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Depuis Toronto, Hot Garbage s’échine à hybrider son rock psyché

“Digging in a hole, down into the ground”, s’échappent des vapeurs psychédéliques d’Easy Believer, titre de Hot Garbage sorti en 2020. En pleine crise sanitaire et marasme social, donc. Sans doute ce morceau – et l’invitation à plonger sous terre qu’il insuffle – résumerait-il à lui seul ce qui compose l’identité même du groupe de Toronto : couleur psyché, fulgurances heavy, fil d’Ariane résolument post-punk. 

Une musique avec laquelle Alessandro Carlevaris (guitare), sa sœur Juliana (basse), Dylan Gamble (claviers) et Mark Henein (batterie) nous embarquent en terres arides et crépusculaires, réuni·es sous le blason post-cataclysmique de Hot Garbage. On s’imagine louvoyer entre les débris d’un monde en décrépitude à leur écoute, cédant volontiers à la langueur grisante qui émane de chacun des morceaux. Leur musique est décidément dans l’air du temps.

Avant-garde québécoise 

Signé chez Mothland – label de Montréal qui s’évertue, depuis 2020, à prendre sous son aile la fine fleur de l’avant-garde musicale locale, de la dream pop jusqu’à l’art-punk – Hot Garbage se construit au cœur d’une scène alternative canadienne qui offre, dès lors que l’on prend la peine d’y farfouiller, une flopée de belles découvertes. Il n’a d’ailleurs pas fallu bien longtemps pour que Juliana, la bassiste, nous vante les mérites de ses comparses québécois·es lors de notre échange.

“Il y a une très grande communauté de musique locale ici en ce moment, composée de gens qui se soutiennent les uns les autres

À commencer par celles et ceux également inscrit·es sous la bannière de Mothland : les punks de Red Mass, Atsuko Chiba et son post-rock (avec qui Hot Garbage partagera la scène des Inrocks Super Club, le 29 mai prochain), le shoegaze de Karma Glider et celui de Yoo Doo Right, étoffé d’éléments kraut… “Ce sont tous de bons amis à nous”, sourit la musicienne, visiblement fière d’appartenir à une lignée aussi prometteuse. Fière que Hot Garbage ait été repéré par l’équipe du label, aussi. “On leur fait confiance et on respecte vraiment leurs goûts, donc d’un point de vue personnel, ça nous a fait du bien de savoir qu’ils croyaient en nous en tant que groupe”, confie-t-elle. Et d’ajouter : “C’est devenu comme une famille pour nous.”

Hot Garbage marche ainsi dans les pas des formations ayant déjà balisé le chemin une poignée d’années auparavant. Metz, Cindy Lee, Kali Horse… Il y a une très grande communauté de musique locale ici en ce moment, composée de gens qui se soutiennent les uns les autres”, se réjouit Juliana. Et la musicienne en sait quelque chose, elle qui travaille en parallèle en tant que programmatrice.

Biberonné·es au (classic) rock 

La musique, c’est une affaire de famille. On le glissait plus haut, Alessandro – le guitariste du groupe – et Juliana sont frère et sœur. Cette dernière se plaît à rembobiner : “Notre père était passionné de classic rock, il jouait même un peu quand il était plus jeune et il nous faisait toujours écouter des trucs comme Black Sabbath, Led Zeppelin ou les Beatles”. “Il nous a beaucoup soutenu quand on a commencé à s’intéresser à la musique, il m’a emmenée à des cours de piano assez jeune, a offert une guitare à mon frère…”, poursuit-elle, admettant que sans “son soutien et ses encouragements”, ni elle ni Alessandro n’auraient peut-être continué dans cette trajectoire. 

Pour autant, la bassiste admet que tous deux “[n’ont] pas beaucoup joué ensemble en grandissant”, à part “pour déconner à la maison, jamais sérieusement et dans aucun autre groupe”. Entre-temps, il et elle ont eu leur phase grunge, hardcore et emo, avant de s’en remettre aux musiques des années 1960-1970, puis de s’éloigner davantage du mainstream au profit d’une culture alternative que Juliana juge plus stimulante. Jusqu’à former Hot Garbage. 

En 2015, Alessandro rassemble deux potes du lycée et un claviériste tout juste rencontré, pour lancer un nouveau projet musical. Ils cherchent un·e bassiste, sa sœur se propose. Les trois gars hésitent un peu – elle n’en avait jamais vraiment joué jusqu’alors – mais finissent par accepter. “À l’époque, je ne jouais que de la guitare, mais finalement c’est un peu pareil !”, s’amuse Juliana.

“Écrire ce qui nous semble authentique à un instant donné”

En une (presque) décennie d’explorations psyché, le quatuor a signé une poignée de disques (deux EP et deux albums) – dont Precious Dream, long format paru en janvier dernier et imprégné des tourments de l’année 2020. “Il a été écrit pendant la pandémie, c’est un album unique en ce sens”, analyse Juliana, “c’était une période de grands changements, d’incertitude et de solitude, tout cela a assombri nos textes”. Et de poursuivre : “On veut juste écrire ce qui nous semble authentique à un instant donné, en puisant dans ce qu’on écoute et ce qu’on absorbe, nos inspirations artistiques comme ce qui se passe dans nos vies.” 

Quitte à polir la texture psyché de leurs débuts pour accentuer les touches heavy “avec des chansons un peu plus courtes, plus simples, dans une direction plus post-punk”. Un virage pas forcément intentionnel, dit-elle : “C’est juste qu’on change, nous, donc la musique change avec le temps.”

Une évolution qui se ressent également en studio, où Hot Garbage a fait le choix de s’entourer du producteur (et membre du groupe Holy Fuck) Graham Walsh. “Un type vraiment génial”, loue Juliana, qui explique avoir découvert son travail en écoutant More, l’un des disques de New Fries – elles·eux aussi Torontois·es – mixé par ses soins, justement. “Je me suis tout de suite dit que la production était vraiment folle, le style m’intéressait vraiment, alors je l’ai contacté.” “Il s’est montré vraiment ouvert à l’idée de travailler avec nous”, se souvient-elle.

Être en tournée pour toujours

Si les quatre musicien·nes ont apprécié prendre le temps de parfaire le son de leur dernier disque, il était temps pour le groupe de regagner les scènes – histoire d’éprouver à nouveau les sensations uniques qui s’y vivent. “J’aime le cycle et l’équilibre entre studio et live, mais le mixage, le réglage très fin des détails lors de l’enregistrement, c’est un peu trop pour moi”, badine Juliana. Et de justifier, d’une voix enjouée : “Toute ma vie tourne autour de la musique live […] Je ne suis pas une grande aficionada de la musique enregistrée, mais j’adore les concerts, je peux y aller tous les soirs… Je pourrais probablement être en tournée pour toujours si c’était possible, donc je dirais que c’est là où mon cœur penche.”

C’est cette flamme qui les a poussé·es à explorer les scènes françaises et allemandes l’année dernière – avant la sortie de Precious Dream, donc – juste pour “aller vivre ça”. “On était tellement excité·es d’arriver en Europe, on n’avait pas encore d’album à défendre, mais on est quand même venu·es […], c’était tout simplement incroyable”, s’émerveille encore la bassiste.

