales. Le film véhicule de drôles de fantasmes de possession de sa femme, doublés d’une douteuse hécatombe de figurants arabes indifférenciés. Sa vraie sortie de terrain.

9. Piranha 2 : Les Tueurs volants, 1981

Fausse suite (pas un personnage ni un décor en commun) d’un Joe Dante lui-même pensé comme une parodie des épigones des Dents de la mer, cette pochade horrifique met pour la première fois Cameron le pied à l’étrier, mais bon courage pour reconnaître sa patte : viré au bout de deux semaines par le producteur Ovidio Assonitis, qui finira le tournage lui-même, le réalisateur n’aura pas le temps de laisser sa marque. Sans grande ferveur ni dans le registre parodique, ni dans l’horrifique, le film se perd entre premier et second degré et s’oublie vite. Cameron finira par l’assumer ironiquement comme “le meilleur film de piranhas volants jamais réalisé”.

8. Avatar 2 : La Voie de l’eau, 2022

Trop tard, trop ambitieux, trop similaire au premier volet : treize ans ont passé depuis la révolution Avatar, et cette suite maintes fois reportée est un encombrant invité dans le paysage du blockbuster de 2022 – qu’elle va néanmoins dominer largement en billetterie. Passé la sidération photoréaliste, la sophistication du mouvement, les sensations tangibles d’inertie, de pression, de flottement que l’art du relief cameronien est encore capable de ménager, reste un goût d’incongru, comme une réédition commémorative de l’épiphanie de 2009, condamnée à ne produire d’autre effet qu’une vague admiration perplexe entremêlée de déjà-vu et de lassitude. Vraiment, encore cinq films après celui-là ?

7. Les Fantômes du Titanic, 2003

Cameron remonte difficilement à la surface après le couronnement de Titanic, au sommet absolu du box-office mondial et des Oscars : il produit et réalise plusieurs documentaires prolongeant le long métrage et son attrait pour les abysses (il est par ailleurs le détenteur du record mondial de profondeur en bathyscaphe – et vous, combien de records du monde ?), dont ce film certes formaté pour une exploitation télé sur bouquet National Geographic, mais qui n’en reste pas moins habité par une certaine âme zweigienne : une poignante visite des ruines englouties du monde d’hier.

6. Terminator, 1984

Tout n’est pas réussi dans ce que le réalisateur considère comme son véritable premier film – l’intrigue amoureuse, le “propos” (le mot est fort) sur l’avenir techno-fasciste sont d’un kitsch que, moyennant un peu d’indulgence, l’on excusera à ce qu’il faut avant tout regarder comme une honnête série B. Mais le film est brillant dans l’atmosphère de déréalisation morbide qu’il installe, qui passe uniquement par le regard, et pose donc la naissance d’un authentique cinéaste : l’Amérique des années 1980 vue comme un décor à détruire, peuplé de figurines vouées à la mort. Que vient vraiment terminer le Terminator ?

5. Avatar, 2009

Investi des pleins pouvoirs hollywoodiens, Cameron bat le record de budget, puis celui du box-office, donc évidemment le film manque de garde-fous : le discours écolo est d’une naïveté risible au regard de son empreinte carbone, l’esthétique de jeu PS2 à jungle gluante-fluo n’est pas du meilleur goût. Reste la révolution du relief, qui à elle seule fait du film un jalon – technologie faite pour lui, bien plus que pour le reste de l’industrie, qui s’engouffrera dans la brèche, s’y perdra, et renoncera. Une nouvelle expérience de cinéma révolutionnaire, profondément vidéoludique, à l’avenant d’un héros paraplégique offert à une renaissance virtuelle.

4. Aliens, 1986

Il n’était pas aisé de donner suite à un chef-d’œuvre de science-fiction aussi magistralement épuré qu’Alien. Cameron s’acquitte du défi en affirmant crânement ne devoir aucun égard au minimalisme de Ridley Scott : il ramène sans complexe aucun la saga à lui, muscle le jeu, fait pulluler les monstres et transforme le huis clos horrifique en film de guerre futuriste, sous lointaine influence vietnamienne. L’ellipse inaugurale est un coup de génie : Ripley sort d’un siècle de sommeil, apprend la mort de sa fille, sa vie n’a plus de sens en dehors du couple qu’elle forme malgré elle avec l’alien. Glaçant.

3. Abyss, 1989

Cameron franchit la frontière la plus importante de son œuvre : la surface de l’eau, sous laquelle se cache une plateforme coincée dans les grands fonds, et visitée par d’étranges créatures marines venues d’ailleurs. Rétif aux effets spéciaux, tourné dans une centrale désaffectée inondée, le film est un organisme ingénierique prodigieux, qui figure les confins de l’univers (un vaisseau suspendu au milieu d’une immensité noire et asphyxiante), en même temps qu’il se dote d’une physicalité frappante. Cameron n’a pas son pareil pour donner à sentir l’humidité, l’apnée, les épreuves soumises au corps – jusqu’à ce qui est sans doute la plus haletante scène de réanimation de l’histoire du cinéma.

2. Terminator 2, 1991

Au T-800 indestructible mais structurellement simple du premier épisode s’oppose désormais une machine métamorphe de “métal liquide” prenant la forme de tout ce qu’elle touche. Y voir une métaphore du passage du mécanique au numérique, de la dématérialisation des images, doublée d’une manière de conte : un enfant courageux apprivoise un robot, réveillant la vieille rengaine de l’âme de la machine. C’est au fond déjà Avatar : Terminator explore la frontière du vivant et du mécanique, jusque dans le jeu de Schwarzie, “étude sur le mouvement humain” (Prodiges d’Arnold Schwarzenegger de Jérôme Momcilovic, Capricci), qui remonte aux préhistoires anatomiques du cinéma. Le futurisme morbide se précise et gagne en force : le film est tramé de visions fulgurantes d’apocalypse nucléaire incarnées par les rêves de Sarah Connor. D’une série B prometteuse mais étriquée naît un objet de pure sidération et de vertige théorique.

1. Titanic, 1997

Son chef-d’œuvre le plus abouti, sans doute l’un des plus beaux films de l’histoire du cinéma de grand spectacle, voire du cinéma tout court. L’alliage du classicisme shakespearien de la romance et de la toute-puissance opératique du film-catastrophe donne naissance à un objet suspendu au-dessus de l’Histoire, tendu à travers les temps, récit des origines (l’arche de Noé de la vieille Europe voguant vers l’Amérique, le Titanic comme un Mayflower) et vision du futur, parfaitement consubstantiel à son sujet : Titanic est le Titanic, un chantier au gigantisme prométhéen, destiné à un naufrage qui avale le film et le bateau à la fois, comme si toute la matière se consommait d’elle-même. Le tombeau du XXe siècle (l’ancien monde aristocrate relégué à son ultime repos au fond des abysses) et l’avènement du XXIe.

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