Elle se souvient d’ailleurs de leur toute première date à Paris, où le groupe s’était produit au Supersonic : “On était tellement impressionné·es par l’hospitalité et la façon dont l’équipe s’était souciée de nous […], on s’était senti·es apprécié·es, considéré·es et le public était tellement génial qu’on a vraiment hyper hâte de revenir chez vous !” Et nous, de les accueillir. 

Madonna a fêté ses 40 ans de carrière à Rio avec 1,5 million de personnes

Comment clôturer une tournée lorsque l’on s’appelle Madonna ? Avec, par exemple, un immense (pour ne pas dire titanesque) concert sur une plage mythique du Brésil, rassemblant un public tout aussi immense afin de réveiller, le temps d’une soirée, l’esprit festif du carnaval de Rio de Janeiro.

C’est précisément ce qui s’est produit samedi 4 mai sur la plage de Copacabana, où la papesse de la pop a rassemblé pas moins d’1,5 millions de personnes. Elle a ainsi célébré en grande pompe ses 40 ans de carrière et ponctué comme il se doit son “Celebration Tour”– soit 80 concerts en Europe, Amérique du Nord et Mexique.

Scène mastodonte pour un show symbolique

Pour l’occasion, Madonna a investi une scène colossale de 800 mètres carrés, vêtue, en tout cas une partie du live, des couleurs du drapeau brésilien. Elle a ainsi performé pendant deux heures, face à une myriade de fans qui n’ont pas hésité à s’époumoner sur ses morceaux devenus mythiques : Like a Virgin, Nothing Really Matters, Vogue…Une soirée d’autant plus symbolique qu’elle survient près d’un an après la grave infection bactérienne dont la chanteuse avait été victime en mai 2023, mettant sa santé en péril.

Ce concert a, en plus, été profitable à l’économie locale : selon la mairie de Rio de Janeiro – qui a fait ses calculs en amont de la soirée – le passage de Madonna pourrait bien générer jusqu’à 293 millions de réais (53 millions d’euros). La municipalité a d’ailleurs contribué à l’événement à hauteur de 20 millions de réais (3,7 millions d’euros) sur les 60 millions qui ont été nécessaires à l’organisation de l’événement. Quand on aime, on ne compte pas ?

Exclu : Avec “Rainy”, Shoko Igarashi met en musique la pluie

Il n’y a qu’à jeter un œil vers la grisaille du ciel (et les larmes qui s’en échappent) pour se dire que le nouveau titre de Shoko Igarashi est bien à propos : Rainy. Puisque Paris n’a pas le monopole du temps maussade, la musicienne japonaise fait l’éloge de la pluie, celle-là même qui s’abat souvent sur Bruxelles – où elle est désormais installée – de la bruine jusqu’aux trombes d’eau. Celle, aussi, qu’elle avait l’habitude d’observer à Tsuruoka, ville située au nord du Japon, où elle a grandi.

Des synthés et des dessins animés

Shoko Igarashi entend ainsi impulser un nouveau genre musical érigé par ses soins : l’“Onsen Music” – l’“onsen”, qui signifie “source chaude” en français, est un bain thermal japonais. En résulte une musique aux sonorités liquides et vaporeuses, donc, faite de gouttes synthétiques éparses et hétéroclites.

Rainy s’accompagne d’une vidéo réalisée par l’artiste Eri Sasaki, dont l’univers a rencontré celui de Shoko Igarashi, à la demande de cette dernière. Une fusion de leurs esthétiques, qui s’est soldée par cette adaptation visuelle, succession de dessins naïfs aux vives couleurs. Rouge, vert, jaune, bleu… se meuvent ainsi aux rythmes des beats et des synthés.

The Lemon Twigs, Dua Lipa, Caroline Polachek… sont dans la playlist de la semaine !

Ouvrons cette playlist (et le week-end, tant qu’on y est) avec le soleil qu’elle mérite : ballade à trois temps, claviers cadencés, somptueuses harmonies vocales… The Lemon Twigs offrent le splendide In the Eyes of the Girl, titre extrait de leur nouvel album (enfin) partagé en totalité – après une poignée de singles égrenés depuis janvier. Les deux frères de Long Island n’ont perdu ni de leur superbe ni de leur talent, en témoigne ce nouveau disque qui rythmera pour sûr nos soirées d’été.

Il était doute l’un des albums pop les plus attendus : Dua Lipa nous revient avec Radical Optimism, alliage d’une dizaine de titres dansants et teintés de l’enthousiasme de la Londonienne. Parmi eux : French Exit, morceau à la batterie haletante, où elle nous dessine une certaine idée de la politesse à la française – à savoir s’échapper à bas bruit, sans un mot.

À retrouver également cette semaine :

Toujours côté pop – cette fois-ci plus hybride, truculente et expérimentale – Caroline Polachek délivre Starburned and Unkissed. Un single qui succède à son disque Desire, I Want to Turn Into You, où fusionnent textures synthétiques et poésie tout en éraflures. Eux aussi plein d’audace, Faux Real partagent Love on the Ground, dernier single avant la sortie de Faux Ever, leur premier album, à paraître le 24 mai.

Pour une touche de mélancolie écorchée, on écoute Black Cloud de Penny Arcade – titre extrait de Backwater Collage, son disque tout juste délivré. L’Anglais s’y déleste, par les mélodies comme par les mots, d’une nostalgie certaine, en témoignent les couleurs désabusées qui teintent chacun des morceaux. Même son de cloche chez Sprints – version un brin plus incendiaire et abrasive, on en convient – avec le titre Help Me, I’m Spirallin, soufflante punk pétrie d’angoisses, où les guitares grondent autant que la voix de Karla Chubb, éperdue.

Beaucoup d’autres pépites à écouter cette semaine : Desire, Broadcast, Mdou Moctar, Camera Obscura, Kamasi Washington, Elysian Fields, John Carpenter, Paul Félix, LA Priest, Jessica Pratt, Mauvais Œil, Charlotte Day Wilson, Chris Cohen, Uche Yara, Christine and the Queens, Slove, Samson, Édouard Bielle, Gastr del Sol, Swim Deep, Kneecap, Hiatus Kaiyote, Hugh Coltman, Dove.

Nouveaux morceaux, tournée mondiale : on vous donne des nouvelles de Sprints

En janvier dernier, Sprints décimait tout sur son passage avec un premier album pour le moins enflammé : Letter to Self. Un disque salué par la critique, auquel les quatre Irlandais·es offrent déjà une suite. Et ce, avec les explosifs Help Me, I’m Spiralling et Drones, deux titres surprises tout juste partagés.

Ces derniers rejoignent dès à présent la discographie naissante du quatuor dublinois, tous deux fruits de leurs sessions d’enregistrement au studio français Black Box – situé dans la périphérie d’Angers – initialement consacrées à l’album.

Après les sorties, la tournée

“Nous sommes heureux de partager les vestiges du chaos et de la catharsis qu’a été le processus d’enregistrement de Letter To Self. Les Black Box Sessions comprennent Drones et Help Me, I’m Spiralling, deux titres qui explorent les thèmes de l’incertitude, de l’anxiété et du doute”, s’épanchent les membres du groupe dans un communiqué.

Pour l’occasion, Sprints s’apprête à entamer une tournée effrénée – avec pas moins d’une cinquantaine de dates au total – en Angleterre, aux États-Unis et en Europe. Ils et elle performeront d’ailleurs à trois reprises en France : le 6 juillet aux Eurockéennes de Belfort, le 13 décembre à l’Aéronef de Lille ainsi que le 16 décembre au Trabendo, à Paris. Les rendez-vous sont donnés.

TikTok vs Universal : grâce à un nouvel accord, les artistes seront (en théorie) mieux rémunérés

En janvier dernier, TikTok voyait son catalogue musical amputé des morceaux estampillés Universal Music Group (UMG). Et ce, faute de compromis entre la plateforme chinoise et le label, lequel demandait à la première d’augmenter les revenus des artistes.

“TikTok a tenté de nous intimider pour que nous acceptions un accord d’une valeur inférieure à l’accord précédent, bien en deçà de la juste valeur du marché et ne reflétant pas leur croissance exponentielle”, déplorait alors Universal dans un communiqué, avant de retirer illico les morceaux de Rihanna, Drake, SZA, Bad Bunny… Trois mois plus tard, un nouveau contrat de licence vient d’être conclu entre les deux parties, et il semble que la major américaine ait obtenu gain de cause à propos des revenus de ses artistes.

“Protéger le talent artistique humain

Dans un communiqué signé du réseau social et du label, on peut lire que l’accord en question “offrira une rémunération améliorée aux auteurs-compositeurs et artistes d’UMG, de nouvelles opportunités de promotion et d’engagement pour leurs enregistrements et chansons et des protections de pointe en matière d’IA générative”.

TikTok s’engage également à “supprimer […] la musique générée par l’IA” de manière à veiller, aux côtés d’Universal, à “protéger le talent artistique humain et l’économie qui profite à ces artistes et auteurs-compositeurs”. Un accord qui vaut au label de parler, par la voix de son directeur Lucian Grainge, d’un “nouveau chapitre” qui “se concentre sur la valeur de la musique, la primauté du talent artistique humain et le bien-être de la communauté créative”, comme le relaie NME.

Et Shou Chew, PDG du géant chinois de renchérir : La musique fait partie intégrante de l’écosystème TikTok et nous sommes heureux d’avoir trouvé la voie à suivre avec Universal Music Group. Nous nous engageons à travailler ensemble pour créer de la valeur, de la découverte et promouvoir tous les incroyables artistes et auteurs-compositeurs d’UMG”. Pour le moment, aucune date n’a été confirmée quant au retour de leurs morceaux sur le réseau social.

Aya Nakamura, Angèle, Jain… : la musique française séduit de plus en plus à l’international

Un rayonnement tricolore qui n’est plus à prouver. Selon le dernier rapport du Centre National de la Musique (CNM), rendu en partenariat avec le Syndicat national de l’édition phonographique, la musique française ne cesse de séduire au-delà de l’hexagone, trouvant de plus en plus son public à l’étranger.

Ce succès s’illustre par les chiffres : l’export des singles et albums produits en France ne cesse de croître, et ce à hauteur de 30 % sur l’année 2023. Cela comprend les ventes physiques – à savoir CD et vinyles – de même que numériques, et les écoutes gratuites.

D’Aya Nakamura à Pierre de Maere

Une réussite française que l’on doit à une poignée d’artistes qui raflent les honneurs, Aya Nakamura en tête. L’interprète de Pookie a résolument l’impact le plus important à l’international – notamment grâce à son album Nakamura, sorti en 2018, lequel a dépassé le million d’exemplaires vendus.

On observe aussi une percée significative d’autres jeunes artistes tels que Tiakola et Dadju – dont les albums respectifs, Mélo et Cullinan, sont tous deux disques d’or, à savoir vendus à 50 000 exemplaires. Pareil pour le titre Un jour je marierai un ange de Pierre de Maere, lui aussi certifié d’or. Soolking et Gazo ne sont pas en reste, eux dont le titre Casanova a comptabilisé 50 000 ventes à l’export.

“Faible représentation des femmes”

En revanche, une ombre au tableau demeure. Si le succès d’Aya Nakamura est retentissant, le manque d’artistes féminines est limpide : seuls 20 % des titres qui parviennent à nos oreilles sont signés par une ou plusieurs artistes féminines (dont 4 % en solo et 16 % en groupe mixte). CNM déplore ainsi “une faible représentation des femmes malgré quelques grands succès”.

Parmi ces derniers, entre autres : Angèle et son album Nonante-cinq, vendu à plus de 100 000 exemplaires à l’étranger et le titre Makeba de Jain, certifié six fois diamant avec 429 millions de streams dans le monde… et 60 milliards sur TikTok.

Trois mois après sa fermeture, l’International reprend (en partie) du service

S’adapter plutôt que renoncer. En janvier dernier, L’International annonçait (à contrecœur) fermer ses portes pour une durée indéterminée, en raison d’un défaut de construction dans ses locaux. L’équipe de la salle de concert ajoutait que des travaux allaient être lancés en son sein, pour remédier au problème.

Trois mois plus tard, si la cave est toujours fermée, le rez-de-chaussée a pu rouvrir et les canapés qui y trônent habituellement ont été remplacés par une petite scène. Une disposition improvisée, qui en fait un espace intimiste, où les fleurons de la scène alternative font leur retour petit à petit. Mais, puisqu’il est question d’adaptation et que la mythique salle de concert d’Oberkampf reste – pour le moment – à l’étroit, son équipe s’est échinée à trouver de l’aide auprès des lieux qui font également vivre le Paris underground.

Rebondir

Avec L’International “Hors les murs”, tous les concerts initialement prévus s’exportent dans pas moins de neuf autres adresses jusqu’en juin – Le Point Éphémère, la Mécanique Ondulatoire, le Café de la Danse, Tony, le Zorba, le Truskel, le QG, la Java et le Supersonic.

De quoi honorer les dates d’une trentaine de groupes, parmi lesquels : le duo post-punk Sweeping Promises, Hotline TNT et leur fusion grunge-shoegaze, les Texans de Daiistar et leurs influences ninetees, Snõõper, le groupe de punk de Nashville, les Français de Metro Verlaine, le génial Penny Arcade et sa musique écorchée… Et bien d’autres. “La cave va rester silencieuse quelque temps, mais pas nous”, avait déjà prévenu l’équipe du lieu lors de la fermeture. Elle n’avait pas menti.

Taylor Swift : son nouvel album se hisse en tête du classement Billboard 200

Si l’on avait encore un doute sur le phénomène Taylor Swift, les chiffres achèvent de convaincre. Plus d’une semaine seulement après la sortie de The Tortured Poets Department, son onzième disque studio, l’artiste américaine se hisse au premier rang du classement Billboard 200 – lequel recense les meilleures ventes musicales aux États-Unis, tous styles confondus. Et ce, avec pas moins de 2,61 millions de disques vendus au total – dont 1,9 million de CD et 859 000 vinyles – selon Billboard.

Succès chiffré

The Tortured Poets Department est le quatorzième album de Taylor Swift à atteindre le sommet des charts. Voilà qui vaut à la musicienne d’être, à cet égard, à égalité avec Jay-Z. L’ultime record est toujours détenu par les Beatles, avec 19 albums ayant investi la première place dudit classement.

Toutefois, ce nouveau disque permet à Taylor Swift de battre ses propres performances : 1,5 million de vinyles ont ainsi été écoulés aux États-Unis en une semaine seulement, par exemple. Semaine qui s’avère d’ailleurs être la plus dynamique en termes de ventes pour un album depuis décembre 2014, moment où Billboard 200 a commencé à les mesurer. The Tortured Poets Department est également le premier disque à atteindre le milliard de streams sur Spotify. Des chiffres tonitruants pour un succès qui l’est tout autant.

Toomaj Salehi, rappeur protestataire iranien, est condamné à mort

En novembre dernier, il avait pourtant été libéré sous caution. Toomaj Salehi, rappeur iranien ouvertement opposé au régime des mollahs, avait été emprisonné plus d’un an en 2023 – avant qu’une décision de la Cour suprême ne le sauve. Or, le tribunal révolutionnaire d’Ispahan a finalement balayé cet avis d’un revers de manche, mercredi 24 avril, condamnant l’artiste à mort pour “corruption sur Terre”. Une information confirmée par son avocat, Amir Raisian, auprès du journal local Shargh.

Si l’artiste ne cesse d’être la cible du régime en place, c’est bien en raison de son soutien au mouvement militant né au lendemain de la mort de Mahsa Amini, décédée trois jours après son arrestation par la police des mœurs, le 16 septembre 2022.

“Save Toomaj”

Dans la foulée de cette décision, un mouvement de soutien à Toomaj Salehi s’est déployé sur les réseaux sociaux, par le biais du hashtag #SaveToomaj. À Paris, une manifestation s’est également tenue, dimanche 28 avril, pour demander l’arrêt des exécutions en Iran. Plus de 500 personnes se sont ainsi rassemblées dans les rues de la capitale.

Car le cas de l’artiste n’est pas isolé. Peu avant la décision dudit tribunal, Saman Yasin, un autre rappeur, a lui aussi été condamné à mort – avant que les juges ne rétropédalent et statuent sur une peine de cinq ans de prison. Selon l’ONG Amnesty International, 853 Iranien·nes ont été exécuté·es en 2023. Soit le chiffre le plus élevé depuis 2015, avec une hausse de près de 50 % par rapport à l’année précédente.

Une guitare des Beatles, perdue depuis 50 ans, va être vendue aux enchères

Elle était restée tapie dans l’ombre d’un grenier. Pendant un demi-siècle, une des (nombreuses) guitares des Beatles prenait la poussière dans une maison située au beau milieu de la campagne anglaise… Une guitare acoustique Hootenanny dont les douze cordes n’ont guère résonné cinquante ans durant, mais qui a finalement été retrouvée lors du déménagement de la famille qui habitait ladite maison.

Cette trouvaille d’exception sera vendue aux enchères lors de l’événement “Music Icons” organisé par Julien’s Auctions, au Hard Rock Café de New York, les 29 et 30 mai 2024.

Une guitare apparue sur le grand écran

C’est dans les années 1960 que l’instrument en question a été fabriqué par la firme bavaroise Framus, puis remis aux Beatles. Quelques années plus tard, en 1965, il apparaissait dans Help ! – film du cinéaste britannique Richard Lester.

Les Fab Four y donnaient la réplique aux acteur·ices Leo McKern, Eleanor Bron, John Bluthal, Roy Kinnear et Patrick Cargill. Et l’on pouvait y voir (et entendre) la fameuse guitare aux mains de John Lennon, lorsque ce dernier interprétait You’ve Got To Hide Your Love Away, puis à celles de George Harrison sur Norwegian Wood et Girl.

“C’est comme retrouver un Rembrandt ou un Picasso perdu

Libre à chacun de casser sa tirelire pour se la procurer, néanmoins Darren Julien – cofondateur de Julien’s Auctions – prévient : ledit instrument pourrait bien être le plus cher de tous ceux ayant appartenu aux Beatles. Son prix se compterait ainsi en millions de dollars… Le coût d’une relique du passé. Ses propriétaires initiaux l’auraient reçu du musicien écossais Gordon Waller, avance Darren Julien.

“Trouver cet instrument remarquable, c’est comme retrouver un Rembrandt ou un Picasso perdu, et il ressemble et joue toujours comme un rêve après avoir été conservé dans un grenier pendant plus de cinquante ans”, s’est-il ensuite réjoui.

Alias, du rock psyché débridé à souhait

Rares sont les artistes doté·es du don d’ubiquité. Entendre : parvenir à nous embarquer en terres psychédéliques d’abord, avant de faire un détour par le dance-punk ou le hip hop, puis filer tout droit vers le trap metal – et ce, tout au long d’un même album. Ambitieux, certes, mais résolument enthousiasmant pour nos oreilles avides de découvertes. Alors lorsque l’on écoute Alias, on se dit qu’il a su viser juste. Parfaitement juste. 

Par où commencer, le concernant ? Quel fil tirer pour réussir à détricoter cet amas sonore fait de pédales fuzz, voix hallucinées et énergie viscérale ? Le musicien dit aimer le chaos, tentons d’écrire un papier fidèle à son goût. 

L’art du mélange, la soif de désordre

Alias – Emmanuel Alias de son vrai nom – est un artiste de Montréal puisant, dit-il, aussi bien dans les guitares distordues du post-punk que dans les textures électroniques de LCD Soundsystem ou la finesse mélodique de Thom Yorke, compositeur qui “peut te sortir de la musique de film, ou bien très modulaire, très électronique, très perchée”. Artistes qu’il écoute au quotidien et qui nourrissent sa musique à lui, forcément. 

Car ce ce qu’Alias aime par-dessus tout, c’est bien les mélanges, d’autant plus lorsqu’ils sont conjugués à l’inattendu. “J’adore qu’on me serve un truc différent à chaque fois, avec plein de saveurs différentes”, glisse-t-il à ce propos, vantant les mérites de Tyler, The Creator ou Jack White des White Stripes. Il se plaît aussi à rêver de featurings inopinés, à l’instar d’un duo Joe TalbotKendrick Lamar ou encore Mac DeMarcoDomi & JD Beck… C’est vrai que ça aurait de la gueule.

Prémices jazz

S’il s’est lancé en son nom dans le marasme de l’année 2020, Alias n’est pas né de la dernière pluie. C’est par le jazz qu’il s’est rallié à l’écosystème musical, genre qu’il détestait à son arrivée au conservatoire et qu’il “[a] commencé à apprécier dix ans plus tard, quand [il en est] sorti”. Cette éducation fait sans doute sa force aujourd’hui (bien qu’elle ait été un peu subie, donc). “J’ai quand même bénéficié des outils pour comprendre le jazz, son histoire, le langage pour saisir comment un morceau et ses grilles fonctionnent. J’imagine que ça a aiguisé un petit peu mon oreille, je ne sais pas”, avance-t-il. 

Peut-être que j’aborderai le jazz quand j’aurais une voix totalement défoncée par le whisky à 65 ans”

Pour autant, Alias l’assure : le jazz n’apparaît pas dans la musique qu’il façonne. “C’est un style exigeant”, justifie-t-il avec prudence,  jugeant que la rencontre entre la pop et le jazz est “souvent mal [faite]”. Et de s’esclaffer : “Peut-être que j’aborderai ce style quand j’aurais une voix totalement défoncée par le whisky à 65 ans et que j’aurais quelque chose de vraiment intéressant à raconter sur ma vie !”

“Créer quelqu’un”

Car la musique est une histoire de récits. Alias ne dirait sans doute pas le contraire, lui qui a choisi d’emprunter le chemin de la fiction dans son premier disque, Jozef, album-concept un peu thématique” – à défaut de déverser ses propres états d’âmes dans ses textes. Par pudeur, il en convient. Au tout début du projet, j’ai écrit un album où j’ai raconté des choses très personnelles, des problèmes de famille, de cœur, des incertitudes, comme dans un journal intime. J’ai fait un seul concert et je n’assumais pas du tout, alors j’ai foutu l’album à la poubelle, on ne peut plus l’écouter aujourd’hui, confie-t-il. Ça me bridait, j’étais obligé de me mettre à nu et si j’avais dû le faire 50 fois, je serais devenu fou donc je n’écris pas directement à la première personne sur ma vie.” “J’y reviendrai peut-être, mais en étant plus mature. J’ai peut-être besoin de ça, de grandir un peu”, s’amuse-t-il. 

Tout ce qui fait peur est fascinant, c’est comme les requins blancs”

Le temps de prendre du galon, le musicien s’est attelé à créer quelqu’un” : un personnage du nom de Jozef. Un type ordinaire ? Non, pas vraiment. Plutôt un serial killer à la psyché orageuse, fruit de sa passion pour les films d’horreur et la série Mind Hunter. Tout ce qui fait peur est fascinant, c’est comme les requins blancs”, lâche-t-il d’un ton badin. 

Tout de même, n’y aurait-il pas là comme un désir pernicieux de se rêver en criminel, avec subtilité ? On s’est permis de lui poser la question, la réponse – délivrée entre deux éclats de rire – nous a rassurés. “C’est vraiment plus un personnage qui vit ses émotions à 2 000% dont je me suis servi pour raconter des anecdotes de ma vie de manière imagée, mais ça n’est jamais violent dans les lyrics ni dans les images que j’ai voulu mettre en avant”, s’épanche-t-il. Et de renchérir : “C’est comme si c’était un film d’horreur réalisé par Pixar !” Ouf.

Merci au revoir, les guitares

Une idée directrice qui s’est traduite, en musique, par une densité de sons, d’effets et diverses influences – on le mentionnait déjà plus haut. Mais voilà : un an et demi après la sortie de Jozef et une flopée de concerts assurés, Alias a eu comme une envie de passer à autre chose.

“Je suis éternellement insatisfait, reconnaît-il. T’as les cheveux courts tu veux les cheveux longs, t’as les cheveux longs tu veux les cheveux courts !” Métaphore capillaire pour signifier qu’après avoir usé (sans jamais abuser pour autant) des pédales fuzz et aspergé ses morceaux de couleurs psyché, il s’est totalement délesté des guitares pour la suite. Quant à sa tignasse (puisqu’il en parle), elle lui arrive aux épaules et, information cruciale qui nous offre une brève incartade, sera teinte en bleu lors de son passage aux Inrocks Super Club, le 24 avril à Paris.

Envies de changement à tout point de vue, donc. Avec Jozef, j’en ai bouffé des prises de guitares, des sons fuzzy, des grosses distorsions… J’ai voulu faire une pause de ça […] Peut-être que je m’éloigne des clichés rock”, analyse-t-il, pointant la récurrence de la structure instrumentale du genre.

Je pense qu’il y a du positif dans le chaos et qu’il faut le laisser s’exprimer des fois”

Hypothèse qui se vérifie : Embrace Chaos, son nouveau disque paru le 19 avril, a été composé sans une once de guitare. C’est vraiment fait à partir de synth passés dans des pédales fuzz, d’arpégiateur, de modulaires, de drums, c’est très ambient et très rythmique, je voulais que cela fonctionne bien ensemble sans mettre de couches en plus”, explique l’artiste. Comment décrire ce second album ? “Chaotique, badine-t-il. Parce qu’il y a plein de styles mélangés, rap, dark pop, hyperpop, dreamy pop…” Et de poursuivre : “C’est un gros bordel de plein d’émotions que tu as en toi, puis que tu laisses sortir d’un coup. Je pense qu’il y a du positif dans le chaos et qu’il faut le laisser s’exprimer des fois, le laisser prendre le contrôle de nos actes ou de nos paroles.”

Heureux maëlstrom

Un chaos d’où jaillit, pour ce second disque, une douzaine de titres taillés pour la scène : en concert, Alias veut “que ce soit plus violent, plus sauvage […] un cran plus fort, plus bordélique et distorsionné”. Car “voir un show parfait qui ressemble à l’album, ça [le] fait chier”. Lui préfère les aspérités et les erreurs, qui “te font comprendre que tu as des humains en face de toi […] et qui donnent un côté réel et organique au live”. La scène est ainsi un espace de liberté où Alias se plaît à performer avec légèreté. “J’aime bien m’y déguiser, au sens littéral : je rentre dans un personnage et je m’amuse, c’est plus du théâtre qu’autre chose”, livre-t-il.

Qui dit nouvel album dit nouvelle direction artistique : Alias va troquer sa combinaison rouge – enfin celle de Jozef, qu’il revêtait à chaque concert jusqu’à présent – contre “un style beaucoup plus éclaté”, constitué de reliques d’un de ses voyages à New York. Ville où, il l’assure, “les gens sont très inspirants et sans limites dans leur style”. À lui les grillz et les joggings pour cette nouvelle tournée, donc, laquelle s’ouvrira d’ailleurs par son escapade à Paris.

Une échéance qui se rapproche et pour laquelle il essaie de se conditionner. “C’est un peu comme préparer un match de boxe : tu te prépares un peu mentalement, et une fois que tu y es, y a plus rien d’autre qui existe que ça. Là, j’essaie d’avoir une vie saine, pas trop boire, bien manger”, raconte-t-il. Nul doute qu’il sera prêt à chausser les gants et monter sur le ring de La Boule Noire, mercredi 24 avril. Avec, sous le coude, le précepte “Embrace Chaos” plutôt que le désir de nous mettre K.O. 

Graeme Naysmith, guitariste de Pale Saints, est mort

Par le son de ses cordes, épuré à grand renfort de pédales à effets, il avait apporté sa pierre à l’édifice du shoegaze. Graeme Naysmith, membre du groupe Pale Saints, est décédé le 4 avril. Les causes de sa mort sont pour le moment inconnues.

“L’un des rares musiciens […] qui n’avait pas peur d’un bon solo de guitare”, a écrit sur Instagram Ivo Watts-Russell, fondateur du label qui avait signé le quatuor, 4AD. “Quand j’ai entendu la triste nouvelle pour la première fois, […] j’ai versé quelques larmes de plaisir et de chagrin et je me suis senti reconnaissant pour cette expérience”, a-t-il poursuivi.

De Pale Saints à The X-Ray Eyes

C’est à la fin des années 1980 que Graeme Naysmith s’était allié à Ian Masters, Meriel Barham et Chris Cooper, musicien·nes avec lesquel·les il a façonné une dreampop pleine d’aspérités, vaporeuse et onirique. Après une signature chez 4AD (on le mentionnait plus tôt) et trois albums – Mrs. Dolphin et The Comforts of Madness en 1990, In Ribbons en 1992 –, le groupe s’était finalement séparé en 1996.

Graeme Naysmith, par la suite, avait rejoint le groupe punk The X-Ray Eyes – dont les membres se sont dits “dévastés” par la mort du musicien, dans un message publié sur leur page Facebook. “C’était un excellent guitariste mais un gars encore meilleur et il va tellement nous manquer. Il était un mari et un père très aimé et nos pensées vont à toute sa famille”, se sont-ils épanchés par la suite. “Nous avons réussi à enregistrer un tas de nouvelles chansons avec lui au cours des dernières années, nous espérons qu’elles sortiront dans le futur.” Graeme Naysmith avait 57 ans.

SZA sera la deuxième musicienne noire à remporter un prix du Songwriters Hall Of Fame

Pour SZA, c’est l’heure de la consécration : la chanteuse va recevoir le prix Hal David Starlight du Songwriters Hall Of Fame. Une récompense qui est décernée à “de jeunes auteurs-compositeurs doués qui ont un impact significatif sur l’industrie musicale avec leurs chansons”, comme le précise un communiqué de presse rattaché à l’événement. À l’instar de l’artiste du Missouri, donc, qui deviendra ainsi la deuxième femme noire à recevoir cette distinction – près de vingt ans après Alicia Keys.

“C’est une période tellement excitante pour les auteurs-compositeurs et la musique”, s’est réjouit le président du Songwriters Hall of Fame, Nile Rodgers, comme le rapporte le NME. Et de poursuivre : “Des artistes phénoménales comme Beyoncé et Taylor Swift repoussent les limites du succès, mais on peut dire que ces deux dernières années appartiennent à SZA.”

“Un talent artistique incroyable”

Il a ensuite souligné ses qualités musicales, à savoir “une composition incroyable, des performances incroyables, un talent artistique incroyable”. “Elle mérite tellement d’être la lauréate 2024 du Hal David Starlight Award !”, a-t-il conclu.

La principale intéressée s’est elle aussi réjouie de la nouvelle, par le biais d’un message publié en story Instagram. “C’est LA chose la plus significative pour moi. Vous n’avez PAS idée”, a-t-elle écrit, avant de remercier chaleureusement son public. Le gala de remise des prix se tiendra le 13 juin à l’hôtel Marriott Marquis de New York. Le rendez-vous est donné.

Les fils de John Lennon et Paul McCartney dévoilent un single commun, “Primrose Hill”

En voilà un duo qui relève de l’évidence : Lennon-McCartney. Deux noms que l’on glisse volontiers dans le rang des légendes, et qui se voient de nouveau conjugués. Et ce, par l’art de Sean Ono Lennon et James McCartney – fils de John et Paul –, lesquels signent ensemble Primrose Hill, single composé par leurs soins.

“Aujourd’hui, je suis très excité de partager ma dernière chanson co-écrite par mon bon ami Sean Ono Lennon. Avec [cette] sortie, j’ai l’impression que nous ouvrons vraiment les hostilités et je suis tellement excité de continuer à partager de la musique avec vous”, s’est exprimé le second sur Instagram, accompagnant ses mots d’une photo où ils posent côte à côte. Inutile de préciser que la ressemblance avec leur paternel respectif est déroutante.

Une vision d’enfant

Tout comme leurs pères quelques décennies auparavant, James McCartney et Sean Ono Lennon ne lésinent pas sur la guitare acoustique, instrument qui résonne dès les premières secondes de Primrose Hill. La voix du premier retentit ensuite, tandis que de fines nappes vont et viennent, rejointes de quelques percussions et d’une batterie.

Ce morceau est né d’une “vision” de James, “quand [il était] enfant en Écosse, par une belle journée d’été”. “Lâchant prise, j’ai vu mon véritable amour et sauveur dans mon esprit”, écrit-il sur le même réseau social. Enfance qui fut, on parie, riche en art et en musique.

Rencontre avec En Attendant Ana, artisans d’une pop érudite et subtile

Mais qui diable est donc cette Ana ? Voilà une question qui nous taraudait, aussi futile soit-elle, en allant à la rencontre du quintet. Parmi une flopée d’autres, certes. Mais tout de même. Qui diable est donc cette Ana qu’ils·elles attendent ? 

Les réponses sont à trouver du côté de l’année 2015, comprend-on une fois affalée aux côtés du groupe sur le canapé décati de leur loge, bien encombrée. Deux musiciennes (et amies), Margaux Bouchaudon et Camille Fréchou, se mettent à l’époque en tête de fonder un groupe de rock. Mais certainement pas à la va-vite ou dans une sorte d’élan juvénile et fiévreux, non. De le faire bien. Avec ambition et réflexion. L’envie de “pas trop se ridiculiser et faire un truc un peu sérieux”, elles qui “avaient beaucoup d’amis musiciens” et traînaient avec ce qu’on imagine être la fine fleur de la pop émergente – à l’instar d’Alexis Fugain, par exemple, tête pensante du groupe Biche qui produira leur second album, Juillet, en 2020. Le tandem rassemble un guitariste, un bassiste et un batteur avant d’être fin prêt·es à amorcer son périple artistique. 

Muse insaisissable

À l’aube des premiers concerts du groupe, il leur faut un nom. De passage à Bruxelles, Margaux et Camille s’attablent dans un bar où elles “[allaient] tout le temps” – avec son lot de visages familiers, forcément. Parmi eux, celui d’Ana. Une serveuse “vraiment pas banale” ayant fui sa Roumanie natale pour “recommencer sa vie à zéro dans un pays qu’elle ne connaissait pas”, explique Margaux, qui poursuit en des termes un brin sibyllins : “On l’aimait déjà beaucoup, mais il s’est passé un truc ce soir-là, dans ce bar-là. On l’a trouvée incroyable, cette Ana.” Elles commandent une tournée de bières, cogitent encore et finissent par attraper, dans le flot des idées, le blason qui deviendra une évidence. 

“L’idée, c’était de garder en tête d’être aussi audacieuses et courageuses qu’elle” : En Attendant Ana est d’abord une histoire de femmes, nourrie à grand renfort de sororité et d’estime. Avec, en filigrane, la force d’une muse insaisissable – dont les musiciennes ont pourtant capturé le nom puis l’aura dans le clip du titre In / Out, où elle figure. Le pas assuré, on l’y voit arriver au fameux bar où tout s’est joué (du moins le nom et le récit), la mine illuminée d’un sourire mutin.

Presque une décennie plus tard, nul doute que le groupe a su rester fidèle à la force d’âme d’Ana. Au moment où l’on échange avec ses cinq membres – Maxence Tomasso (guitare), Vincent Hivert (basse) et Adrien Pollin (batterie), lesquels ont rejoint Margaux et Camille au fil des années –, En Attendant Ana a trois albums dans sa besace et peut même se targuer d’un 45 tours tout juste paru via Sub Pop, l’illustre label de Seattle.

Les fruits d’un succès croissant qui leur a finalement permis de lâcher leurs jobs alimentaires et de vivre pleinement de leur art, sans avoir à se fader la vie de bureau : ils et elles sont désormais intermittent·es du spectacle. Un statut qui leur offre un calendrier plus malléable et une disponibilité quasi totale pour écumer les scènes de France et de Navarre (surtout de Navarre d’ailleurs, mais nous y reviendrons).

Le coup d’éclat “Principia”

Si la trajectoire du groupe a définitivement changé de braquet ces derniers mois, c’est bel et bien grâce à Principia, disque dont ils·elles fêtent le premier anniversaire. Un alliage de dix titres d’une finesse rare, érigeant dans les hauteurs une pop aérienne et subtile – que la voix de Margaux, mâtinée de cette mince éraflure qui fait toute son identité, vient magnifier plus encore. Principia est, sans conteste, le coup d’éclat d’En Attendant Ana : le résultat de deux ans d’enregistrement, de recherche, de production… Un travail d’orfèvre mené collectivement, et pour lequel ils et elles ont pris le temps nécessaire.

“Le fil rouge de cet album, c’était justement de se mettre en dehors de notre zone de confort”

Il n’était pas question de rester dans le sillage de leurs sorties précédentes : cette fois-ci, tous·tes partageaient l’envie d’explorer au-delà des territoires déjà balisés par Lost and Found puis Juillet – disques parus respectivement en 2018 et 2020. “Le fil rouge de cet album, c’était justement de se mettre en dehors de notre zone de confort”, avance le batteur, Adrien. Une trajectoire qui “a motivé certains choix pour déconstruire les habitudes que le groupe avait avant”, poursuit Vincent, autrefois ingénieur son à leurs côtés, désormais bassiste. C’est sa double casquette qui leur a justement permis d’expérimenter “une nouvelle manière de faire de la musique” et “d’aller beaucoup plus loin”, se félicite Margaux. 

Et ce, grâce à de nouvelles perspectives qui tiennent à “des décisions de production, de son”, prises “au moment de la composition et l’arrangement, avant même qu’il n’y ait le moindre enregistrement”. “Ça change beaucoup de choses […], tu ne réfléchis pas exactement de la même manière, tu ne vas pas mettre les instruments au même endroit, tu vas plutôt réfléchir en termes de plans. C’était une envie qu’on avait sur ce disque là : aérer”, poursuit-elle.

Leur rêve américain

Aérer, et voyager, aussi. Voilà qui était de toute façon convenu, de manière tacite, en signant avec le label Trouble In Mind – basé à Chicago. Une “porte d’entrée sur tous les États-Unis”, dixit Margaux, qui leur a permis de parcourir les routes américaines ces derniers mois. Et goûter, à leur tour, au rêve américain. S’ils·elles écartent d’emblée le terme d’“eldorado”, un enthousiasme évident vient teinter le récit de leurs pérégrinations outre-Atlantique.

“Dans les réseaux DIY dans lesquels on a pu jouer, pas mal de groupes nous ont aidé sur la route”

Au-delà de l’imaginaire que cela convoque – “c’est quand même hyper stylé […] il y a un côté un peu ‘rêve’”, sourit la chanteuse –, ce séjour a été libérateur à bien des égards. Notamment de par la générosité qu’ils·elles ont rencontré. “Dans les réseaux DIY dans lesquels on a pu jouer, pas mal de groupes nous ont aidé sur la route”, se souvient Vincent. “En fait, sur chaque date, on nous a donné un cachet, poursuit Camille. C’était pour nous remercier de venir de si loin.” Et Adrien de renchérir : “Les groupes locaux contribuaient parce que le système de solidarité n’est pas pas du tout le même qu’ici. Ils disaient ‘nous on habite à trois pâtés de maison, vous en avez plus besoin que nous’.

Une aide pécuniaire conjuguée à “la bienveillance qu’ils avaient envers [elleux]”. “On a jamais eu un seul mec ou meuf cringe qui est venu·e nous expliquer la vie, les échanges étaient toujours adorables, hyper doux, ça nous a fait vachement de bien”, se remémore Maxence. 

S’émanciper plus encore

C’est donc sur les scènes américaines que le groupe s’est débarrassé des boulets à ses pieds. Comprendre : la crainte de ne pas rassasier les attentes du public, la crainte du commentaire acerbe de l’aigri du fond de la salle, la crainte d’apparaître tel qu’ils et elles sont vraiment. “Le public n’attendait rien de nous particulièrement, et certainement pas quelque chose de spectaculaire. Il ne s’attendait pas à ce qu’on soit complètement désinhibé·es sur scène à sauter dans tous les coins, parce que ce n’est pas du tout comme ça qu’on est”, raconte Margaux, qui se réjouit que personne ne leur ait dit “comment [ils·elles devraient] faire les choses” ni “comment s’habiller”, par exemple. Loin d’être le plus important quand le groupe performe.

“On est là pour faire de la musique, on n’est pas le cirque du soleil, merde !”, s’esclaffe-t-elle, confiant que “pendant hyper longtemps, la scène était un endroit où [elle se sentait] très mal à l’aise”. “Mon trac d’avant concert allait plus porter sur mon attitude que sur le fait de jouer correctement mes morceaux. J’avoue que cette tournée aux États-Unis m’a beaucoup détendue à ce niveau-là, parce que je me suis dit que l’essentiel n’était pas dans tout ce décor […] mais dans le fait de faire honneur au disque qu’on a enregistré.”

Beauté intrinsèque

Voilà sans doute la force d’En Attendant Ana : une honnêteté sans fard, un projet sans posture, rien que de la musique tissée avec talent et réflexion. Quelque chose de tangible, fusion totale entre poésie et sciences – l’album, dont le titre est une référence aux écrits de Newton sur la gravitation, ne s’appelle pas Principia pour rien –, fruit d’une démarche tout aussi cartésienne que lyrique. “La chanson Ada, Mary, Diane, elle parle un peu de ça”, analyse Margaux.

“La musique, c’est des maths”

“Il y est question d’Ada Lovelace, qui était une scientifique et poétesse anglaise. On dit d’elle qu’elle a inventé la première ligne de code informatique, sauf qu’elle écrivait de la poésie en même temps et on lui a expliqué que ce n’était pas possible, que la poésie et les sciences étaient deux mondes qui ne se rencontraient pas”, poursuit l’artiste. Injonction qui fut vite balayée par la pionnière, voyant précisément dans ce mélange l’essence de la “beauté intrinsèque”. Cette notion a tout de suite plu à Margaux lorsqu’elle farfouillait dans les tiroirs de la littérature scientifique, au beau milieu du confinement, histoire de se rassurer avec des écrits très concrets (et piocher quelques idées pour ses textes, au passage).

Voilà qui sous-tend ainsi chacun des morceaux. “La musique, c’est des maths”, glisse d’ailleurs Camille à ce propos. Vincent acquiesce, ajoutant qu’“il y a des ponts en permanence” entre ces deux disciplines, lesquelles “font appel à une intuition, une interprétation esthétique” et impliquent de mener des expériences en permanence. Car “le but de la science, c’est de toujours tout remettre en question”, conclut Margaux. Tout : théories, équations… et mélodies pop, donc.

“Starburster”, le retour en force de Fontaines D.C.

Le rouge rutilant de Skinty Fia a fait son temps, c’est avec du vert que les Irlandais les plus sagaces de l’époque nous reviennent. Celui du shamrock de leur contrée d’origine, trèfle à quatre feuilles diseur de bonne aventure ? Pas vraiment. Plutôt celui d’un météore sémillant qui capturerait notre regard sans crier gare. C’est précisément l’effet que nous fait Starburster, nouveau single de Fontaines D.C. qui augure (on ne se faisait que très peu de doutes) une énième sortie de bonne facture.

Morceau fiévreux

Des couleurs synthétiques et rugueuses s’y déploient d’abord, avant que ne jaillissent quelques notes au piano, des chœurs écorchés… Puis la voix de Grian Chatten, qui assène les premiers coups. Son chant frénétique et son phrasé entrecoupés de sursauts d’asphyxie nourrissent l’intensité qui fait la force du titre.

C’est sur les réseaux sociaux que le groupe avait titillé la curiosité de son public à propos de son retour, partageant une courte vidéo faisant référence à l’une des scènes du mythique Shining de Stanley Kubrick. On y voit une imposante porte, d’où se déverse non pas du sang, mais un épais liquide vert – tandis que retentit l’extrait d’une chanson encore inconnue.

Romance. pic.twitter.com/OoZcrgGGuF

— Fontaines D.C. (@fontainesdublin) April 15, 2024

Signature chez XL Recordings

Nul doute que Fontaines D.C. continue ainsi à inventer le postpunk d’aujourd’hui et à le pousser dans ses retranchements – après Dogrel en 2019, A Hero’s Death en 2020, Skinty Fia en 2022 (que l’on évoquait plus haut) et l’échappée mélancolique et solitaire de son leader Grian Chatten, Chaos for the Fly, en 2023.

Quatre disques parus chez Partisan Records – label américain où se côtoient Idles, Pottery ou encore Blondshell – que le groupe irlandais vient de quitter au profit de XL Recordings, qui produit notamment Radiohead, Thom Yorke et son groupe The Smile mais aussi King Krule, Arca… Et désormais Fontaines D.C., dont le prochain album paraîtra cet été. Son nom ? Romance.

Arnaud Rebotini répond aux accusations de harcèlement et d’agressions sexuelles

Il y a deux semaines, le mois d’avril s’ouvrait avec les révélations de Mediapart à propos d’Arnaud Rebotini – accusé d’harcèlement sexuel et d’agressions. Le producteur et DJ vient de réagir à l’affaire, par le biais d’un communiqué publié en story sur Instagram.

Commençant par affirmer qu’il avait déjà eu vent de “rumeurs le concernant, à propos de soirées qui ont eu lieu il y a plus de dix ans”, il a souligné que “les faits rapportés aujourd’hui [lui] permettent de le faire”. “Je souhaite donc affirmer sans détour que je n’ai jamais eu de comportement illégal”, assure Arnaud Rebotini, qui dit “[rester] malgré tout lucide sur l’homme [qu’il a] été” et ne pas être “irréprochable”.

“Je participais à la banalisation générale de comportements qui étaient en réalité nuisibles

Le DJ reconnaît une part de vérité dans les témoignages. “Le terme ‘lourd’, qui est revenu plusieurs fois est exact. Pendant ma première partie de carrière, j’ai pu me montrer involontairement oppressant dans mes avances et je le regrette profondément. Je participais à la banalisation générale de comportements qui étaient en réalité nuisibles. Il y a longtemps que je l’ai entendu et compris. J’ai présenté mes excuses sans réserve, et je veux de nouveau les adresser aujourd’hui à toutes les personnes que j’ai pu heurter, décevoir et mettre dans l’embarras”, poursuit-il.

Avant de conclure : “Ces dernières années, l’émergence du mouvement MeToo et la libération de la parole des victimes m’ont permis d’apprendre encore. J’espère que ma prise de conscience sera une étape supplémentaire dans la nécessaire progression que doit connaître le milieu de la nuit.”

Rappel des faits

L’enquête de Mediapart fait état de sept agressions sexuelles, étalées sur une période de treize années, soit entre 2006 et 2019. Chaque témoignage s’inscrit dans un contexte similaire : des soirées d’après-concerts bien alcoolisées et une différence d’âge quasi systématique entre l’artiste et ses victimes présumées. Toutes dénoncent un comportement prédateur. Jusqu’à présent, aucune plainte n’a été déposée à son encontre.

Pour les 5 ans d’“Andromeda”, Weyes Blood s’offre un clip céleste

Une cinquième bougie qui se célèbre en images. Cinq ans après la sortie du sublime Titanic Rising, Weyes Blood dévoile le clip d’Andromeda – titre extrait de l’album en question, paru en 2019 et qui l’avait projetée dans la cour des grand·es et convaincu (peu ou prou) tout le monde que la chanteuse, Natalie Mering de son vrai nom, était définitivement une artiste à suivre de près.

Le titre en question, Andromeda, est à ce jour le plus écouté de sa discographie (avec près de 79 000 000 écoutes sur Spotify au moment où nous écrivons). Pour façonner la vidéo qui l’accompagne désormais, Weyes Blood a choisi de s’entourer d’Ambar Navarro et Colton Stock, lesquels avaient commencé sa réalisation en 2018, soit un an avant la sortie du morceau.

Regarder vers le ciel

Tandis que la voix séraphique de l’artiste résonne, se déploient d’immenses espaces célestes, étendues martiennes et météorites entourées de halos scintillants. Weyes Blood prend ses textes au mot et explore les galaxies “regardant vers le ciel pour quelque chose [qu’elle ne trouvera] peut-être jamais”.

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